Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Lettres

Titel: Lettres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frida Kahlo
Vom Netzwerk:
qu’un demi-succès   ? Raconte-moi un peu. Mon chéri, si possible, évite de travailler si dur. Ça te fatigue le cou et le dos. Dis à Mam de prendre soin de toi et de t’obliger à te reposer quand tu te sens fatigué. Dis-lui que je suis encore plus amoureuse de toi, que tu es mon amour et mon amant, et qu’en mon absence elle doit t’aimer plus que jamais, afin de te rendre heureux.
    Ta nuque te fait très mal   ? Je t’envoie des millions de baisers dans ton joli cou pour qu’il aille mieux. Toute ma tendresse et toutes mes caresses pour ton corps, de la tête aux pieds. J’embrasse à distance le moindre de ses recoins.
    Mets le plus souvent possible le disque de Maxine Sullivan sur le gramophone. Je serai là avec toi , en train d’écouter sa voix. Je t’imagine allongé sur le sofa bleu, avec ta cape blanche. Je te vois en train de viser la sculpture à côté de la cheminée, j’entends le ressort sauter dans les airs et j’entends ton rire – le rire d’un enfant – quand tu fais mouche. Oh, Nick, mon chéri, je t’adore tellement. J’ai tellement besoin de toi que mon cœur me fait mal.
    J’imagine que Blanche sera là la première semaine de mars. Je serai contente de la voir parce que c’est quelqu’un de vrai, de doux et de sincère, et elle est pour moi comme une part de toi-même.
    Comment vont Aria et Lea   ? Transmets-leur toute ma tendresse, s’il te plaît, ainsi qu’à Ruzzie, et dis-lui que c’est un chic type.
    Mon chéri, as-tu besoin de quelque chose de Paris   ? Dis-le-moi, s’il te plaît, je serais tellement contente de te rapporter une chose dont tu as besoin.
    Si jamais Eugenia te téléphone, dis-lui que j’ai perdu son adresse et que c’est pour ça que je ne lui ai pas écrit. Comment va cette demoiselle   ?
    Si tu vois Rosemary, embrasse-la de ma part. Elle va bien   ? Toute ma tendresse à Mary Sklar. Elle me manque beaucoup.
    Et pour toi, mon très cher Nick, tout mon cœur, mon sang, tout mon être. Je t’adore.
    Frida
     
    Les photos que tu as envoyées sont enfin arrivées.

Lettre à Ella et Bertram D. Wolfe
    Paris, le 17 mars 1939
     
    Ma belle Ella, mon Boitito,
    mes copains vrais de vrais,
    Deux mois plus tard, je vous écris. Je sais que vous allez dire comme d’habitude   : quelle sale « chicua »   ! Mais, croyez-moi, cette fois c’est la faute à ce coquin de sort. J’ai de puissantes explications à vous fournir   : depuis que je suis arrivée, je suis dans la m… lasse. Mon exposition n’était pas prête. Mes tableaux m’attendaient tranquillement à la douane, vu que Breton n’était même pas allé les chercher. Vous n’avez pas idée du genre de vieux cafard qu’est Breton, et je pourrais en dire de même de presque tout le groupe des surréalistes. Pour faire court, ce sont des fils de… leur chère maman. Je vous raconterai en long et en large l’histoire de cette maudite exposition, mais j’attends que nous nous retrouvions nez à nez, parce que ça me prendra du temps et des larmes. En bref, je résume   : il a fallu un mois et demi avant que n’arrive… et cetera, et cetera, la fameuse exposition. Et je vous passe les disputes, les bavardages, les ragots, les colères et les tracas du plus « môvais » effet. Finalement, Marcel Duchamp (le seul parmi les peintres et les artistes d’ici qui a les pieds sur terre et la cervelle en place) a pu organiser l’exposition avec Breton. Elle a débuté le 10 de ce mois dans la galerie « Pierre Colle », qui est paraît-il une des meilleures ici. Il y avait un paquet de beau monde le jour de « l’opening », avec des tas de félicitations à la « chicua », y compris une accolade de Joan Miró et des louanges de Kandinsky pour ma peinture, les félicitations de Picasso et de Tanguy, Paalen et d’autres « grands cacas » du surréalisme. Autant dire que ça a été un succès et si l’on tient compte de la qualité des couches de miel (je veux parler des ribambelles de louanges), je crois qu’on peut en conclure que ça s’est bien passé…
    J’avais le ventre plein d’anarchistes et chacun d’entre eux aurait bien posé une bombe dans un coin de mes pauvres tripes. Ça va mal tourner, je me suis dit, car j’étais persuadée que j’allais passer l’arme à gauche. Entre les maux de ventre et la tristesse de me retrouver toute seule dans ce putain de Paris qui me fout le bourdon, je vous assure que j’aurais préféré prendre un aller

Weitere Kostenlose Bücher