Lettres
ensemble !!! Et heureux !!!
Diego me demande de répondre à la lettre que Clifford lui a envoyée, alors je le fais, mais vous allez devoir m’excuser de ne pas répondre avec ses mots exacts (…) je ne peux pas me souvenir de tout ce qu’il dit. Pour faire bref, il veut vous remercier pour la lettre, les photos, les poupées, tout ce que vous nous avez si gentiment envoyé, et il vous rappelle que vous avez un bout de terrain au Mexique, où vous pouvez vous faire construire une petite maison, pour vous et pour whachyoumaycallit [ elle dessine un petit chien ], si jamais vous en avez envie. Diego serait ravi que vous y alliez quand nous y serons. Par ailleurs, il dit qu’il est très heureux d’apprendre que Cliff étudie le communisme. Quel dommage que vous n’ayez pas été à New York au moment de l’affaire Rockefeller et maintenant que Diego peint dans la New Worker’s School.
J’ai appris tellement de choses ici, je suis de plus en plus convaincue que la seule façon de devenir un homme, je veux dire un être humain et pas un animal, c’est d’être communiste. Vous vous moquez de moi ? N’en faites rien, je vous en prie. Parce que c’est la pure vérité.
Diego a presque fini les fresques de la New Worker’s School, elles sont vraiment chouettes, je vous en envoie quelques photos prises par Lucienne. Elles ne valent pas l’original mais ça vous donnera une idée. Lucienne s’est éreintée à prendre des photos, mais elle est elle-même déçue par le résultat. Dans le Radio City, en revanche, elle s’est bien débrouillée, ce sont surtout ses photos qui ont permis de rendre publique toute cette affaire.
Sánchez s’est marié il y a quelques semaines avec une fille du Texas ; elle pèse 76 livres et elle est toute petite. Une fille bien, en tout cas ils sont très heureux… Sánchez a l’air très pâle… Je ne sais pas pourquoi ???????
Lucienne et Dimitroff, comme toujours, très très heureux ; tous les deux sont désormais membres du Parti ; quand il y a une grève, ils vont parler aux ouvriers, ils prononcent des discours dans les meetings et passent du bon temps.
Sánchez et Dimitroff sont les deux seuls à travailler pour Diego en ce moment, Lucienne donne un coup de main de temps en temps.
J’ai un peu peint, j’ai lu et je me traîne, comme d’habitude. À présent j’ai fini de tout emballer et je n’attends qu’une chose : le retour.
Comment allez-vous, les gars ? Racontez-moi tout ce que vous faites, vos projets d’avenir, bref, tout. Vous avez vu le docteur Eloesser ? Et Ralph ? Transmettez mes amitiés à tous nos amis : Emily Joseph, Ginette, Ralph, le docteur Eloesser, Pflueger, etc. etc. etc. etc. etc. etc.
Ma nouvelle adresse est Hôtel Brevoort, 5 th Ave. et 8 th Street. Celle de Mexico, vous la connaissez : Ave. Londres 127, Coyoacán, D.F., Mexico, Air Mail.
Écrivez-moi vite, s’il vous plaît, aussi vite que vous le pourrez, avant que je reparte au Mexique.
Encore merci pour tout ce que vous m’avez envoyé, j’espère vous voir de temps en temps dans mes rêves, jusqu’à ce que nous nous retrouvions au Mexique dans la réalité.
Au revoir.
La Chicua
Vous avez vu le dessin animé Les Trois Petits Cochons, Qui a peur du grand méchant loup ? et Je ne suis pas un ange avec Mae West ? Je les trouve fabuleux. J’envoie à Cliff de la littérature communiste.
Lettre à Ella Wolfe
New York, 30 octobre 1933
Ella, ma belle,
Ne sois pas méchante et accepte l’argent de Paca. Pourquoi est-ce que tu devrais payer les livres qui ont profité à d’autres ?
Je te l’envoie par courrier, sinon je sais que tu ne l’accepteras pas.
Hier, on est allés écouter une conférence de Roger Baldwin, c’était OK, mais il est carrément nul question « free speech » Welch a bien parlé, il a dit à Baldwin ses quatre vérités. Tu comprends ? Non, bon, je t’expliquerai plus tard.
Je passerai te voir tout à l’heure à l’École (55) , alors au revoir au revoir au revoir,
La Chicua
Peel me a grape !
Merci pour les lettres que tu as bien voulu écrire à Mme Mathias et à Burroughs.
Un baiser à Bertrancito Wolfe de la Chicua.
Lettre à Isabel Campos
New York, 16 novembre 1933
Ma belle Chabela,
Ça fait un an que je ne sais rien de toi ni de vous tous. Je te laisse imaginer l’année que j’ai passée ; mais n’en parlons plus, ça ne sert à rien
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