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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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jeune et plein de santé ; je le pleure, dussiez-vous m’accuser de faiblesse, comme un deuil personnel. J’ai perdu, oui, j’ai perdu le témoin de ma vie, mon guide et mon maître. Je vous répéterai enfin ce que j’ai dit dans le premier accès de la douleur à mon ami intime Calvisius : « Je crains de vivre désormais avec plus de négligence ». Adressez-moi donc des consolations, non pas celles-ci : « Il était vieux, il était malade », je les connais, mais des consolations nouvelles, puissantes, que je n’aie jamais entendues, jamais lues. Tout ce que j’ai entendu ou lu se présente spontanément à ma pensée, mais se trouve trop faible pour mon immense chagrin. Adieu.
     
    XIII. – C. PLINE SALUE SON CHER SOSIUS SENECIO.
    Les lectures publiques.
     
    Cette année a produit une abondante moisson de poètes. Dans tout le mois d’avril pas un jour ne s’est passé sans quelque lecture publique {24} . Je me réjouis de voir les lettres fleurir, les talents se montrer et se faire valoir, malgré le peu d’empressement avec lequel on se réunit pour les entendre. La plupart restent assis dans des salles publiques {25} et perdent en causeries le temps qu’ils devraient consacrer à écouter ; par intervalles ils font demander si le lecteur est entré, s’il a dit l’introduction, si sa lecture s’avance ; à ce moment enfin, et même alors lentement et avec hésitation, ils arrivent ; et encore ils ne restent pas jusqu’au bout, mais se retirent avant la fin, les uns en s’esquivant et à la dérobée, les autres franchement et sans façon.
    Quelle différence, du temps de nos pères ! On raconte qu’un jour l’empereur Claude, se promenant dans son palais entendit des acclamations ; il en demanda la cause et, apprenant que c’était une lecture publique faite par Nonianus, il s’y rendit à l’improviste et à la grande surprise du lecteur. Aujourd’hui nos gens les plus oisifs, invités bien à l’avance, et avertis à plusieurs reprises, ou bien ne viennent pas, ou s’ils viennent, c’est pour se plaindre d’avoir perdu un jour, qui justement ne l’a pas été. Il faut accorder d’autant plus de louange et d’estime à ceux dont le goût d’écrire et de lire en public ne se laisse pas rebuter par cette indolence et ce dédain des auditeurs.
    Pour moi je n’ai refusé ma présence presque à aucun lecteur. La plupart, il est vrai, étaient des amis ; car il n’y a à peu près personne qui aime les lettres sans m’aimer aussi. C’est pour cela que j’ai passé à Rome plus de jours que je n’avais décidé. Je puis maintenant regagner ma retraite et composer quelque écrit que je ne lirai pas en public ; je craindrais que ceux dont j’ai écouté les lectures, n’aillent croire que je leur ai, non pas donné, mais prêté mon attention. Car pour le service d’assister aux lectures, comme pour toutes choses, la reconnaissance cesse d’être due, si on la revendique. Adieu.
     
    XIV. – C. PLINE SALUE SON CHER JUNIUS MAURICUS.
    Le choix d’un époux.
     
    Vous me demandez de chercher un mari pour la fille de votre frère ; et vous avez raison de vous adresser à moi plutôt qu’à tout autre ; vous savez quel respect et quelle affection j’avais voués à ce grand homme, par quels sages conseils il a soutenu ma jeunesse, combien même ses éloges m’ont aidé à paraître aux autres digne d’éloge. Vous ne pouviez me confier une mission plus haute ou plus agréable, et je ne pouvais me charger d’un soin plus honorable que celui de choisir un jeune homme digne de donner naissance aux petits-fils d’Arulenus Rusticus.
    Ce choix aurait demandé de longues recherches, si nous n’avions Minicius Acilianus tout préparé d’avance, et comme fait exprès. Il a pour moi l’affection confiante d’un jeune homme pour un autre (car il est mon cadet de quelques années), et le respect qu’on accorde à un vieillard, car il veut à son tour tenir de moi l’éducation et les principes, que je dus autrefois à vos leçons. Il est né à Brixia, dans ce pays lointain de notre chère Italie, qui garde et conserve aujourd’hui encore tant de vestiges de la réserve, de la frugalité, et aussi de la simplicité antique. Son père, Minicius Macrinus, se contente de tenir le premier rang dans l’ordre équestre, n’ayant jamais accepté de charge plus haute. Vespasien lui offrit la dignité de sénateur prétorien ; il préféra avec la plus grande

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