Lettres - Tome I
Au dessus du vestiaire est un jeu de paume qui peut contenir plusieurs sortes d’exercices et plusieurs groupes de joueurs. Non loin des bains un escalier conduit à une galerie voûtée et auparavant, dans trois appartements. L’un d’eux a vue sur la petite cour des quatre platanes, l’autre sur les prés, le troisième sur les vignes ; celui-ci jouit de perspectives opposées.
À l’extrémité de la galerie voûtée est une chambre, prise sur la galerie même, qui regarde l’hippodrome, les vignes, les montagnes. Il s’y joint une autre chambre bien exposée au soleil, surtout en hiver. De là se détache un bâtiment qui joint le manège à la villa ; voilà l’aspect, voilà le visage des appartements de la façade ; sur le côté, une galerie voûtée pour l’été est située sur un terrain élevé, d’où l’on croit non pas apercevoir, mais toucher les vignes. Au milieu de cette galerie une salle à manger reçoit des vallées de l’Apennin une brise très saine, et par derrière de larges fenêtres semblent laisser entrer les vignes, de même que la porte, mais à travers la galerie voûtée. Sur le côté de la salle à manger qui n’a point de fenêtres, un escalier dérobé permet le service de la table dans les grands dîners. Au bout de cette galerie est une chambre d’où la perspective de la galerie elle-même n’est pas moins agréable que celle des vignes. Au-dessous règne une galerie voûtée presque souterraine ; en été l’intérieur en est d’une fraîcheur glacée, aussi se contentant de sa température naturelle, ne réclame-t-elle, ni ne reçoit-elle aucun souffle rafraîchissant. Après ces deux galeries voûtées, du côté où finit la salle à manger, commence un portique bon pour l’hiver le matin, et pour l’été l’après midi. Il conduit à deux appartements, dont l’un a quatre chambres, l’autre trois, et qui, à mesure que le soleil tourne, sont au soleil ou à l’ombre.
Cette heureuse disposition des bâtiments est surpassée et de beaucoup par la beauté de l’hippodrome. Le milieu en est découvert, de sorte que le regard l’embrasse dès l’entrée tout entier ; il est entouré de platanes, qui vêtus de lierre verdoient à leur cime par leur propre feuillage et sur leurs troncs par un feuillage emprunté. Le lierre court capricieusement sur les troncs et les branches et joint de ses guirlandes les platanes rapprochés. Entre eux croissent des buis ; les buis du bord extérieur sont environnés de lauriers dont l’ombre se marie à celle des platanes. L’allée droite qui borde le manège s’incurve à son extrémité en hémicycle et change d’aspect ; elle est alors entourée et couverte de cyprès, dont l’ombre plus épaisse lui donne plus de fraîcheur et d’obscurité ; les allées circulaires de l’intérieur (il y en a en effet plusieurs) reçoivent une lumière très claire. Aussi il y pousse même des roses et ce n’est pas sans agrément que le soleil y contraste avec la fraîcheur des ombres. Après cette infinité de tours et de détours, l’allée redevient droite, mais non plus unique, car elle est partagée en plusieurs chemins séparés par des buis. Tantôt du gazon, tantôt le buis même, forment mille dessins, quelquefois des lettres, qui disent soit le nom du maître, soit celui du jardinier. Alternativement se dressent de petites pyramides, ou bien sont plantés les arbres fruitiers, et à l’œuvre de la plus fine civilisation succède tout à coup l’apparence de la campagne. Le milieu est orné d’un double rang de petits platanes. Derrière eux se déploie de part et d’autre l’acanthe luisante et flexible, et puis des dessins et des noms. À l’extrémité un lit de table {105} en marbre blanc est abrité par une treille, que soutiennent quatre colonnettes en marbre de Caryste. De ce lit s’échappe de l’eau, comme si le poids de ceux qui y sont couchés la faisait jaillir ; de petits tuyaux la versent sur une dalle creusée, un gracieux bassin de marbre la retient, et règle d’une manière invisible son écoulement, de façon qu’il est toujours plein sans déborder. Le guéridon des entrées {106} et les mets les plus lourds se mettent sur le bord du bassin, les plus légers flottent dans des corbeilles en forme de barques et d’oiseaux. En face une fontaine verse et recueille l’eau en même temps, car l’eau après s’être élancée retombe sur elle-même, et par deux ouvertures
Weitere Kostenlose Bücher