Lettres - Tome II
l’on puisse diminuer quelque chose sur l’intérêt, et par là attirer des débiteurs solvables ; et si, au cas où même ainsi on n’en trouverait point, on ne peut répartir l’argent entre les décurions, en leur demandant de solides garanties envers l’état. Cette obligation, même s’ils ne s’y soumettent qu’à contre cœur et en protestant, leur sera moins amère, pourvu qu’on allège un peu l’intérêt.
LV. – TRAJAN À PLINE.
Consentement accordé.
Moi aussi, je ne vois d’autre remède, mon très cher Secundus, que de diminuer le taux de l’intérêt, pour faciliter le placement des revenus publics. Vous en fixerez vous-même le cours d’après l’affluence des emprunteurs. Quant à forcer quelqu’un à se charger malgré lui de sommes, dont il n’aurait peut-être pas l’emploi, cela ne sied pas à la justice qui doit honorer mon règne.
LVI. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Du sort de quelques bannis.
Je vous suis, seigneur, infiniment reconnaissant de daigner, malgré les plus hautes occupations, me guider moi-même dans les affaires que je vous ai soumises. Accordez-moi encore aujourd’hui la même faveur, je vous prie. Un homme est venu me trouver et m’a exposé que ses adversaires exilés pour trois ans par Servilius Calvus, homme d’un grand renom, restaient encore dans la province. Eux au contraire m’ont soutenu que le même Calvus les a rappelés et ils m’en ont lu le décret. Aussi ai-je cru bon de renvoyer toute l’affaire à votre jugement. Car si vos instructions prescrivent que je ne rappelle aucun exilé condamné soit par un autre, soit par moi, il n’y est rien dit de ceux qui auront été à la fois exilés et rappelés par un autre que moi. C’est donc à vous, seigneur, que je dois demander quelle conduite vous désirez me voir tenir tant au sujet de ces derniers, qu’à propos de ceux qui exilés à perpétuité et non rappelés, se trouvent quand même dans la province. Car ce cas aussi est soumis à ma décision. On m’a amené en effet un homme exilé à perpétuité par le proconsul Julius Bassus. Moi, sachant que les actes de Bassus ont été cassés, et que le sénat a donné à tous ceux qui ont été l’objet d’une décision quelconque de ce magistrat, le droit de reprendre l’affaire dans un délai de deux ans, j’ai demandé à l’homme qu’il avait exilé, s’il s’était rendu devant le proconsul et lui avait exposé son cas. Il m’a répondu que non. D’où ma consultation présente : faut-il le rendre à sa première peine, ou lui imposer une peine plus grave, et laquelle de préférence, à lui-même et à ceux qui peuvent se trouver dans la même situation ? Je joins à cette lettre le décret et l’édit de Calvus, ainsi que le décret de Bassus.
LVII. – TRAJAN À PLINE.
Distinction sur la pénalité encourue.
Quelle décision il faut prendre au sujet de ceux qui, exilés pour trois ans par le proconsul P. Servilius Calvus, puis rappelés par un édit du même magistrat, sont cependant restés dans la province, je vous l’écrirai bientôt, quand je me serai informé auprès de Calvus des motifs de sa conduite. Quant à celui qui a été exilé à perpétuité par Julius Bassus et qui, ayant eu pendant deux ans la faculté de se pourvoir s’il se croyait injustement exilé, ne l’a pas fait et a persisté à rester dans la province, il doit être arrêté et envoyé aux préfets de mon prétoire : car ce n’est pas assez de l’astreindre à sa première peine, à laquelle il s’est soustrait par contumace.
LVIII. – C. PLINE À L’EMPEREUR TRAJAN.
Affaire de Flavius Archippus.
Comme je convoquais des juges, seigneur, pour tenir ma séance, Flavius Archippus m’a demandé une dispense à titre de philosophe. Quelques-uns ont prétendu que non seulement il fallait le libérer de l’obligation de juger, mais même le rayer tout à fait du nombre des juges et l’astreindre au châtiment, auquel il s’était soustrait en s’évadant de prison. On a lu la sentence du proconsul Vélius Paulus qui prouve qu’Archippus a été condamné aux mines pour crime de faux. Lui ne produisait aucune preuve de sa réhabilitation. Il alléguait cependant à défaut d’acte de réhabilitation un écrit remis par lui à Domitien, des lettres à son honneur de ce prince et un décret des Prusiens. Il y ajoutait des lettres que vous lui aviez écrites ; il y ajoutait aussi un
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