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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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m’acquitter envers tous en la personne d’un seul. J’arrête donc, je supplie, j’assiège mes amis ; je vais de maison en maison, de réunion en réunion, et j’éprouve par mes prières le degré de crédit ou de considération dont je jouis. Je vous conjure donc à votre tour de vouloir bien vous charger d’une partie des soins que je me suis imposés ; je vous paierai de retour, si vous le demandez, et même sans que vous le demandiez. On vous aime, on vous honore, on vous courtise. Manifestez seulement vos intentions, et il ne manquera pas de gens pour les seconder avec empressement. Adieu.
     
    X. – C. PLINE SALUE SON CHER OCTAVIUS.
    Le recueil de Poésies.
     
    Que vous êtes indifférent, ou plutôt dur, et presque cruel, de retenir si longtemps de si beaux ouvrages ! Jusqu’à quand, jaloux et de vous et de moi nous refuserez-vous à vous une gloire éclatante, à moi le plus délicat des plaisirs ? Laissez-les voler de bouche en bouche et se répandre aussi loin que la langue latine. Une attente si vive et déjà si prolongée ne vous permet plus de la tromper ni de différer davantage. Quelques-uns de vos vers ont déjà paru avec éclat, s’échappant malgré vous de leur prison. Si vous ne les ramenez pas au bercail, ces vagabonds trouveront quelque jour un maître. Songez à votre condition mortelle ; ce monument seul peut vous assurer contre elle ; le reste se brise et tombe comme les hommes eux-mêmes meurent et disparaissent.
    Vous me direz selon votre habitude : « Cela regarde mes amis. » Je souhaite que vous ayez des amis assez dévoués, assez savants, assez laborieux, pour pouvoir et vouloir se charger d’un tel soin et d’un tel effort, mais prenez garde qu’il ne soit peu prudent d’espérer d’autrui ce qu’on ne s’accorde pas à soi-même.
    Pour la publication, attendons, si vous voulez. Faites au moins une lecture publique, pour vous donner l’envie de publier, pour que vous goûtiez enfin la joie, que je pressens depuis longtemps pour vous non sans raison. Je me représente en effet cette foule d’auditeurs, qui vous attendent, ces transports d’admiration, ces applaudissements, ce silence même, qui, lorsque je plaide ou que je donne une lecture, n’a pas moins de charmes pour moi que les applaudissements, pourvu qu’il soit un silence attentif, ardent, avide d’entendre la suite.
    Cessez donc de dérober à vos veilles, par des délais éternels, une jouissance si douce et si assurée ; votre hésitation excessive risquerait d’être taxée de paresse, de négligence ou même de timidité. Adieu.
     
    XI. – C. PLINE SALUE SON CHER ARRIANUS.
    L’affaire de Marius Priscus, proconsul en Afrique.
     
    C’est toujours une joie pour vous, quand notre sénat accomplit quelque acte digne de cet ordre auguste. Quoique l’amour de la tranquillité vous ait conduit dans la retraite, vous gardez cependant au fond du cœur le souci de la grandeur de l’état. Apprenez donc l’événement de ces jours derniers, événement fameux par la célébrité du personnage, salutaire par la sévérité de l’exemple, mémorable à jamais par son importance.
    Marius Priscus {42} , accusé par les Africains, dont il a été le proconsul, renonçant à toute défense, se bornait à demander son renvoi devant une commission. Cornélius Tacite et moi invités par ordre du sénat à assister les provinciaux, nous crûmes qu’il était de notre devoir de représenter au sénat que la cruauté et la barbarie de Priscus avaient dépassé la mesure des crimes auxquels on peut accorder le renvoi à une commission. On l’accusait d’avoir reçu de l’argent pour condamner et même faire égorger des innocents. Catius Fronto répondit en suppliant le sénat de limiter l’affaire à un procès en restitution ; et cet orateur très habile à tirer des larmes, enfla toutes les voiles de sa plaidoirie d’un grand vent de pitié. Grande contestation, grandes clameurs de part et d’autres : selon les uns la compétence du sénat était limitée par la loi, selon les autres elle était dégagée de toute restriction, et quels que fussent les crimes de l’accusé, le sénat avait le droit de les punir. Enfin le consul désigné Julius Ferox, homme droit et intègre, fut d’avis de donner, par provision, des juges à Marius, et en attendant de citer les personnes auxquelles on affirmait qu’il avait vendu le sang innocent. Non seulement cet avis l’emporta, mais il fut

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