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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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et fut accueilli par une cinglante gifle qui l’envoya voler sur sa paillasse. Apeuré, il essuya le sang qui coulait à la commissure de ses lèvres.
    —    Gontier, que. Pourquoi ? bredouilla-t-il en faisant mine de se relever.
    Je franchis en quelques pas la distance qui nous séparait et lui administrai une nouvelle claque qui le renvoya sur le dos. Puis je l’empoignai par le col de la chemise et le relevai d’un trait.
    —    Où sont les documents dont tu venais prendre livraison, petite chiure ? lui jetai-je au visage en le secouant comme un fétu de paille.
    Il me dévisagea, stupéfait. Sa bouche s’ouvrit puis se referma, pareille à celle d’un poisson hors de l’eau. Impatienté, je lui ramenai mon genou dans le ventre avec une force telle qu’il en fut soulevé du sol et que ses génitoires lui remontèrent sans doute dans les entrailles. Puis je le laissai tomber. Il s’effondra lourdement, cherchant son souffle. Je le saisis par les cheveux et le remis sur ses pieds, seulement pour le projeter contre le mur, où il s’écrasa la face. Il glissa contre la pierre froide, le sang coulant abondamment de ses narines, et resta par terre, gémissant comme une fillette. Lorsque je m’approchai de lui, il se recroquevilla et se couvrit la tête de ses mains en geignant.
    —    Pourquoi me frappes-tu ? Qu’ai-je fait ? pleurnicha-t-il.
    Je lui abattis mon pied dans les côtes, puis le relevai et le
    projetai de nouveau à travers la cellule. Il tourbillonna en cherchant son équilibre et atterrit contre la porte. Paniqué, il essaya de l’ouvrir et la secoua frénétiquement, sans succès. Il se retourna et s’y plaqua le dos comme s’il espérait passer au travers pour m’échapper. J’avançai lentement vers lui en secouant sèchement ma senestre pour en extraire les deux lames.
    —    Cesse de jouer à l’innocent. Ton petit jeu est éventé. Les documents que ton père t’a envoyé chercher ici, redemandai-je d’un ton menaçant en levant la main gauche. Où sont-ils ?
    Il me dévisagea un instant et comprit que je n’étais pas, moi non plus, ce que j’avais prétendu. Si la chose était possible, il eut l’air encore plus effrayé.
    —    Je. je ne les ai pas. Tu le sais bien, répondit-il. Je devais en prendre livraison, mais Thury m’a trahi. Il m’a entraîné ici et.
    —    Mais tu sais où ils se trouvent. Dis-le-moi.
    —    Je ne sais rien de plus ! sanglota-t-il.
    Je saisis le col de ma chemise et l’étirai pour dévoiler mon épaule gauche.
    —    Tu sais ce qu’est ceci ? demandai-je, la mâchoire serrée.
    En y apercevant la croix brûlée dans ma chair, Montfort
    blêmit et ouvrit de grands yeux comme s’il avait vu un spectre, ce qui n’était pas loin de la réalité.
    —    Non, c’est impossible. chuchota-t-il, incrédule. J’ai vu de mes propres yeux mon père malmener ton cadavre avant de le faire griller sur le bûcher. Tu es mort.
    —    Tu ne crois pas si bien dire, raillai-je. Je suis mort, en effet. J’ai été en enfer et j’en suis revenu.
    Je ressentis une immense libération en prononçant ces mots. Je les avais souvent pensés, mais jamais encore ils n’avaient franchi mes lèvres. Le ricanement quasi dément qui s’échappa de ma gorge dut faire peur à Guy, car ses lèvres se mirent à trembler de plus belle. Je lui plaquai mon avant-bras droit sur la gorge et appuyai, lui coupant le souffle. D’un même geste, mes lames se retrouvèrent contre son ventre.
    —    Je suis déjà damné, lui crachai-je au visage. Damné ! Je n’ai plus rien à perdre. Tu entends ? Plus rien ! Mon âme ne m’appartient plus ! Ces maudits documents sont la seule raison pour laquelle je suis encore en vie. Alors dis-moi où ils sont, sinon je te crève comme une outre.
    Il me dévisagea et crut sans doute que j’étais fou. Après tout, quel être sain d’esprit pouvait prétendre être revenu de l’enfer ?
    —    Je t’ai déjà tout dit, balbutia-t-il, son débit rendu saccadé par la frayeur. Mon père m’a ordonné de me rendre à Gisors en compagnie du sieur de Pierrepont. Là, quelqu’un devait me contacter pour me remettre secrètement un document que j’avais mission de ramener aussitôt à Carcassonne sans même le lire. Thury m’a affirmé qu’il allait me le remettre et j’ai été capturé.
    Il s’en tenait à sa version des faits et j’avais toutes les raisons de croire qu’elle était

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