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Lettres - Tome II

Lettres - Tome II

Titel: Lettres - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pline le Jeune
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vendanges maigres certes, mais pourtant plus abondantes que je ne l’espérais ; si c’est cueillir la vendange que de couper une grappe de-ci de-là, visiter le pressoir, goûter le vin doux à la cuve, traîner mes pas vers les esclaves de la ville, qui, maintenant, chargés de surveiller ceux de la campagne, m’ont laissé à mes secrétaires et à mes lecteurs. Adieu.
     
    XXI. – C. PLINE SALUE SON CHER SABINIANUS.
    Le pardon.
     
    Votre affranchi, contre lequel vous disiez que vous étiez irrité, est venu à moi et se jetant à mes pieds comme il l’eût fait aux vôtres, il s’y tient attaché. Beaucoup de larmes, beaucoup de prières, beaucoup même de silence ont fini par me convaincre de son repentir. Vraiment je le crois corrigé, parce qu’il sent qu’il a commis une faute.
    Vous êtes fâché, je le sais, et vous êtes fâché avec raison, je le sais aussi ; mais jamais la douceur n’est plus estimable que quand la colère a de plus justes motifs. Vous avez aimé cet homme, et, je l’espère, vous l’aimerez encore ; en attendant il suffit que vous vous laissiez fléchir. Vous pourrez vous fâcher de nouveau, s’il le mérite, et après vous être laissé fléchir, vous serez plus excusable. Accordez quelque chose à sa jeunesse, accordez-le à ses larmes, accordez-le à votre bonté naturelle. Ne le tourmentez plus, ne vous tourmentez plus vous-même ; car c’est vous tourmenter, vous d’un caractère si doux, que de vous fâcher.
    Je crains de vous paraître non pas prier, mais exiger, si à ses prières je joins les miennes. Je les joindrai pourtant avec d’autant plus de force et d’instances, que je l’ai réprimandé lui-même avec plus de vigueur et de sévérité, l’ayant menacé nettement de ne jamais plus intercéder en sa faveur. Mais cette menace était pour lui qu’il fallait intimider, non pas pour vous, car il m’arrivera peut-être encore d’implorer, encore d’obtenir grâce, pourvu que le cas soit de nature à rendre honorable pour moi de prier, pour vous d’exaucer. Adieu.
     
    XXII. – C. PLINE SALUE SON CHER SEVERUS.
    Le parent de Properce.
     
    J’ai ressenti une vive inquiétude de la maladie de Passienus Paulus, et pour des raisons aussi nombreuses que légitimes. C’est un homme excellent, d’une grande vertu, et plein d’amitié pour moi ; en outre dans les lettres il rivalise avec les anciens, les fait revivre, nous les rend, surtout Properce, dont il tire son origine, dont il est le véritable descendant et auquel il ressemble surtout dans ce que ce grand poète a de meilleur. Prenez ses élégies et vous lirez des vers élégants, tendres, agréables, et réellement écrits dans la maison de Properce. Depuis peu il s’est tourné vers la poésie lyrique, dans laquelle il reproduit Horace, avec autant de bonheur que dans l’autre genre il imitait l’autre poète. On le croirait, si la parenté a quelque valeur dans les lettres, proche parent aussi d’Horace. Beaucoup de variété, beaucoup de mobilité ; il dépeint l’amour comme le sincèrement épris, la douleur en homme désolé, il loue comme les plus bienveillants, il badine comme les plus spirituels, en chaque genre enfin il atteint la perfection, comme s’il n’en cultivait qu’un. C’est pour un ami si cher, pour un si grand talent, que j’étais non moins malade d’esprit que lui de corps ; mais enfin il m’est rendu, je suis rendu à moi-même. Félicitez-moi, félicitez aussi les lettres mêmes auxquelles son péril a fait courir autant de danger, que son salut leur vaudra de gloire. Adieu.
     
    XXIII. – C. PLINE SALUE SON CHER MAXIMUS.
    La vanité littéraire.
     
    Souvent, quand je plaidais, il m’est arrivé que les centumvirs {80} , après s’être longtemps renfermés dans leur dignité et leur gravité de juges, tous ensemble brusquement comme vaincus et contraints, se levaient et applaudissaient. Souvent j’ai obtenu du sénat une gloire qui répondait à tous mes vœux ; mais je n’ai jamais éprouvé une joie pareille à celle que me causa une récente conversation avec Cornélius Tacite. Il racontait qu’aux derniers jeux du cirque il s’était trouvé assis auprès d’un chevalier romain. Celui-ci, après des propos variés et savants, lui demanda : « Êtes-vous de l’Italie ou de quelque province ? » Tacite répondit : « Vous me connaissez, et c’est aux lettres que je le dois. » L’autre reprit : « Êtes-vous Tacite ou

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