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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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fermeté un repos honorable, dirai-je à nos brigues ou à nos honneurs ? Son aïeule maternelle est Serrana Procula, du municipe de Padoue. Vous connaissez les mœurs de ce pays {26}  : et pourtant Serrana est citée par les Padouans mêmes comme un modèle de sévérité. La chance lui a donné aussi pour oncle P. Acilius, homme d’une gravité, d’une sagesse, d’une loyauté presque uniques. Bref vous ne trouverez rien dans toute cette famille, qui ne vous plaise comme cela vous plairait dans la vôtre.
    Quant à Acilianus, il associe beaucoup de vigueur et d’activité à une extrême modestie. Il a exercé d’une manière très honorable la questure, le tribunat, la préture {27} , et ainsi il vous a dispensé d’avance de l’obligation de les briguer pour lui. Il a un visage noble, auquel un sang généreux donne un teint vivement coloré, et toute sa personne respire la distinction d’un homme libre avec la dignité d’un sénateur. Ces qualités, selon moi, ne sont point à dédaigner ; elles sont en quelque sorte la récompense due à la pureté d’une jeune fille. Je n’ose pas ajouter que le père a une ample fortune ; car lorsque je me représente votre caractère à vous, pour qui je cherche un gendre, je pense qu’il ne faut pas parler de fortune ; mais quand j’envisage les mœurs actuelles et même les lois de l’État, qui veulent qu’on regarde avant tout les revenus des citoyens, ce point non plus ne me paraît pas négligeable. Et vraiment celui qui songe à être père et père de plusieurs enfants, doit aussi tenir compte de la fortune dans le choix d’un parti. Vous croyez peut-être que mon amitié trop indulgente vante plus que de raison les faibles mérites du jeune homme. Mais je vous donne ma parole que vous trouverez beaucoup plus que je ne vous promets. Je chéris certes ardemment ce jeune homme, comme il le mérite, mais c’est justement l’aimer encore, que de ne pas l’accabler sous les éloges. Adieu.
     
    XV. – C. PLINE SALUE SON CHER SEPTICIUS CLARUS.
    L’invitation oubliée.
     
    Eh bien vous ! vous acceptez une invitation à dîner et vous ne venez pas ! Voici la sentence : vous paierez la dépense jusqu’au dernier sou, et elle n’est pas petite. On avait préparé pour chaque convive une laitue, trois escargots, deux œufs, un gâteau d’épeautre avec du vin miellé et de la neige (car vous la compterez aussi, ou plutôt vous la compterez avant tout le reste, car elle s’est perdue sur le plateau), des olives, des betteraves, des concombres, des oignons, et mille autres mets aussi délicats. Vous auriez entendu un comédien, ou un lecteur, ou un joueur de lyre, ou même, admirez ma générosité, tous ces artistes. Mais vous avez préféré, chez je ne sais qui, des huîtres, de la fressure, des oursins, et des danseuses de Gadès. Vous en subirez le châtiment, je ne dis pas lequel. Vous avez été cruel : vous avez privé d’un grand plaisir, vous peut-être, moi certainement, mais tout de même vous aussi. Combien nous aurions plaisanté, ri, parlé littérature ! Vous pouvez trouver chez beaucoup d’autres des festins plus magnifiques, nulle part plus de gaieté, plus de franchise, plus d’abandon. Bref, essayez, et si après, vous ne refusez pas les autres invitations, je consens que vous refusiez toujours les miennes {28} . Adieu.
     
    XVI. – C. PLINE SALUE SON CHER ERUCIUS.
    Éloge de Pompéius Saturninus.
     
    J’aimais déjà Pompéius Saturninus (je parle de notre ami) et je vantais son talent, même avant d’en connaître toute la variété, la souplesse, l’étendue. Mais maintenant il a mainmise sur moi, me tient, me possède tout entier. Je l’ai entendu plaider avec autant d’élégance et d’éclat que de force et de véhémence, soit dans des discours préparés soit dans des improvisations. On y trouve des traits justes et fréquents, une période pleine et noble, des mots harmonieux et dans le goût des anciens. {29} Toutes ces beautés ont un charme merveilleux, quand elles coulent dans un débit impétueux comme un torrent, et le conservent, quand on les relit à loisir. Vous aurez la même impression que moi, quand vous aurez entre les mains ses discours ; vous ne craindrez pas de les comparer aux plus beaux des anciens, avec lesquels il rivalise. Il est aussi historien et là il vous plaira encore mieux par la brièveté, la clarté, le charme, souvent même par l’éclat et l’élévation de ses

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