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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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devrais remercier les dieux qu’il n’ait pas parlé à
Crassus. Ou peut-être dois-tu remercier quelqu’un d’autre.
    Je
regardai Iaia de côté.
    — Encore
tes insinuations !
    — J’ai simplement
un nez et des yeux, Iaia. Cette maison est pleine de plantes et de racines
étranges. Et je sais que l’on y trouve de l’aconit. Le jour où nous sommes
allés consulter la sibylle, j’en ai vu dans un pot dans la pièce où tu prépares
tes pigments de couleur. J’imagine que tu as aussi du strychnos [55] , de la jusquiame, du limeum…
    — Oui,
j’en ai, mais pas pour assassiner ! Les substances qui tuent peuvent aussi
guérir, si on possède la connaissance. Insistes-tu pour que je prête serment,
Gordien ? Très bien. Je te jure, par la sainteté du sanctuaire de la
sibylle, par le dieu qui parle par ses lèvres, que personne actuellement dans
cette maison n’a assassiné Dionysius !
    Dans
la véhémence de son serment, elle s’était à moitié dressée sur ses pieds.
Lorsqu’elle se rassit, la terrasse devint irréellement calme. Même le fracas
des vagues en dessous paraissait atténué. Le soleil s’était enfin levé
au-dessus du toit de la villa. Il projetait une frange de lumière jaune sur le
mur de la terrasse. Un nuage solitaire passa devant le soleil et replongea tout
dans l’ombre. Le nuage s’éloigna. Les pierres d’une blancheur éclatante
réfléchissaient la chaleur sur mon visage. Ma douleur avait disparu. Je me
sentais extraordinairement léger.
    — Très
bien, dis-je calmement. C’est au moins un point acquis. Tu n’as pas tué
Dionysius. Mais alors, qui ?
    — A
ton avis ? dit Iaia. Celui qui a tué Lucius Licinius, Crassus !
    — Mais
pour quelle raison ?
    — Ça,
je ne peux te le dire. Mais maintenant, il est temps que toi, Gordien, tu me
dises ce que tu sais. Par exemple, hier, tu as envoyé l’esclave Apollonius
plonger sous la jetée au pied de la villa de Gelina. J’ai cru comprendre que tu
as fait quelques découvertes étonnantes.
    — Qui
te l’a dit ? Meto ?
    — Peut-être.
    — Pas
de secrets, Iaia !
    — Très
bien. Alors, oui, c’est Meto. En revanche, je me demande si nous sommes
parvenus à la même conclusion, Gordien.
    — Que
Lucius faisait du trafic d’armes pour les rebelles en échange d’argent et de
bijoux volés ?
    — Exactement.
Je pense que Dionysius soupçonnait peut-être quelque scandale de cette sorte. C’est
pour ça qu’il hésitait à révéler la cachette d’Alexandros : il savait qu’il
y avait un plus grand secret à découvrir. Meto m’a aussi dit que tu as trouvé
certains documents dans la chambre de Dionysius, des documents compromettants
concernant les projets criminels de Lucius.
    — Peut-être.
Crassus lui-même s’est avoué incapable de les déchiffrer.
    — Vraiment ?
    — Enfin,
Iaia, suggères-tu sérieusement…
    Elle
haussa les épaules.
    — Pourquoi
ne pas le dire tout haut ? Oui, Crassus lui-même était certainement
impliqué dans cette entreprise !
    — Crassus
faisant du trafic d’armes avec Spartacus ? Impossible !
    — Non,
c’est abominable et c’est possible, avec un homme aussi vaniteux et avide que
Marcus Crassus. Si avide qu’il ne pourrait résister à la perspective d’un
formidable profit en trafiquant avec Spartacus. Subrepticement, bien sûr, en
utilisant ce pauvre Lucius comme intermédiaire. Et si vaniteux qu’il pensait
que cela ne l’empêcherait pas de vaincre les esclaves de toute façon. Il est
persuadé d’être un stratège si brillant qu’il importe peu que son ennemi soit
armé avec du fer romain.
    — Alors
tu penses qu’il aurait aussi empoisonné Dionysius parce que le philosophe était
sur le point de découvrir la vérité ?
    — Peut-être.
Mais le plus vraisemblable, c’est que Dionysius avait commencé à exercer un
chantage – subtil, certes –, il demandait simplement une belle
récompense et une place dans la suite de Crassus. Les hommes comme Crassus ne
traitent pas avec des inférieurs qui détiennent des secrets les concernant.
Dionysius était trop stupide pour s’apercevoir qu’il ne tirerait aucun profit
des informations qu’il comptait exploiter. Il aurait mieux fait de les garder
pour lui ; il serait encore en vie.
    — Mais
pourquoi Crassus a-t-il tué Lucius ?
    — Qui
sait ? Crassus est venu en cachette cette nuit-là pour discuter de leurs
affaires secrètes. Lucius a peut-être commencé à

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