L'Étreinte de Némésis
de
Zénon entouré de flammes dévorantes.
— Eco,
pourrais-tu m’apporter une coupe d’eau, s’il te plaît ? De cette aiguière,
sur la fenêtre.
Je
me frappai le front.
— J’oubliais.
Nous devons encore trouver quelqu’un qui puisse aller plonger du côté de l’abri
à bateaux. Il faut que l’on sache ce qui est tombé à l’eau la nuit dernière.
Je
m’assis pour prendre la coupe qu’Eco me tendait et regardai par la fenêtre. Le
soleil était encore haut, mais plus pour longtemps. Le temps que je trouve
Meto, qui conviendrait parfaitement pour ce travail, et que nous descendions au
bord de l’eau, les ombres se seraient sans doute allongées. Et la fraîcheur du
soir serait déjà là. Si nous voulions trouver quelque chose au fond, nous
avions besoin de beaucoup de soleil pour que la lumière perce l’eau. Il était
trop tard. Cette tâche allait devoir attendre.
Je
gémis en me frottant les yeux. Mais j’écartai précipitamment les mains dès que
le souvenir du visage de Zénon se dessina devant moi.
— Pas
le temps, Eco. Vraiment pas le temps. A quoi bon toute cette précipitation ?
Il est pratiquement impensable que notre enquête aboutisse avant que Crassus ne
mette en œuvre son projet. Si seulement Olympias n’avait pas jeté la tête dans
le lac avant de rentrer précipitamment seule à la villa… Au moins nous aurions
quelque chose à montrer à Crassus. La preuve que nous avons retrouvé l’un des
deux esclaves. Enfin, après tout, à quoi cela aurait-il servi ? Crassus n’y
aurait vu qu’une preuve supplémentaire de la culpabilité de Zénon. Je l’entends
d’ici.
« Malgré
tous nos efforts, les questions sans réponses sont de plus en plus nombreuses,
Eco. Qui m’a attaqué la nuit dernière sur l’embarcadère ? Qu’a fait
Olympias aujourd’hui ? Pourquoi Dionysius la suivait-il ? Quel rôle
joue Iaia dans tout cela ? Que cherche-t-elle au bout du compte ? Et
pourquoi toute cette magie ?
Je
m’étirai. Et soudain je me sentis lourd comme du plomb. Eco se laissa tomber sur
son lit, le visage tourné vers le mur.
— Nous
ne devrions pas être là à nous prélasser, murmurai-je. Nous avons si peu de
temps. Je n’ai pas encore parlé à Sergius Orata, l’homme d’affaires. Ni d’ailleurs
à Dionysius. Si je pouvais le prendre au dépourvu…
Je
fermai les yeux… Juste un instant, pensai-je. Autour de moi, la pièce semblait
soupirer. J’étais allongé là, sur le lit, épuisé, attentif à toutes les
sensations… et je commençai à sommeiller.
Le
rêve survint. Je somnolais. Apparemment, je ne me trouvais plus chez Gelina, j’étais
de retour chez moi, à Rome. Couché sur le côté, je sentais Bethesda contre moi,
ventre contre ventre. Je ne voulais pas ouvrir les yeux. Ma main remonta le
long de ses cuisses chaudes, puis le long de son ventre. J’étais stupéfait que
sa peau soit encore aussi ferme et souple que lorsque je l’avais achetée à
Alexandrie.
Elle
ronronnait comme une chatte sous mes caresses ; son corps frémit contre le
mien et je sentis mon sexe se raidir. Je m’apprêtai à pénétrer en elle, mais elle
me repoussa brutalement.
J’ouvris
les yeux dans mon rêve. Bethesda n’était pas là. En revanche, Olympias me
regardait avec dédain.
— Pour
qui me prends-tu ? murmura-t-elle avec une intonation hautaine. Pour une
esclave dont tu pourrais abuser ainsi ?
Elle
se leva du lit, nue, baignée par la douce lumière rougeoyante du soir venue de
la terrasse. Ses cheveux formaient une auréole dorée autour de son visage. Les
formes arrondies et les creux subtils de son corps se mariaient
harmonieusement. Sa beauté était presque insupportable à regarder. Je voulus l’étreindre.
Elle recula. Je crus qu’elle se moquait de moi. Mais soudain elle enfouit son
visage entre ses mains et s’enfuit de la chambre en pleurant et en claquant la
porte derrière elle.
Je
sautai du lit pour la suivre. Au moment où j’ouvris la porte, un pressentiment
m’assaillit. Un souffle d’air chaud balaya mon visage. La porte ne donnait pas
sur un couloir, mais sur la grande pierre plate surplombant le lac Averne. Je n’aurais
pu dire s’il faisait jour ou nuit. Tout était embrasé d’une lumière rouge sang.
Au bord du vide, assis sur une chaise basse, un homme, drapé dans une cape
militaire rouge, se penchait en avant. Son menton reposait sur sa main et son
coude sur son genou, comme s’il suivait les
Weitere Kostenlose Bücher