L'Étreinte de Némésis
même pas
de petits objets.
— Je
sais. Mais quand même. Un jour, je suis entré simplement parce que je voulais
regarder le cheval.
— Le
cheval ? Ah oui, le Centaure.
— Oui,
et le maître s’est précipité sur moi. Il est entré instantanément dans une
grande colère. Normalement, le maître n’était pas un homme colérique. Mais là,
son visage est devenu tout rouge. Il me criait dessus. J’ai cm mourir tellement
mon cœur battait dans ma poitrine.
En
évoquant ce souvenir, Meto avait les yeux exorbités. Il gonflait les joues et
secouait la tête, comme un homme qui tente de se réveiller d’un rêve
effroyable.
— Il
a appelé Alexandros et lui a ordonné de me frapper, dans cette salle.
Normalement, c’est la fonction de Clito. Il travaille aussi aux écuries et
adore donner la bastonnade. Mais j’ai eu de la chance, parce que ce jour-là
Clito était à Pouzzoles. J’ai dû me pencher et toucher le sol des mains, tandis
qu’Alex me donnait dix coups de canne. Il ne l’a fait que parce que le maître l’avait
ordonné. Il aurait pu me frapper plus fort, j’en suis sûr. Mais je pleurais
quand même.
— Je
vois. Tu aimes Alexandros.
Les
yeux de l’enfant pétillèrent.
— Naturellement.
Tout le monde adore Alex.
— Et
Zénon ? Tu l’aimais aussi ?
Il
haussa les épaules.
— Personne
n’aimait Zénon. Mais pas à cause de sa cruauté ou de sa brutalité, comme Clito.
Il vous prend de haut et parle des langues que l’on ne comprend pas. Et puis il
pense qu’il vaut bien mieux que n’importe lequel des autres esclaves. Il est
très prétentieux.
— C’est
un personnage très désagréable que tu me décris là. Mais, dis-moi, la nuit du
meurtre de ton maître, est-ce que quelqu’un était debout et se promenait dans
la maison ? Toi ou un autre esclave ?
Il
secoua la tête.
— Tu
en es sûr ? Personne n’a vu ou entendu quoi que ce soit ?
— Tout
le monde en a parlé, naturellement. Mais personne ne sait ce qui s’est passé.
Le lendemain, la maîtresse est venue nous dire que si quelqu’un savait quelque
chose, il fallait aller le dire à maître Crassus, ou à Mummius ou à Fabius. Je
suis certain que si quelqu’un avait eu quelque chose à dire, il l’aurait dit.
— Et
entre les esclaves eux-mêmes, il n’y a pas de rumeurs ? Pas de murmures ?
— Non,
rien. Et si quelque chose s’était dit, je suis celui qui aurait eu le plus de
chances de l’entendre. Non pas parce que j’espionne…
— Oui,
oui, je sais. Ton travail t’oblige à aller d’un point à un autre, de pièce en
pièce, de l’aube au crépuscule, alors que les cuisiniers, les garçons d’écurie,
les femmes de ménage, ne restent pratiquement qu’à un seul endroit toute la
journée et bavardent entre eux. Entendre et voir n’a rien de honteux, Meto. C’est
mon gagne-pain. Quand je t’ai vu la première fois, j’ai immédiatement compris
que tu étais les yeux et les oreilles de cette demeure.
Il
me regarda, étonné. Puis il sourit prudemment, comme si personne n’avait
compris cela auparavant.
— Dis-moi,
Meto, cette nuit-là Zénon devait se trouver dans cette pièce avec ton maître,
non ?
— C’est
possible. Ils venaient souvent ici pour travailler ensemble après le coucher du
soleil. Parfois, ils y restaient jusqu’à une heure très avancée, surtout si un
navire était arrivé de Pouzzoles ou allait partir. Ou encore si maître Crassus
était en route.
— Et
Alexandros aurait pu se trouver également ici ?
— C’est
possible.
— Mais
cette nuit-là tu n’as vu personne entrer ou sortir de cette pièce ? Tu n’as
rien entendu du côté des écuries ou de l’atrium ?
— Je
dors dans une petite pièce, avec d’autres, dit-il lentement. Dans l’aile est de
la maison, derrière les écuries. Généralement, je suis le dernier à aller me
coucher. Ça fait rire Alex. Il dit qu’il n’a jamais vu un garçon qui a aussi
peu besoin de dormir. J’aurais pu me promener dans la maison à cette heure-là.
Et ainsi j’aurais pu voir bien des choses. Mais ce jour-là je n’ai cessé de
courir toute la journée et de porter des messages. J’étais si fatigué que je me
suis endormi tout de suite.
Sa
voix commença à trembloter.
— Je
suis désolé.
Je
posai ma main sur ses petites épaules.
— Tu
n’as pas à l’être, Meto. Mais réponds encore à une question. La nuit dernière,
t’es-tu promené tard dans la
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