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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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plus énergique, pénètre moins profondément dans l’esprit que ce qu’y enfonce la prononciation, l’expression du visage, le port et enfin le geste de l’orateur. À moins de taxer de fausseté ce trait d’Eschine, qui, ayant lu aux Rhodiens un discours de Démosthène, que tous admiraient, aurait ajouté, dit-on : Que serait-ce donc, si vous aviez entendu le monstre lui-même  ? Et pourtant, si l’on en croit Démosthène, Eschine avait un organe très sonore. Il avouait néanmoins que ce discours avait été bien mieux prononcé par son auteur. Tout cela n’a qu’un but, c’est de vous décider à entendre Isée, ne serait-ce que pour l’avoir entendu. Adieu.
     
    IV. – C. PLINE SALUE SA CHÈRE CALVINA.
    La donation généreuse.
     
    Si votre père avait laissé plusieurs créanciers, ou même un seul autre que moi, vous auriez peut-être eu raison de délibérer si vous devez accepter un héritage, lourd même pour un homme. Mais puisque, guidé par les devoirs de la parenté, j’ai désintéressé je ne dis pas les plus importuns, mais les plus pressés, et que je reste votre seul créancier ; puisque même du vivant de votre père au moment de votre mariage j’ai contribué à votre dot pour une somme de cent mille sesterces, outre celle que votre père promit pour ainsi dire sur mon bien, (car c’est sur ma fortune qu’elle devait être payée), vous avez un gage certain de ma bienveillance, et, confiante en elle, vous devez relever la mémoire et l’honneur de celui qui n’est plus. Pour vous y exhorter plus par des actes que par des paroles, je vous ferai donner quittance de tout ce que me devait votre père. N’appréhendez point qu’une telle donation me soit onéreuse. Il est vrai que mes ressources sont en somme modestes, mon rang coûteux, mon revenu, par suite de la gestion de mes terres, aussi modique qu’incertain ; mais si le revenu manque, l’économie y supplée ; elle est comme la source, d’où jaillissent mes libéralités. Il faut pourtant les régler, de façon qu’elles ne se tarissent pas à force de profusion, mais il faut les régler à l’égard des autres ; avec vous au contraire le compte s’en équilibrera toujours, même si ma générosité a dépassé la mesure. Adieu.
     
    V. – C. PLINE SALUE SON CHER LUPERCUS.
    Envoi d’un discours.
     
    Le plaidoyer que vous m’avez plusieurs fois réclamé et que je vous ai souvent promis, je vous l’envoie enfin, et non pas tout entier ; car une partie est encore sur le métier. Entre temps j’ai cru bon de soumettre à votre critique ce qui m’a paru le plus achevé. Lisez ces fragments avec attention et la plume à la main, car jusqu’à présent je n’ai rien entrepris, qui m’ait demandé plus d’application. Dans mes autres discours on n’avait à juger que de mon zèle et de ma probité d’avocat, ici on jugera en outre de mon amour de la patrie. Aussi mon ouvrage s’est-il étendu, à cause du plaisir que j’éprouvais à louer et à célébrer ma patrie, tout en me consacrant à sa défense et à sa gloire. Même là cependant, coupez et retranchez, autant qu’il sera nécessaire. Car toutes les fois que je pense au goût difficile et capricieux des lecteurs, je comprends qu’il faut attendre de la petitesse même de mon volume sa meilleure recommandation. Néanmoins, tout en réclamant de vous cette sévérité, je me vois forcé de vous demander une faveur toute contraire : c’est de vous laisser souvent dérider le front. Il faut bien faire quelques concessions aux oreilles des jeunes gens, surtout quand le sujet ne s’y oppose pas ; il n’est pas interdit de prêter aux descriptions de pays, qui seront assez fréquentes dans cet ouvrage, non seulement les ornements de l’histoire, mais aussi ceux de la poésie. Si pourtant quelqu’un pensait que j’ai répandu plus de fleurs que n’en veut la gravité oratoire, sa morosité, qu’on me passe l’expression, se laissera fléchir, je l’espère, par les autres parties du plaidoyer. Le vrai c’est que je me suis efforcé d’intéresser la plus grande diversité de lecteurs en employant plusieurs genres de style. Si donc je crains que quelques-uns, chacun selon son goût personnel, n’aiment pas certaines parties, je crois pouvoir m’assurer que l’ensemble se recommandera à tous par sa variété même. Dans un grand repas, quoique chacun s’abstienne de plusieurs plats, nous n’en louons pas moins tous l’ensemble

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