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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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Pline ? » Je ne puis vous exprimer combien il m’est agréable que nos noms, devenant comme les noms mêmes des lettres, au lieu de noms propres d’hommes, soient employés pour désigner les lettres, et que chacun de nous soit connu par ses travaux littéraires, même de ceux auxquels il est inconnu par ailleurs.
    Il est arrivé un autre fait semblable, il y a à peine quelques jours. À table j’étais voisin d’un homme distingué, Fabius Rufinus ; de l’autre côté, il avait un de ses compatriotes, qui ce jour-là était arrivé à Rome pour la première fois ; Rufinus lui dit en me montrant : « Voyez-vous celui-ci ? » Puis il parla longuement de mes travaux. Et notre homme : « C’est Pline », dit-il. J’avoue la vérité : je reçois une belle récompense de ma peine. Est-ce que, si Démosthène a eu raison de se réjouir qu’une vieille Athénienne, heureuse de le reconnaître, se soit écriée : « Voilà Démosthène », je ne devrais pas être heureux de la célébrité de mon nom ? Eh bien, moi j’en suis heureux et je le dis. Car je ne crains pas d’être taxé de vanité, puisque je ne rapporte sur moi que le jugement des autres, non le mien ; surtout m’adressant à vous, qui ne portez envie à la gloire de personne et qui vous réjouissez de la mienne. Adieu.
     
    XXIV. – C. PLINE SALUE SON CHER SABINIANUS {81} .
    La recommandation fructueuse.
     
    Vous avez bien fait d’accueillir de nouveau dans votre maison et dans votre affection, escorté de mes lettres, l’affranchi qui vous fut cher autrefois. Vous vous en féliciterez ; pour moi je m’en félicite, d’abord parce que je vous vois assez traitable pour vous laisser fléchir même dans la colère, ensuite parce que votre amitié pour moi va jusqu’à céder à mes conseils, ou plutôt à déférer à mes prières. Recevez donc mes éloges et mes remerciements. J’y joins pour l’avenir la recommandation d’avoir de l’indulgence pour les fautes de vos gens, même s’ils n’ont point d’intercesseur. Adieu.
     
    XXV. – C. PLINE SALUE SON CHER MAMILIANUS.
    Les passereaux et les colombes.
     
    Vous vous plaignez de la multitude de vos occupations militaires, et pourtant, comme si vous jouissiez d’un parfait loisir, vous lisez mes amusements et mes sottises, vous les aimez, vous les réclamez et vous me pressez même vivement d’en composer d’autres. Je commence en effet à espérer de ce genre de travaux non seulement une distraction, mais même de la gloire, depuis qu’ils obtiennent l’approbation d’un homme si savant, si sérieux, et surtout si sincère que vous. En ce moment la défense de quelques causes, quoique modérément, m’absorbe cependant. Dès que j’en serai quitte, je vous enverrai encore quelques essais de ces mêmes muses, puisque vous leur ouvrez un cœur si bienveillant. Vous, donnez l’essor à mes passereaux et à mes mignonnes colombes en même temps qu’à vos aigles, si toutefois votre confiance dans leurs forces égale la leur ; s’ils ont seuls confiance, vous veillerez à les garder dans la cage ou dans le nid. Adieu.
     
    XXVI. – C. PLINE SALUE SON CHER LUPERCUS {82} .
    La hardiesse oratoire.
     
    Parlant d’un orateur de notre temps, correct certes et pur, mais sans grandeur et sans ornement, j’ai dit, je crois avec justesse : « Il n’a qu’un défaut, c’est de ne pas avoir de défaut. » L’orateur en effet doit s’élever, s’exalter, parfois même être bouillonnant, emporté, et surtout s’approcher du précipice ; car généralement les hauteurs et les sommets touchent aux abîmes. Plus sûr est le chemin de plaine, mais plus bas et plus terre à terre ; plus fréquentes les chutes pour ceux qui courent, que pour ceux qui rampent, mais ceux-ci n’ont aucun mérite à ne pas tomber, ceux-là en acquièrent même en tombant ; car à l’éloquence comme à d’autres arts rien ne donne plus de prix que de s’exposer au risque. Vous voyez les gymnastes qui, le long d’une corde s’efforcent d’atteindre le sommet ; quelles acclamations ils soulèvent, toutes les fois qu’ils paraissent sur le point de tomber. Ce que nous admirons le plus, c’est le plus inattendu, le plus hasardé, ce que les grecs appellent plus exactement du mot παβάβολα , aventureux. Voilà pourquoi un pilote montre moins d’habileté à voguer sur une mer calme que dans la tempête ; dans un cas, personne ne l’admire, et il entre au port sans

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