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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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Oh ! l’heureuse existence droite et pure ; oh ! la douce, la noble oisiveté, plus belle peut-être que toute activité ! Ô mer, ô rivage, ô véritable et paisible asile des Muses, combien vous fécondez mon imagination, que de pensées vous m’inspirez. Ainsi donc vous aussi, quittez ce fracas, ce vain mouvement, ces frivoles travaux, à la première occasion, et livrez-vous à l’étude ou même au repos. Il vaut mieux selon le mot si profond à la fois et si spirituel de notre ami Attilius, vivre oisif que s’occuper à des riens. Adieu.
     
    X. – C. PLINE SALUE SON CHER ATTIUS CLEMENS.
    Éloge du philosophe Euphrate.
     
    Si jamais les belles lettres ont été florissantes dans notre ville, c’est assurément aujourd’hui. Les exemples en sont nombreux et illustres ; un seul suffira, celui du philosophe Euphratès. Je l’ai connu en Syrie, où tout jeune je faisais mes premières armes ; admis chez lui, je l’ai étudié à fond, et me suis efforcé de gagner son amitié, quoiqu’il n’y eût pas besoin de grands efforts ; car il est d’un abord facile, accueillant et plein de la bienveillance qu’il enseigne. Et plût aux dieux que j’eusse répondu à l’espoir qu’il conçut alors à mon sujet, comme il a ajouté, lui, à ses mérites ; à moins que je ne les admire davantage aujourd’hui, parce que je les comprends mieux. Et pourtant même à présent je ne les comprends pas assez : car de même qu’on ne peut juger un peintre, un graveur, un modeleur, sans être artiste, de même un sage seul est capable de connaître à fond un sage. Mais autant que je puis en juger, tant de qualités éminentes brillent en Euphratès, qu’elles frappent et touchent même les moins instruits. Il a de la finesse, de la solidité, de l’élégance dans l’argumentation, et souvent même il atteint à la magnifique élévation et à l’ampleur de Platon. Sa conversation est abondante et variée, insinuante surtout et propre à séduire et entraîner les plus rebelles ; ajoutez à cela une haute taille, un beau visage, des cheveux longs, une grande barbe blanche. Ces dehors, quelque fortuits et vains qu’on les juge, n’ajoutent pas moins beaucoup à la vénération qu’on a pour lui. Rien de négligé dans sa tenue, rien de morose dans son air, mais un grand sérieux ; son abord inspire le respect, non la crainte ; une parfaite pureté de mœurs, une affabilité égale ; il poursuit les vices, non les personnes ; il ne châtie pas les coupables, mais il les corrige. On suit son enseignement avec une attention avide, et, convaincu déjà par lui, on souhaite qu’il ait encore à vous convaincre. Il a trois enfants, dont deux fils, qu’il a élevés avec le plus grand soin. Son beau-père, Pompéius Julianus, jouit d’une haute réputation pour sa vie entière, mais en particulier parce que, étant lui-même le premier de sa province, parmi les jeunes gens des plus hautes conditions, il choisit comme gendre celui qui l’emportait non par le rang, mais par la sagesse.
    Mais pourquoi parler plus longuement d’un homme dont il ne m’est plus permis de jouir ? Est-ce pour accroître mes regrets de cette privation ? Tiraillé par une charge aussi importante que fâcheuse, je siège au tribunal, je vise des requêtes, je fais des comptes, j’écris une foule de lettres fort peu littéraires. Je me plains quelquefois de ces tracas à Euphratès (mais combien rare est ce plaisir !). Lui me console en m’assurant que c’est suivre la vraie philosophie et même la plus haute, que de traiter les affaires publiques, d’instruire les procès, de les juger, d’expliquer les lois et de les appliquer, en un mot de mettre en pratique tout ce que les philosophes enseignent. Mais le seul point sur lequel il ne me persuade pas, c’est que de si médiocres occupations vaillent mieux que de passer mes journées entières avec lui, à l’écouter et à m’instruire. Aussi je vous engage, vous qui êtes libre, dès que vous serez de retour à Rome (et puissiez-vous y revenir plus vite dans ce dessein) à vous en remettre à lui du soin de vous épurer et de vous rendre parfait. Car je n’envie pas à autrui, comme beaucoup font, les avantages dont je suis privé ; au contraire j’éprouve un vrai sentiment de plaisir, quand je vois mes amis regorger des biens qui me sont refusés. Adieu.
     
    XI. – C. PLINE SALUE SON CHER FABIUS JUSTUS.
    Reproche affectueux.
     
    Depuis longtemps je ne

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