Lettres - Tome II
cependant comme s’il y était joint : il sera en effet facile à travers cette étroite bande de terre interposée de transborder sur le fleuve les chargements amenés par le canal. Voilà ce que l’on pourra faire, si l’on y est contraint, mais on n’y sera pas contraint, je l’espère. Le lac en effet est par lui-même assez profond ; de plus en l’état actuel il émet en sens contraire un cours d’eau, qui barré de ce côté et détourné du côté où nous en avons besoin, sans aucun inconvénient pour le lac, lui apportera autant d’eau qu’il en emporte maintenant. En outre sur le parcours du canal à creuser aboutissent des ruisseaux, qui, recueillis avec soin, accroîtront le débit du lac. Toutefois, si l’on préférait prolonger le canal et l’approfondir jusqu’au niveau de la mer, et le faire aboutir non dans le fleuve, mais dans la mer elle-même, la résistance des vagues contiendrait et refoulerait toute l’eau qui viendrait du lac. Si aucune de ces solutions n’était permise par la nature des lieux, il resterait la ressource de retenir le cours des eaux par des écluses. Mais ces moyens et d’autres seront recherchés et examinés avec beaucoup plus de compétence par le géomètre, que vous m’enverrez certainement, seigneur, comme vous me l’avez promis. C’est une entreprise digne de votre grandeur et de vos soins. En attendant j’ai écrit, d’après vos instructions, à l’illustre Calpurnius Macer {109} de m’envoyer un géomètre aussi habile que possible.
LXII. – TRAJAN À PLINE.
Acceptation de l’empereur.
Il est évident, mon très cher Secundus, que ni votre prévoyance ni votre diligence m’ont été en défaut au sujet du lac en question, puisque vous avez prévu tant de moyens d’éviter le danger de l’épuiser et d’en accroître l’utilité pour nous. Choisissez donc celui que la situation conseillera de préférence aux autres. Je pense que Calpurnius Macer ne manquera pas de vous procurer un géomètre ; les provinces où vous êtes ne sont pas dépourvues de pareils techniciens.
LXIII. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Avis.
Votre affranchi Lycormas m’a écrit, seigneur, que, si quelque ambassade du Bosphore passait ici se dirigeant vers Rome, je la retinsse jusqu’à ce qu’il arrivât lui-même. Or d’ambassade, du moins dans la ville où je suis il n’en est encore venu aucune ; mais il est venu un courrier du roi Sarmate {110} . J’ai cru devoir profiter de cette occasion, offerte par le hasard, et vous envoyer avec ce courrier, celui qui a précédé Lycormas, afin que vous puissiez apprendre par les lettres et de Lycormas et du roi les nouvelles qu’il vous importe peut-être de connaître en même temps.
LXIV. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Avis.
Le roi Sarmate m’a écrit qu’il se passait certains faits dont vous deviez être instruit au plus tôt. Pour cette raison afin de hâter le courrier qui vous porte ses dépêches, je le munis d’un passe-port.
LXV. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Au sujet des enfants entretenus.
Une question importante, seigneur, et qui intéresse toute la province est celle de la condition et de l’entretien de ceux, qu’on nomme θρεπτούς (nourris). À ce sujet, j’ai consulté les institutions des empereurs, et n’y trouvant aucune décision soit particulière, soit générale, qui s’appliquât aux Bithyniens, j’ai cru bon de vous demander vos intentions à cet égard. Je ne pense pas en effet pouvoir, dans une question qui réclame l’autorité de votre décision, me contenter des précédents. On m’a lu, il est vrai, un édit, qu’on attribue au divin Auguste, visant Annia ; on m’a lu aussi des lettres du divin Vespasien aux Lacédémoniens, et du divin Titus aux mêmes, et aux Achéens, d’autres de Domitien à Avidius Nigrinus et à Armenius Brocchus, proconsuls, ainsi qu’aux Lacédémoniens. Je ne vous les envoie pas, parce que le texte m’en paraît peu sûr, et que quelques-unes même ne semblent pas authentiques, parce qu’aussi les textes authentiques et sûrs se trouvent, je crois, dans vos archives.
LXVI. – TRAJAN À PLINE.
Explication de l’empereur.
La question que vous posez au sujet de ceux qui nés libres ont été exposés, puis recueillis par quelqu’un et élevés dans la servitude, a été souvent traitée. Mais dans les décisions de mes prédécesseurs il ne s’en trouve
Weitere Kostenlose Bücher