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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Le donjon serait certes l’endroit idéal. Sa construction a été supervisée par Thibaud Payen lui-même et peut-être avait-il mandat d’y aménager une cache dont personne n’a jamais été informé hormis les créateurs de l’Ordre. Ses fondations sont peu profondes, mais massives, et il y a toute cette terre dessous. On a pu construire une pièce dans la motte sans que cela paraisse.
    —    Et sinon ? Quelles sont les autres structures construites par Payen ?
    —    Les fortifications, évidemment. C’est aussi Thibaud qui en a dressé le plan. Et les tours de guet.
    —    Bien. Alors, puisque les familles fondatrices l’ont voulu ainsi, nous allons nous salir les mains, mes frères, déclarai-je avec un enthousiasme un peu forcé. Alain, dès cette nuit, prends quelques hommes et inspecte les fondations du donjon. Sire Jehan, pouvez-vous prétexter des travaux d’entretien pour faire creuser le pied des murailles à intervalles réguliers et voir s’il s’y trouve quelque chose ?
    Le vieillard hocha la tête.
    —    Alors, faites.
    —    Ugolin, Jaume, Pernelle, inspectez quand même les fondations du logis de sire Jehan. On ne sait jamais. Il vous guidera lui-même.
    Le vieillard acquiesça du chef.
    —    Et toi, sire Gondemar ? s’enquit Thury.
    —    J’aimerais m’assurer que la mission du jeune Guy était bien réelle et tenter d’en apprendre les détails.
    —    Il a déjà été fermement interrogé, m’apprit-il. Je m’en suis chargé moi-même. Je t’assure qu’il a craché tout ce qu’il savait, ce qui était bien peu de choses.
    —    Tu as sans doute été au fond des choses, ironisai-je. Néanmoins, je souhaite lui donner une seconde chance de s’exprimer. Si vous me donnez les clés de la cellule, j’irai lui rendre une petite visite. Ensuite, je vous rejoindrai dans le donjon.
    Dans la lumière blafarde du temple, je vis les visages d’Ugo-lin et de Jaume se fendre d’un sourire entendu, et celui de Pernelle pâlir. Ils avaient compris la nature de la conversation que j’entendais avoir. J’en avais déjà mené quelques-unes et toutes s’étaient montrées douloureuses pour l’autre partie.
    Pierrepont fouilla sous sa robe, en sortit une clé passée dans un anneau de fer et me la lança.
    —    Bien. Vous savez tous ce que vous avez à faire, dis-je. Si l’un de vous découvre quoi ce soit, qu’il convoque immédiatement un conseil par les mots sacrés. Avec votre assentiment, évidemment, Magister, crus-je bon d’ajouter.
    Pierrepont hocha solennellement la tête pour me faire comprendre qu’il appréciait la délicatesse. Le conseil des Neuf de Gisors fut clos en bonne et due forme en présence, pour la première fois depuis le retour de Terre sainte des deux parts de la Vérité, de ceux de Montségur. Puis nous nous levâmes pour quitter le temple. J’allais franchir la porte lorsque Pierrepont, qui se trouvait encore à l’intérieur, m’interpella.
    —    Gondemar ?
    —    Oui ?
    —    Malemente-le un peu si tu veux, mais laisse-le en vie. C’est le fils de Simon de Montfort et, qu’on l’aime ou non, il vaut son pesant d’or. Dieu seul sait quand nous aurons besoin de l’utiliser comme monnaie d’échange.
    —    Montfort le considère comme le nabot de sa portée. Il ne verserait pas une seule pièce pour lui.
    —    On ne sait jamais.
    —    Ne t’en fais pas, je ne l’endommagerai pas trop. Au pire, s’il est vraiment mal en point, Pernelle pourra toujours le soigner.
    Je sortis sans rien ajouter et, une fois dans la salle des gardes, m’engageai dans l’escalier qui me menait vers celui dont j’avais assuré la protection.
    Quand Guy entendit la clé tourner dans la serrure, il s’éveilla. Dès qu’il me vit, ses yeux s’écarquillèrent et l’espoir transfigura son visage. La porte n’était pas encore refermée qu’il quitta sa paillasse et bondit sur ses pieds.
    —    Gontier ! s’écria-t-il d’une voix tremblante de soulagement. Dieu merci, tu m’as retrouvé ! J’ai suivi Lambert de Thury dans la tour et on m’a assommé. Je me suis réveillé dans ce cachot. On m’a battu !
    Je verrouillai la porte ferrée et glissai la clé dans ma ceinture en lui adressant un regard qui n’avait rien d’amical.
    —    Que se passe-t-il ? demanda-t-il, alarmé. Pourquoi fais-tu cet air ? Ne referme pas. Nous devons partir au plus vite.
    Il s’approcha de moi

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