Lettres
d’autre à faire ici et parce que, en travaillant, je peux oublier un peu tous les soucis que j’ai eus l’an dernier. Je suis en train de peindre des huiles sur de petites plaques d’aluminium et il m’arrive d’aller dans une école d’artisanat ; j’ai réalisé deux lithographies absolument nulles (48) .
Si j’en fais d’autres et qu’elles sont meilleures, je vous les montrerai à New York.
Je pense que nous allons bientôt partir à New York. Diego est en train de peindre le dernier grand mur, ce qui va lui prendre encore deux semaines, ensuite nous dirons au revoir à Detroit pour quelque temps.
M. Valentiner arrive la semaine prochaine, vous aurez probablement l’occasion de le voir à New York. Quel bonheur qu’il soit de retour, vous ne trouvez pas ?
Quoi de neuf à New York ? Les gens passent-ils leur temps à parler de Technocratie ? Ici, tout le monde n’a que ce mot à la bouche et je me dis que c’est partout pareil. Je me demande bien ce que va devenir cette planète.
Permettez-moi de vous remercier encore une fois de votre joli cadeau et, s’il vous plaît, transmettez mes amitiés à Mme Milton, à Nelson et à son épouse. Embrassez bien tous les enfants de ma part.
Recevez mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Diego vous transmet ses amitiés.
Sincères salutations,
Frieda
*
Detroit, 6 mars 1933
Chère Madame Rockefeller,
Vous n’imaginez pas à quel point votre lettre m’a fait plaisir. Nous étions tellement désolés d’apprendre que vous étiez tombée malade, mais votre lettre était pleine de bonnes nouvelles et nous sommes ravis d’apprendre que vous allez mieux.
Comme vous devez le savoir, la superbe exposition de peinture italienne des XV e et XVI e siècles que M. Valentiner est en train de préparer ouvrira ses portes le 8 mars à l’Institute of Arts de Detroit. Ce serait merveilleux que vous alliez suffisamment bien pour venir la voir.
Diego a fini les fresques et, si vous venez, vous pourrez les voir par la même occasion.
La réception pour les fresques aura lieu plus tard, à cause des changements qui doivent être réalisés dans la cour, entre autres le déplacement de la fontaine centrale.
Nous quitterons probablement Detroit pour New York lundi prochain et nous espérons que vous pourrez venir avant notre départ. S’il vous plaît, dites à M. et à Mme Milton que nous serions ravis s’ils pouvaient venir également, ainsi que Nelson et son épouse. Comment vont tous les petits ? J’espère les voir quand je serai à New York. C’était si gentil à vous de m’avoir envoyé leur photo, je ne l’oublierai jamais.
J’ai été bien fainéante ces derniers jours, je n’avais pas envie de peindre, ni de faire quoi que ce soit, mais dès que j’arriverai à New York, je m’y remettrai. Je vous montrerai ce que j’ai fait ici, même si c’est affreux.
Veuillez m’excuser de ne pas avoir répondu plus vite à votre lettre, mais j’étais au lit avec un rhume lorsque je l’ai reçue, je me remets à peine.
J’espère avoir bientôt de vos nouvelles et, en attendant, je vous embrasse.
Diego vous transmet ses amitiés.
Frieda
Lettre à Clifford Wight (49)
New York, 11 avril 1933
Barbizon Plaza
Cliff,
J’ai bien reçu tes deux lettres mais, comme d’habitude, j’ai trouvé tellement de prétextes pour traîner que je te réponds à peine maintenant. J’espère que tu me pardonneras. N’est-ce pas ?
En premier lieu, je dois te dire que New York est encore pire que l’an dernier, ses habitants sont tristes et pessimistes… Malgré tout, la ville est belle à plusieurs égards et je me sens mieux ici. Diego travaille d’arrache-pied et une moitié du grand mur est presque finie. C’est magnifique et lui, il est heureux (moi aussi).
J’ai revu les mêmes choses et les mêmes gens, à l’exception de Lupe Marín , qui a passé deux semaines ici. Jamais je n’aurais cru qu’elle serait si gentille et si aimable, et ce n’est pas rien en l’occurrence.
On a sillonné ensemble les théâtres, les cabarets, les cinémas, les bazars, les drugstores, les restaurants bon marché, China Town, Harlem, etc., et… elle était enchantée ! Oh boy !
Elle a commencé par se casser la figure dans les escalators de Macy’s. Elle a fait un de ces scandales soi-disant qu’elle n’était pas une acrobate ! Elle parlait à tout le monde en espagnol, même aux policiers, et
Weitere Kostenlose Bücher