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Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
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presque un an. J’ai travaillé durant toutes ces années avec l’élan spontané de mes sentiments. Je ne suis d’aucune école, je n’ai jamais revendiqué l’influence de qui que ce soit   ; de mon travail, je n’ai rien attendu d’autre que la satisfaction de peindre et de dire ce que je ne pouvais exprimer autrement.
    J’ai réalisé des portraits, des compositions de figures, parfois aussi des tableaux où le paysage ou la nature morte prenait le dessus. J’ai réussi à trouver, sans y être forcée par un quelconque préjugé, une expression personnelle dans la peinture. Durant dix ans, mon travail a consisté à éliminer tout ce qui n’était pas issu des mobiles lyriques internes qui me poussaient à peindre.
    Ayant toujours travaillé avec mes sensations, mes états d’âme et les réactions profondes que la vie a déchaînés en moi, j’ai fréquemment objectivé tout cela par des représentations de moi-même   : ma façon la plus sincère et vraie d’exprimer ce que je ressentais par-devers moi et face à moi.
    J’ai exposé pour la première fois l’an dernier (1938), dans la galerie de Julien Levy à New York. J’y ai présenté vingt-cinq tableaux. Douze d’entre eux font maintenant partie des collections des personnes suivantes   :
    Conger Goodyear. NY.
    Mrs. Sam Levinson. NY.
    Mrs. Clare Luce. NY.
    Mrs. Salomon Sklar. NY.
    Mr. Edward G. Robinson. Los Angeles (Hollywood).
    Walter Peach. NY.
    Mr. Edgar Kaufmann. Pittsburgh.
    Mr. Nickolas Muray. NY.
    Dr. Roose. NY.
    Plus deux personnes dont j’ai oublié le nom, mais Julien Levy peut les indiquer. L’exposition s’est tenue du 1 er au 15 novembre 1938.
    Ensuite, j’ai fait une exposition à Paris, organisée par André Breton, à la galerie Renou et Colle, du 1 er au 15 mars 1939. (Les seules expositions que j’ai réalisées dans ma vie.) Mon travail a intéressé la critique parisienne ainsi que les artistes. Le musée du Louvre (Jeu de paume) a fait l’acquisition d’un de mes tableaux.
    Je peux citer comme référence les personnes suivantes   :
    Diego Rivera. Palma et Altavista. Villa Obregón, D. F., Mexico.
    Pablo Picasso. Rue de la Boétie, Paris.
    Carlos Chávez.
    Mr. Sam Levinson. (J’ai oublié son adresse.)
    Marcel Duchamp. 42, rue Fontaine. Paris, 9 e .
    M. William Valentiner. Directeur Museum Detroit. Conger Goodyear. Museum of Modern Art.
    J’ai l’intention de réaliser une exposition aux États-Unis. Je suis en train de travailler sur des tableaux de grand format, qui exigent beaucoup de travail. J’ai besoin de tranquillité pour peindre, et je n’arrive pas à « joindre les deux bouts ». Voilà pourquoi je sollicite la bourse Guggenheim.
    Mille mercis. Si tu as besoin d’un détail supplémentaire, tu n’as qu’à m’appeler.
    Je t’embrasse.
    Frida (83)

Lettre à Nickolas Muray (84)
    Coyoacán, 13 octobre 1939
     
    Nick, mon chéri,
    Je n’ai pas pu t’écrire avant. Depuis que tu es parti, c’est allé de mal en pis avec Diego, et maintenant tout est fini. Il y a deux semaines, nous avons entamé les démarches du divorce. J’aime Diego et tu comprendras que ce chagrin ne disparaîtra pas de mon vivant. Après notre dernière dispute (au téléphone, car cela fait presque un mois que je ne le vois pas), j’ai compris qu’il valait mieux pour lui qu’il me quitte. Il m’a dit les pires choses que tu puisses imaginer, des insultes dégoûtantes auxquelles jamais je ne me serais attendue venant de lui. Je ne peux pas te raconter tous les détails ici, c’est impossible, mais un jour, quand tu viendras au Mexique, je t’expliquerai. Je suis tellement mal fichue et je me sens tellement seule à présent que j’ai l’impression que personne au monde n’a autant souffert que moi, mais j’espère que cela sera différent dans quelques mois.
    Mon chéri, je dois te dire que je ne vais pas envoyer le tableau avec Miguel. La semaine dernière, j’ai dû le vendre à quelqu’un, par l’intermédiaire de Misrachi, parce que j’avais besoin de cet argent pour aller consulter un avocat. Depuis que je suis rentrée de New York, je n’ai pas accepté un seul satané centime de Diego, pour des raisons que tu peux comprendre. Jamais je n’accepterai le moindre argent d’un homme tant que je serai en vie. Pardonne-moi, je t’en prie, d’avoir fait ça avec un tableau qui t’était destiné. Mais je tiendrai ma promesse et j’en peindrai un autre dès que j’irai mieux. C’est

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