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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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familles qui ont toujours vécu ici ont
conservé pas mal de pratiques magiques indigènes. Leur race est antérieure à
celle des Romains. Puis les Grecs se sont installés et ont apporté leurs
oracles. Quoi qu’il en soit, j’ai envie de faire deux constats. D’abord cette
chose me semble assez orientale dans sa forme, et ensuite je dirais qu’il est
plus probable qu’une femme l’ait sculptée. Qu’en penses-tu, Eco ? Un des
esclaves essaye-t-il de me jeter un sort ? Ou se pourrait-il que…
    Eco
tapa dans ses mains et fit un geste vers la porte, derrière moi. Le petit
esclave Meto attendait là. Il portait un plateau de pain et de fruits. Ses yeux
scrutaient nerveusement la pièce. Je cachai la figurine derrière mon dos en me
retournant. Je souris au garçon. Il me sourit de même. Puis, brusquement, je
fis apparaître la créature et la déposai sur le plateau qu’il tenait dans ses
mains.
    Il
sursauta.
    — Tu
as déjà vu cette chose ? demandai-je, accusateur.
    — Non !
murmura-t-il.
    A
sa manière de l’éviter du regard, je devinai qu’il disait vrai.
    — Mais
tu sais ce que c’est et d’où elle vient, n’est-ce pas ?
    Il
resta silencieux et se mordit les lèvres. Le plateau tremblait. Une pomme
vacilla et alla rouler au milieu d’un bouquet de figues. Je pris le plateau et
allai le déposer sur le lit. Récupérant la statuette, je la lui mis sous le
nez. Il la regarda en louchant, avant de fermer les yeux.
    — Alors ?
insistai-je.
    — S’il
te plaît… si je te dis… peut-être que cela ne marchera pas…
    — Quoi ?
Parle clairement.
    — Si
je t’explique, l’épreuve n’aboutira peut-être à rien.
    — Tu
entends ça, Eco ? Quelqu’un cherche à me mettre à l’épreuve. Mais qui ?
Et pourquoi ?
    Meto
recula sous l’effet de mon regard furieux.
    — S’il
te plaît, je ne comprends vraiment pas tout moi-même. C’est juste quelque chose
que j’ai surpris.
    — Surpris ?
Quand ?
    — La
nuit dernière.
    — Ici,
dans la maison ?
    — Oui.
    — Je
suppose que tu surprends beaucoup de choses, à aller et venir comme tu le fais.
    — Parfois,
mais jamais volontairement.
    — Et
qui as-tu surpris cette nuit ?
    — S’il
te plaît !
    Je
le fixai un bon moment. Puis je reculai et abandonnai l’expression sévère de
mon visage.
    — Tu
comprends pourquoi je suis ici, n’est-ce pas, Meto ?
    Il
hocha la tête.
    — Je
pense.
    — Je
suis ici parce que toi et bien d’autres courez un très grave danger.
    Il
me regarda avec un air de doute.
    — Si
j’étais certain de cela… murmura-t-il de sa petite voix.
    — Sois-en
sûr, Meto. Je pense que tu connais l’importance de ce danger.
    Ce
n’était qu’un enfant, beaucoup trop jeune pour saisir les sinistres projets de
Crassus à son endroit. Avait-il déjà vu un homme mis à mort ? Était-il
assez grand pour comprendre ?
    — Crois-moi,
Meto. Dis-moi d’où vient cette statue.
    Il
me regarda un long moment, puis regarda la forme grotesque que retenaient mes
mains.
    — Je
ne peux pas te le dire, chuchota-t-il finalement.
    Eco
s’avança vers lui avec un mouvement d’exaspération. Je l’arrêtai du bras.
    — Mais
je peux te dire…
    — Oui,
Meto ?
    — Que
tu ne dois montrer cette figurine à personne. Et tu dois n’en parler à
personne. Et…
    — Oui ?
    Il
se mordit la lèvre inférieure.
    — Quand
tu quitteras cette pièce, ne la prends pas avec toi. Laisse-la ici. Mais pas
sur la table ou la fenêtre…
    — Où,
alors ? Où je l’ai trouvée ?
    Il
me regarda, soulagé, comme si son honneur était moins compromis parce que j’avais
trouvé seul.
    — Oui,
seulement…
    — Meto,
parle plus fort !
    — Seulement,
retourne-la par rapport à la position dans laquelle tu l’as trouvée.
    — Tu
veux dire : face contre le lit ?
    — Oui,
et…
    — Avec
ses pieds vers le mur ?
    Il
acquiesça de la tête, puis regarda rapidement la statue. Il mit sa main sur sa
bouche et recula.
    — Vois
comme elle me fixe ! Oh ! qu’ai-je fait ?
    — Tu
as fait ce qu’il fallait, le rassurai-je, en éloignant la statuette de sa vue.
Tiens, j’ai une mission pour toi : rapporte cette rame à l’abri à bateaux.
Maintenant, va-t’en. Ne dis à personne que nous avons parlé ensemble. A
personne ! Et arrête de trembler, sinon les gens vont le remarquer. Tu as
fait ce qu’il fallait, répétai-je.
    Je
refermai la porte derrière lui en

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