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L'Étreinte de Némésis

L'Étreinte de Némésis

Titel: L'Étreinte de Némésis Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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côte une heure plus tôt avait
disparu. La sibylle de Cumes commença à me paraître irréelle, comme les vapeurs
qui montaient du lac Averne. Je finissais par me demander si tout ce qui s’était
passé depuis le matin et mon départ de Baia n’avait pas été qu’un rêve éveillé.
Soudain, j’en eus assez de la villa de Licinius et de tous ses mystères. J’avais
hâte de revoir Rome, de marcher dans les rues grouillantes de monde de Subure,
de regarder les bandes de garçons qui jouent au trigone sur les places. Je me
languissais du calme de mon jardin, du confort de mon lit et de la bonne odeur
des petits plats de Bethesda.
    C’est
alors que je vis Olympias. Elle remontait un sentier étroit du bord de mer, un
petit panier à la main. Elle se trouvait encore à une certaine distance. Elle
souriait. Ce n’était pas ce sourire ambigu qu’elle arborait chez Gelina, mais
un sourire rayonnant et heureux. Je notai aussi que le bas de sa courte stola d’équitation
était sombre, comme si elle avait marché dans l’eau jusqu’aux genoux.
    Je
regardai la pente derrière elle en essayant de comprendre d’où elle venait. Le
sentier disparaissait dans les rochers. Et aucune plage n’était visible. Si
elle avait voulu ramasser des coquillages ou des fruits de mer, les parages
immédiats de Cumes auraient été bien préférables et plus sûrs.
    Je
me cachai derrière un rocher alors qu’elle se rapprochait. Soudain, du coin de
l’œil, je perçus un mouvement : à une centaine de pas Dionysius le
philosophe se cachait lui aussi. Il était tapi derrière un rocher au bord de la
falaise et épiait Olympias.
    Il
ne m’avait pas vu. Je m’éloignai aussi vite que possible sans être vu. Je me
précipitai dans la maison de Iaia pour aller rejoindre Eco sur la terrasse.
    Olympias
apparut bientôt. L’esclave portier vint lui parler à voix basse. La jeune fille
passa dans une autre pièce. Quand elle ressortit, quelques instants plus tard,
elle avait enfilé une stola sèche et laissé son panier.
    — Ta
visite à la sibylle a-t-elle été fructueuse ? demanda-t-elle avec un joli
sourire.
    Eco
fit une grimace et évita son regard.
    — Peut-être,
dis-je. Nous le saurons bientôt.
    Olympias
avait l’air intrigué, mais manifestement rien ne pouvait assombrir son humeur joyeuse.
Elle allait de-ci delà sur la terrasse, caressant les fleurs qui s’épanouissaient
dans des pots.
    — Veux-tu
que nous retournions à Baia sans tarder ? demanda-t-elle.
    — Oui.
Nous avons encore du travail, Eco et moi. Et il doit y avoir beaucoup d’agitation
dans la maison de Gelina, en cette veille de grandes funérailles.
    — Ah,
oui, les funérailles, chuchota Olympias, l’air sombre.
    Elle
hocha la tête, pensive. Son sourire s’évanouit presque de ses lèvres
gracieuses, alors qu’elle se penchait vers les fleurs pour les sentir.
    Elle
paraissait plus belle que jamais, ses yeux resplendissaient de lumière et ses
cheveux dorés avaient été gonflés par le vent.
    — Tu
as fait une petite promenade sur la plage ?
    — Oui,
une petite promenade, dit-elle en détournant les yeux.
    — Quand
tu es remontée, tout à l’heure, n’avais-tu pas un panier ? Tu ramassais
des oursins ?
    — Non.
    — Des
coquillages, alors ?
    Elle
avait l’air mal à l’aise.
    — En
fait, je ne suis pas allée sur la plage.
    Ses
yeux s’assombrirent.
    — J’ai
longé le rivage. Et, si tu veux tout savoir, j’ai ramassé de jolies pierres.
Iaia s’en sert pour décorer le jardin.
    — Je
vois.
    Nous
partîmes peu après. En traversant le vestibule, je remarquai qu’Olympias n’avait
pas cherché à dissimuler le panier. Tandis qu’elle franchissait la porte, je
traînai un peu en arrière. Faisant un pas vers le panier, je soulevai son
couvercle du pied. Aucune pierre. A part un petit couteau et quelques croûtons
de pain, le panier était vide.
    La
traversée du labyrinthe de rochers et des collines chauves balayées par le vent
sembla très différente en plein soleil. En revanche, quand nous pénétrâmes de
nouveau dans les bois autour du lac Averne, je ressentis la même atmosphère
angoissante qu’auparavant. De temps en temps, je jetais un coup d’œil en
arrière. Si Dionysius nous suivait, il prenait garde de ne jamais se montrer.
    Ce
n’est qu’en arrivant à la hauteur du gouffre que j’avertis Olympias que je
voulais m’y arrêter.
    — Mais,
je t’ai déjà montré la vue,

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