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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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enfermé.
    Au delà de la terrasse, de la galerie, et du jardin s’élève un pavillon que j’appelle mes délices, mes vraies délices. J’ai choisi moi-même l’emplacement. Là j’ai une salle de bains solaires qui d’un côté regarde la terrasse, de l’autre la mer, et de tous les deux reçoit le soleil ; puis une chambre qui a vue par sa porte à deux battants sur la galerie et par la fenêtre sur la mer. Au milieu d’une paroi s’enfonce un boudoir charmant au possible, qui, au moyen de vitrages et de rideaux que l’on ouvre ou que l’on ferme, peut à volonté se joindre à la chambre ou en être séparé. Il y a place pour un lit de repos et deux chaises. À ses pieds on a la mer, derrière soi des villas, à sa tête des forêts. Autant de paysages, autant de fenêtres pour les distinguer et les réunir à la fois. Une chambre pour la nuit et le sommeil y est attenante. On n’y perçoit ni la voix des esclaves, ni le roulement de la mer, ni le fracas des tempêtes, ni la lueur des éclairs, pas même le jour, à moins d’ouvrir les fenêtres. Ce qui rend le calme de cette retraite si profond, c’est qu’entre le mur de la chambre et celui du jardin il existe un couloir dont le vide absorbe tous les bruits. À cette chambre tient une salle de chauffage toute petite, qui par une bouche étroite répand ou arrête, selon les besoins, la chaleur qu’elle reçoit par-dessous. Plus loin on trouve une antichambre et une chambre bien exposées au soleil, qui les dore dès son lever, et qui les frappe encore après midi de ses rayons, obliques il est vrai. Quand je suis retiré dans ce pavillon, je crois être bien loin même de ma villa et j’en goûte le charme singulier, surtout au temps des Saturnales, quand le reste de la maison retentit de la licence des cris de joie autorisés en ces jours. Ainsi je ne suis pas plus un obstacle aux amusements de mes esclaves qu’eux à mes études.
    Ce qui manque à tant d’avantages, à tant d’agréments ce sont des eaux courantes ; à leur défaut nous avons des puits ou plutôt des sources, car ils sont peu profonds. La nature de ce rivage est de tous points merveilleuse ; en quelque endroit que vous creusiez la terre, on trouve aussitôt de l’eau à souhait ; mais de l’eau pure et dont la douceur n’est nullement altérée par la proximité de la mer. Les forêts voisines fournissent du bois en abondance, et toutes les autres ressources se trouvent à la ville d’Ostie. Du reste pour les besoins d’un homme frugal le village même suffit, et je n’en suis séparé que par une villa. On y trouve jusqu’à trois bains publics, précieuse commodité, quand par hasard une arrivée imprévue ou un délai trop court vous dissuade de chauffer votre bain chez vous.
    Le rivage est bordé de villas, d’une délicieuse variété, tantôt contiguës, tantôt séparées ; on les prendrait pour plusieurs villes, qu’on aille par mer ou par terre le long du rivage ; celui-ci offre, parfois, après un long calme, un sol friable ; plus souvent le va-et-vient des vagues le durcit. La mer n’abonde pas, il est vrai, en poissons délicats, cependant elle fournit des soles et des squilles excellentes. Ma propriété produit encore toutes les richesses de la terre, et surtout du lait, car c’est là que les troupeaux se rendent en quittant les pâturages, quand ils cherchent l’eau et les ombrages frais.
    N’ai-je pas raison à vos yeux, maintenant, d’habiter, de ne pas quitter, d’adorer cette retraite ? Vous êtes trop citadin, si elle ne vous fait pas envie. Puisse-t-elle vous faire envie ? Venez ajouter à tous les charmes de ma petite villa le prix inestimable de votre présence. Adieu.
     
    XVIII. – C. PLINE SALUE SON CHER MAURICUS.
    Le choix d’un précepteur.
     
    Quelle commission plus agréable pourriez-vous me donner que celle de chercher un précepteur pour les fils de votre frère ? Grâce à vous je reviens à l’école et je recommence, en quelque sorte, ces années si douces ; je m’assieds, comme autrefois, au milieu des jeunes gens et j’éprouve même combien mes travaux littéraires me donnent de considération auprès d’eux. Dernièrement, au milieu d’un nombreux auditoire, en présence de plusieurs sénateurs, ils plaisantaient entre eux à haute voix ; j’entrai ; ils se turent ; je ne vous rapporterais pas ce détail, s’il ne leur faisait plus d’honneur qu’à moi, et si je ne voulais vous promettre

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