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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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la clé chez moi histoire que Bert puisse étudier.
    Je vous vois ce soir.
    Des tas de baisers de votre pote toute maigrichonne qui vous aime du fond du cœur.
    Friedita
     
    Le jour approche et je suis bien triste. D’après Diego, c’est ma faute si on repart au Mexique. J’ai passé la journée à pleurnicher.

Lettre à Ella Wolfe
    Mexico, 11 juillet 1934
     
    Ella, ma belle,
    Comment vais-je avoir le culot de t’écrire cette lettre   ? Je préfère encore ne rien dire, ne pas te présenter des excuses en tout genre. Le fait est que je ne t’ai pas écrit, que je me suis comportée comme une sale dégueulasse, puante, infâme, infecte, etc., etc. et tout le mal que tu peux penser de moi n’est rien comparé à ce que je mérite, mais tu vas tout oublier un instant et moi, je vais te raconter dans cette lettre ce que dans aucune autre je ne t’ai dit (forcément, puisque je n’en ai pas écrit).
    Tu me demandais dans ta dernière lettre ce que Diego et moi avions pensé du livre (56) ; pour ma part, je le trouve magnifique, et Diego a beaucoup aimé. Il a regretté cette histoire de préface incomplète, mais il a compris pourquoi et la déception est passée dès qu’il a commencé à lire le texte de Bert et à voir les reproductions, que nous avons d’ailleurs trouvées superbes   ; la présentation du livre est splendide et de manière générale tout est très bien   ; ni moi ni Diego n’avons écrit à Harry et il doit nous traiter de tous les noms de la terre, mais je suis sûre, ou du moins j’espère qu’il nous pardonnera et que la colère lui passera dès que nous lui écrirons   ; et toi, dis à Bert, s’il te plaît, qu’il a le droit de maudire, d’insulter, etc., etc., ces sagouins de Rivera qui n’ont même pas été fichus de lui écrire deux lignes à propos du livre et de son texte magnifique   ; mais quand il sera à court d’insultes, qu’il nous pardonne, alors les choses reprendront leur cours et nous aurons le plaisir d’aller nous promener tous ensemble à Water Gap, même si je dois encore me faire virer de l’hôtel pour avoir enfreint la loi morale des États-Punis en portant un pantalon de mécanicien dans la salle à manger. Non, sérieusement, dis à Boit de ne pas se mettre en colère contre nous   ; et puis il sait le genre de bonne pâte que sont ses deux amis du Mexique connus sous le nom de Diego et la Puissante Chicua, alors il faut qu’il soit indulgent avec nous cette fois, et toi aussi naturellement, sinon ça ne servirait à rien.
    Figure-toi que l’autre jour j’ai rencontré ce salaud de Siqueiros chez Misrachi, et il a eu le culot de me saluer après avoir écrit cette saleté d’article dans le New Masses (57) ; moi, je l’ai traité comme un chien et je ne lui ai même pas répondu, quant à Diego, il a fait encore pire. Siqueiros lui a dit   : « Comment ça va, Diego   ? » et Diego a sorti son mouchoir, il a craché dedans et il l’a remis dans sa poche   ; il ne lui a pas craché à la figure parce qu’il y avait du monde et que ça aurait fait un scandale, mais je peux te dire que Siqueiros avait l’air d’une vieille punaise écrasée, il est reparti la queue entre les jambes. Qu’est-ce que tu penses de cet article   ? Bon, il y a de quoi l’envoyer paître chez sa génitrice et lui passer un bon savon à ce salaud, tu ne crois pas   ? Diego ne s’est pas encore décidé à rédiger un article contre parce que ce serait faire trop d’honneur à cet abruti, mais je vais lui dire de l’écrire pour le mettre plus bas que terre, parce qu’il ne mérite pas de s’en sortir sans une égratignure, ce fils de… Qu’en dis-tu   ?
    À part ça, ma belle, qu’est-ce que j’étais contente d’apprendre que Jim va venir à Mexico, quand j’ai lu ta lettre j’avais peine à y croire, mais quand j’ai vu que c’était vrai, j’ai sauté de joie. Et en même temps, pour être franche, ça m’a rendue triste, parce que j’aurais tellement aimé que toi et Boit vous veniez avec lui. J’ai dit à Paca que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour te faire venir, mais elle m’a expliqué que tu lui avais écrit que tu devais travailler tout l’été, ça m’a fichu un coup au moral, tu n’imagines pas ce que je donnerais pour vous avoir ici, ne serait-ce qu’un mois, pour aller nous promener tous ensemble, parler à bâtons rompus, nous amuser… bref, tout ce que nous pourrions faire ensemble à Mexico,

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