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Lettres - Tome I

Lettres - Tome I

Titel: Lettres - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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une heureuse éducation pour vos neveux.
    Il me reste maintenant à vous mander ce que je pense de chacun des professeurs, quand je les aurai entendus tous ; je tâcherai, autant du moins qu’une lettre me le permettra, de vous faire croire que vous les avez tous entendus vous-même. Je vous dois à vous, je dois à la mémoire de votre frère cette preuve de fidélité et de zèle, surtout dans une affaire de cette importance. Car que pouvez-vous avoir plus à cœur, que de rendre ces enfants, (je dirais vos enfants, si ceux-ci ne vous inspiraient maintenant une plus grande affection) dignes d’un tel père, dignes d’un oncle tel que vous ? Quand vous ne m’auriez pas confié ce soin, je l’aurais réclamé pour moi. Je n’ignore pas que le choix d’un maître va m’exposer à des mécontentements, mais pour l’intérêt de vos neveux, ce n’est pas seulement les mécontentements, mais même des rancunes que je dois affronter avec autant de courage qu’un père le ferait pour ses propres enfants. Adieu.
     
    XIX. – C. PLINE SALUE SON CHER CÉRIALIS.
    La lecture d’un plaidoyer.
     
    Vous m’engagez à lire mon discours à une réunion d’amis {51} . Je le ferai, puisque vous m’y engagez, malgré mes vives hésitations. Car je n’ignore pas qu’à la lecture les plaidoyers perdent leur véhémence et leur chaleur, et ne méritent presque plus leur nom ; rien en effet ne leur donne ordinairement tant d’intérêt et de feu que la présence de juges, l’affluence des avocats, l’attente du résultat, la réputation non d’un, mais de plusieurs orateurs, les passions diverses qui partagent l’auditoire ; ajoutez-y le geste de l’orateur, sa démarche, ses allées et venues, enfin sa vigueur physique conspirant avec tous les sentiments de son âme. De là vient que l’action de ceux qui plaident assis, quoiqu’ils conservent une grande partie des avantages qu’ils auraient eus debout, a, du fait même d’être assis, quelque chose de faible et de languissant. Quant à ceux qui lisent, ils perdent le secours des yeux et des mains, ces puissants auxiliaires de la déclamation. Aussi ne faut-il pas s’étonner que l’attention des auditeurs se refroidisse, lorsque aucune séduction extérieure ne l’entraîne, lorsque aucun aiguillon ne la réveille.
    En outre le plaidoyer en question est rempli de débats subtils et, je dirais presque, de chicanes. Or il est naturel de croire qu’un discours écrit avec peine sera pénible à entendre pour les auditeurs. Et combien y en a-t-il d’assez raisonnables pour ne pas préférer un discours agréable et harmonieux à un discours grave et serré ? C’est un désaccord bien peu honorable, mais réel, que celui qui se produit souvent entre les juges et les auditeurs, les uns n’aimant pas ce qu’approuvent les autres, alors que l’auditeur ne devrait être ému que de ce qui le toucherait aussi, s’il était juge. Cependant, malgré tant d’obstacles, la nouveauté pourra donner de l’attrait à l’ouvrage qui vous intéresse. J’entends sa nouveauté parmi nos compatriotes ; car les Grecs ont un genre d’éloquence qui, quoique très différent, offre quelque ressemblance avec celui-ci. C’était leur habitude, quand ils reprochaient à une loi d’être en contradiction avec des lois antérieures, d’en tirer la preuve de la comparaison avec d’autres lois ; ainsi moi, pour prouver qu’il y a dans la loi de restitution la disposition que je prétendais y trouver, j’ai ajouté à l’autorité de cette loi celles de plusieurs autres. Cette recherche n’a rien de flatteur pour les oreilles des ignorants, mais elle doit obtenir d’autant plus de faveur auprès des gens cultivés, qu’elle en trouve moins chez les personnes sans culture. Pour moi, si je me décide à cette lecture, je me composerai un auditoire des plus savants.
    Mais examinez bien encore si je dois m’engager dans cette lecture ; additionnez toutes les raisons que je vous ai apportées pour ou contre ; et choisissez le total qui l’emportera dans votre compte. De vous en effet on exigera des comptes ; moi je trouverai mon excuse dans ma complaisance. Adieu.
     
    XX. – C. PLINE SALUE SON CHER CALVISIUS.
    La chasse aux testaments.
     
    Préparez votre obole et vous aurez un conte qui vaut son pesant d’or ; ou plutôt des contes, car le dernier m’en a rappelé de précédents ; et peu importe celui par lequel je commencerai.
    Véranie, femme de

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