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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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ses états ; il lui a suffi de paraître en armes (et c’est sans doute la plus glorieuse de toutes les victoires), pour dompter par la terreur une nation si belliqueuse. En même temps qu’on a ainsi récompensé son courage, on a consolé sa douleur, en accordant aussi à son fils Cottius, qu’il a perdu pendant son absence, l’honneur d’une statue. C’est une gloire rare pour un jeune homme ; mais le père l’avait bien méritée aussi, et il ne fallait rien moins qu’un si puissant remède pour une blessure si cruelle. D’ailleurs Cottius lui-même brillait déjà de tant de vertus, que sa vie courte et modeste méritait d’être prolongée par une sorte d’immortalité. La pureté de ses mœurs, son sérieux, son ascendant même lui permettaient de disputer de mérite avec les vieillards auxquels cette distinction l’a égalé. Une telle distinction, si je ne me trompe, vise non seulement à la gloire du défunt, à la consolation du père, mais encore à l’exemple. Les jeunes gens animés par l’espoir de si nobles récompenses, offertes même à leur jeunesse, pourvu qu’elle en soit digne, se distingueront à l’envi dans l’exercice des vertus ; les citoyens du plus haut rang brûleront d’élever des enfants pour avoir les joies qu’ils leur donneront s’ils vivent, ou pour recevoir de si glorieuses consolations, s’ils les perdent.
    Voilà pourquoi je me réjouis au nom de l’état, mais aussi de l’amitié, qu’on ait érigé une statue à Cottius. Mon affection pour ce jeune homme accompli a été aussi vive que sont maintenant inconsolables mes regrets ; et je serai heureux de contempler de temps en temps cette statue de lui, de me retourner quelquefois pour la voir, de m’arrêter à ses pieds, de passer devant elle. Si les images des morts placées dans nos demeures allègent notre douleur, combien elles nous consolent davantage celles qui, dressées dans un lieu fréquenté, nous retracent non seulement la stature et les traits des disparus, mais leurs honneurs et leur gloire. Adieu.
     
    VIII. – C. PLINE SALUE SON CHER CANINIUS.
    Les affaires et les plaisirs.
     
    Vous livrez-vous à l’étude, à la pêche, à la chasse, ou à toutes ces distractions à la fois ? Car on peut les goûter toutes à la fois sur les bords de notre cher Larius. Le lac procure en abondance du poisson, les forêts qui l’environnent du gibier, et votre profonde retraite éveille en foule les pensées. Mais que vous jouissiez de tous ces plaisirs ou de quelqu’autre, je ne puis vous dire : « Je vous envie. » Je souffre pourtant de ne pouvoir profiter ainsi que vous de ces délassements après lesquels je soupire comme les malades après le vin, les bains et les sources. Ne romprai-je donc jamais les liens qui m’attachent si étroitement, puisqu’il m’est impossible de les dénouer ? Jamais, je crois, car aux vieilles affaires de nouvelles se joignent, sans que les premières soient terminées. Chaque jour ajoute un nœud, un anneau à la longue chaîne de mes occupations. Adieu.
     
    IX. – C. PLINE SALUE SON CHER APOLLINARIS.
    Sollicitation.
     
    Je suis dans une grande perplexité et dans un grand souci au sujet des démarches de mon ami Erucius. Je ressens pour cet autre moi-même des tourments et des angoisses qu’en pareille occasion je n’ai point éprouvés pour moi ; et d’autre part mon honneur, ma réputation, mon crédit courent des risques. C’est moi qui ai obtenu de notre César le laticlave pour Sextus et la charge de questeur ; il doit à mon appui le droit de poser sa candidature au tribunat, et s’il ne l’obtient du Sénat, je crains de paraître avoir abusé le prince. Je ne dois donc rien négliger pour que le jugement public confirme l’opinion que l’empereur, sur ma parole, a bien voulu concevoir de ses mérites. Quand je n’aurais pas ce motif pressant de m’intéresser à lui, je n’en désirerais pas moins venir en aide à un jeune homme plein de probité, de sérieux, de savoir, digne enfin de tout éloge, ainsi du reste que sa famille entière. Car son père, Erucius Clarus, est un homme très digne, d’une vertu antique, avocat éloquent et expérimenté, qui plaide avec une parfaite loyauté, une fermeté égale et non moins de modestie. Il a pour oncle C. Septicius, qui est la vérité, la franchise, la droiture, la sûreté même. Tous rivalisent d’affection pour moi, tout en m’aimant également ; voici une occasion de

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