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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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Crassus avait cédé.
Il avait donné l’ordre à ses gardes d’emmener Fabius, puis à Mummius de clore
les jeux. Et, sur-le-champ, l’homme le plus riche de Rome avait, sans cérémonie,
quitté l’arène.
    — Tu
es resté jusqu’à la fin ? demanda Crassus.
    — Non,
je suis parti quelques instants après toi.
    J’ignore
pourquoi, mais je n’avais pas envie de préciser qu’Apollonius et moi avions
ramené Eco inanimé à la villa et que nous craignions que ses jours fussent en
danger. Crassus avait à peine remarqué que le garçon s’était évanoui, et il ne
s’en souvenait sûrement pas.
    — Mummius
m’a dit que tout s’était bien passé. Mais je sais qu’il ment. Je dois être la
risée de tous dans la baie, ce soir.
    — J’en
doute fort. Tu n’es pas le genre d’homme dont on se moque, même derrière ton
dos.
    — Enfin,
tout de même : avoir fait sortir de l’arène les esclaves aussi brutalement
qu’on les y avait introduits, et tout cela sans la moindre explication… J’entends
d’ici les murmures de déception et d’incompréhension. Et pour marquer l’apogée
des jeux, Mummius a, paraît-il, fait venir tous les gladiateurs rescapés et les
a obligés à se battre. Tu trouves cela original ? Une belle farce, oui !
Imagine les gladiateurs, épuisés, certains blessés, se battant sans énergie,
comme des amateurs. Quand je l’ai pressé de questions, Mummius a fini par
avouer que les gradins inférieurs s’étaient rapidement vidés. Les vrais
amateurs savent reconnaître un mauvais spectacle quand ils en voient un, et
ceux qui ne cherchaient qu’à se faire voir de moi n’avaient plus aucune raison
de rester après mon départ.
    Nous
restâmes assis, silencieux, à boire le falerne.
    — Où
est Faustus Fabius, ce soir ? demandai-je.
    — Ici,
dans la villa, comme avant. Sauf que ce soir j’ai placé des gardes devant sa
chambre. J’ai veillé à ce qu’il n’ait en sa possession ni arme, ni poison, ni
potion. Je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit avant que j’aie décidé
de son sort.
    — Vas-tu
le poursuivre ? Y aura-t-il un procès à Rome ?
    Crassus
adopta de nouveau l’expression du professeur déçu.
    — Quoi ?
S’exposer à tant de problèmes à cause du meurtre d’un personnage aussi
insignifiant que Lucius ? S’aliéner les Fabius, dévoiler un formidable
scandale dans lequel mon propre cousin est impliqué, provoquer un procès qui ne
pourrait que m’embarrasser – ils ont utilisé mon navire, mon argent
et mes propriétés pour exécuter leurs plans, après tout – et tout
cela à la veille d’une grande crise, au moment où je m’apprête à marcher contre
Spartacus sur ordre du Sénat et à entamer ma campagne pour les élections
consulaires de l’année prochaine ? Non, Gordien, il n’y aura pas de procès
public.
    — Alors,
Faustus Fabius ne sera pas puni ?
    — Je
n’ai pas dit cela. Il y a de nombreuses manières de mourir pour un homme en
temps de guerre. Même un officier de haut rang peut recevoir un coup fatal…
dont personne ne parlera ensuite. Et, Gordien, tu n’as naturellement jamais
entendu ce que je viens de dire.
    — Est-ce
qu’il a tout avoué ?
    — Oui,
tout. C’était exactement ce que je pensais. Lui et Lucius avaient eu l’idée de
leur trafic lors de ma dernière visite ici, au printemps dernier. Faustus vient
d’une très vieille famille patricienne, très distinguée. Les Fabius ont
conservé un peu de leur ancien prestige, mais ils ont perdu toute leur fortune
voilà longtemps. Pour un tel homme, il y a de quoi devenir amer, surtout quand
il sert sous les ordres de quelqu’un dont le rang social est inférieur, mais
dont la fortune dépasse de loin tout ce qu’il possède ou possédera jamais. Quoi
qu’il en soit, avoir trahi Rome au nom de son propre profit, avoir sacrifié l’honneur
des Fabius, avoir aidé une armée d’esclaves meurtriers… Voilà des crimes
impardonnables ! Rien n’est plus méprisable.
    Crassus
soupira.
    — Je
suis encore plus choqué par les crimes de mon propre cousin Lucius. C’était un
homme faible, trop faible pour se débrouiller seul dans ce monde, mais ni assez
sage, ni assez patient pour s’en remettre à ma générosité. Je ressens comme un
affront personnel cette façon d’utiliser mon argent pour une entreprise
criminelle aussi infâme. Je lui ai toujours donné plus qu’il ne méritait. Voilà
comment il m’a

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