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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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était bien pris, je sortis à reculons, refermai la porte et allumai à l’extérieur. Puis je pris mes distances et regardai flamber la maison.
    Soudain, mon regard fut attiré par un mouvement. Je repérai deux hommes qui sortaient d’une autre maison, tout près. L’un d’eux portait sur son épaule une poche bien remplie. Des pillards. Je n’eus même pas à apercevoir la croix rouge à la hauteur de leur épaule pour savoir qu’il s’agissait des deux croisés qui s’étaient évanouis dans la nature. Ils s’étaient sans doute cachés dans une des maisons désertes, attendant leur heure pour dépouiller le village. De toute évidence, l’incendie les avait interrompus. Étonnés, ils regardaient la maison en flammes. Je tirai Memento et me dirigeai vers eux. Je me fichais du fait qu’ils détroussaient des morts comme de ma première paire de bottes, mais je n’avais aucune assurance qu’ils ne pouvaient pas m’identifier. Je ne devais pas les laisser partir.
    L’un d’eux m’aperçut et, d’un coup de coude, attira l’attention de son comparse, qui lâcha son sac. Les deux dégainèrent leur arme et m’attendirent.
    —    Tiens, en voilà un encore vivant, dit l’un d’eux.
    —    Fiche le camp, ordonna l’autre.
    Je ne répondis rien. En m’approchant, je fis tournoyer Memento devant moi. La lame que j’avais forgée sifflait de façon menaçante et je vis leur visage se crisper lorsqu’ils constatèrent qu’ils n’avaient pas affaire au premier venu. Puis ils commirent l’erreur de foncer sur moi.
    Je fis un tour complet sur moi-même et accueillis le premier d’un coup qui lui trancha net la jambe au-dessus du genou. Il ne s’était pas encore tout à fait écroulé, hurlant comme un veau fraîchement égorgé, que je plantais mon poing gauche dans le visage du second. L’homme était solide, mais recula d’un pas, sonné. J’en profitai pour faire un pas vers l’avant. L’instant d’après, Memento émergeait dans son dos, à la hauteur des reins. Il resta debout, l’air hébété, n’étant soutenu que par la force de mon bras. D’un coup sec, je retirai mon arme et il s’écroula, agonisant. Je lui souris en essuyant ma lame sur la croix qui l’identifiait. Cet emblème faisait couler le sang depuis presque trois ans et il était juste qu’il en soit couvert à son tour.
    —    Deux filous de moins, murmurai-je, satisfait.
    Ces deux empotés ne méritaient même pas le titre de soldats. Au mieux, il s’agissait de brigands qui n’avaient pas coutume d’affronter autre chose que des femmes sans défense.
    Le son d’un galop me tira de mes pensées. Voilà longtemps, Bertrand de Montbard m’avait enseigné comment les Templiers, souvent à pied, survivaient à une charge de cavalerie en visant les pattes des montures, abattant en même temps leurs cavaliers qui se retrouvaient écrasés sous le poids de la bête mutilée. Comme toutes les autres, la leçon était gravée de manière indélébile dans ma mémoire et mon arme était portée à l’horizontale, prête à frapper. Ce croisé prendrait le même chemin que ses congénères.
    À la vue du cavalier, je me détendis. Sans doute alarmé par l’épaisse colonne de fumée noire qui obscurcissait le ciel au-dessus de Mondenard, Ugolin s’amenait à toute vitesse. Je rengainai Memento et l’attendis, hésitant entre l’envie de le tancer pour avoir désobéi à mon ordre en entrant dans la bourgade, et l’admiration que je ressentais en constatant qu’il était assez consciencieux pour le faire lorsqu’il croyait ses amis en danger.
    Je posai les poings sur mes hanches et souris. Puis je fronçai les sourcils. Ugolin ne semblait pas vouloir ralentir. Au contraire, il fonçait vers moi à bride abattue. Les rênes de son cheval pendaient dans le vide et il semblait s’accrocher de peine et de misère au cou de la bête qui le secouait comme un pantin.
    —    Ugolin ! Cesse tes petits jeux, gros balourd ! criai-je.
    Mon avertissement demeura sans effet. Je dus me lancer sur
    le côté pour éviter d’être piétiné. Sous mon regard ahuri, le cheval freina de son propre chef pour ne pas foncer dans les flammes et se cabra. Le Minervois fut projeté vers l’arrière et atterrit lourdement sur le sol. Sonné, il resta étendu un moment puis se rassit avec difficulté. Il tenta de se mettre debout en grommelant, mais vacilla et retomba à genoux. Puis il s’immobilisa,

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