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L'Etoffe du Juste

L'Etoffe du Juste

Titel: L'Etoffe du Juste Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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j’avais grand besoin d’un exutoire à ma colère et, connaissant les gens de guerre, je me doutais fort que je venais de le trouver.
    —    Retournez à l’étable, sire, ordonnai-je.
    —    Mais.
    —    Maintenant ! Vous avec assez vu d’horreurs pour aujourd’hui.
    Tel un chien battu, il baissa la tête et fit demi-tour. Dès que je fus certain qu’il s’en allait bien vers l’étable, je me dirigeai vers la source des gémissements et des rires. Sur la pointe des pieds, je contournai la maison. Je ne fus guère surpris de la scène que j’y trouvai. Trois soldats s’amusaient à tourmenter une fillette. Elle avait neuf ou dix ans, tout au plus, et même dans la pénombre, je pouvais apercevoir ses grands yeux effrayés. La pauvresse se débattait piteusement et son regard croisa le mien, suppliant. L’espace d’un instant, je revis Pernelle, dans la même posture, lorsque je n’étais encore qu’un garçon impuissant. Je n’avais pas pu la protéger et nos deux vies en avaient été irrémédiablement marquées. Mais je n’étais plus ce garçon. Et plus jamais je ne permettrais une semblable chose.
    Je secouai ma senestre et les lames émergèrent de mon gant. Je franchis les quelques pas qui me séparaient de l’homme qui maintenait les chevilles de la fillette, je l’empoignai par les cheveux, lui tirai la tête par l’arrière et lui tranchai la gorge avant qu’il sache ce qui lui arrivait. Puis j’abattis mon pied sur le côté de la tête de celui qui cherchait son plaisir, qui s’écroula sur le sol, sonné. Je m’élançai vers le dernier, qui se relevait en tirant sa dague. Je lui enfonçai mon pied dans le ventre et il retomba à genoux, la tête penchée en avant, cherchant son souffle. La dernière chose qu’il sentit fut mes lames qui s’enfonçaient dans sa nuque. Je me dirigeai vers celui que je n’avais qu’étourdi, et qui secouait la tête, à genoux, pour retrouver ses esprits. Je le plaquai violemment au sol et m’assis sur sa poitrine pour l’immobiliser.
    —    Alors ? On aime déflorer les fillettes ? dis-je, les dents serrées, en tenant mes lames à un doigt de ses yeux.
    L’homme ne put faire autre chose que balbutier comme s’il avait perdu la raison.
    —    Tu étais bien courageux, pourtant, lorsque tu voulais la prendre. Elle n’est qu’une enfant.
    —    Je. Pardon. gémit-il. Ne me tue pas. Je. je ne le ferai plus, je le jure.
    —    Non, tu ne le feras plus.
    J’enfonçai une de mes lames dans son œil droit et la fis pivoter, lui labourant la cervelle. Il fut saisi de convulsions puis devint flasque sous mon poids. Je retirai mon arme, l’essuyai sur son surcot et la fis rentrer dans sa gaine. Puis je me dirigeai vers la fillette, qui s’était assise, tremblante, dans la neige, sans doute aussi horrifiée par ce qu’elle venait de voir que par l’agression dont elle avait été victime. Je lui tendis doucement la main.
    —    Viens, petite, ces hommes ne te feront plus de mal.
    Elle me fixa, incertaine, puis se leva d’un trait et s’enfuit comme un cerf blessé. Je la regardai partir, rassuré par le fait qu’elle retournait vers la sécurité toute relative de son foyer. Quelque part dans ce village, un père et une mère la protégeraient de leur mieux. Jusqu’au prochain passage de gens de guerre ou de brigands.
    Dans Rossal, une Pernelle avait été épargnée et j’en éprouvais une grande satisfaction. Je retournai à l’étable, le cœur plus léger. Lorsque j’entrai, Montfort m’attendait dans notre stalle, près de nos montures. Il s’était allongé dans le foin, mais n’avait visiblement pas trouvé le sommeil.
    —    Alors ?
    —    Parfois, sire, contre toute attente, le Bien triomphe, répondis-je. Temporairement, au moins.
    Je m’enroulai dans la couverture et m’endormis enfin.
    La tempête dura deux jours de plus, couvrant de neige le bûcher éteint et la dépouille calcinée que personne n’avait ramassée. Parmi les soldats de Pierrepont, la grogne était de plus en plus palpable. Tous avaient prévu être chez eux à temps pour la Noël. Au lieu de cela, ils durent la célébrer à Rossal. Ils s’enivrèrent à souhait à même les réserves des habitants et causèrent beaucoup de dommages, comme le font toujours les hommes d’armes laissés à eux-mêmes. Les villageois furent malmenés et dépouillés de leurs quelques richesses, des femmes et des filles

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