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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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parti débarrasser le
comté de l’impudente garnison anglaise de Castillon d’Arbizon et, de l’autre,
l’Harlequin s’en était allé à la chasse à l’hérétique à Astarac, ce qui
laissait Joscelyn libre de jouir enfin de son héritage avec ses nombreux
fidèles. Robbie Douglas comptait au nombre de ceux-là.
    Ils consacrèrent les journées suivantes à se distraire. Il y
avait de l’argent à dépenser en vêtements, armes, chevaux, vins, femmes… Tout
ce qui plaisait au nouveau maître des lieux. Certaines choses ne pouvaient
toutefois être achetées à Bérat même.
    Un artisan fut ainsi convoqué au château. Son activité
ordinaire était la création de saints de plâtre qu’il vendait aux églises, aux
couvents et aux monastères. Mais, au château, il reçut pour mission de faire
des moulages du corps de Joscelyn. Pour ce faire, il enveloppa les bras du
comte dans de la mousseline graisseuse qu’il recouvrit de plâtre. Il procéda de
même avec les jambes et le tronc. Un tailleur fut aussi convoqué. Il prit des
mesures du corps de son seigneur. Tant de pouces de l’épaule à la hanche, de la
hanche au genou, de l’épaule au coude, et ainsi de suite. Un petit clerc
l’accompagnait, qui notait scrupuleusement toutes les mensurations.
    Quand cette tâche fut accomplie, les mesures furent
soigneusement recopiées sur un parchemin et scellées dans un grand coffre. À
l’intérieur de celui-ci, on déposa les moules de plâtre dans de la sciure.
Finalement, sous la garde de quatre hommes d’armes, on expédia le tout à Milan,
où Antonio Givani, le meilleur armurier de la chrétienté, reçut commande d’une
armure complète.
    « Que ce soit un chef-d’œuvre, avait bien spécifié Joscelyn
au clerc en lui dictant la lettre. Je veux que tous les autres chevaliers en
soient jaloux. »
    Avec le coffre, il envoya une belle somme en génoises au
maître armurier, en lui promettant une prime si l’armure arrivait avant le
printemps.
     
    Il avait payé à Robbie sa part de la rançon, avec des pièces
du même tonneau. Hélas, la nuit du départ des hommes d’armes pour Milan, Robbie
fit l’erreur d’admirer un ensemble de dés en ivoire que Joscelyn venait
d’acquérir en ville.
    — Tu les aimes ? demanda le comte. Je vais les
jouer avec toi. Celui qui obtient le plus grand nombre les garde.
    L’Écossais refusa de la tête.
    — J’ai prêté serment de ne plus jouer, se défendit-il.
    — Cela fait des mois que je n’ai pas entendu une chose
aussi ridicule ! s’esclaffa le colosse. Les femmes font des serments, et
les moines aussi. Mais les seuls que peuvent prêter des guerriers, ce sont ceux
de fraternité au combat.
    Robbie Douglas rougit.
    — J’ai juré à un prêtre…
    — Doux Jésus ! s’exclama Joscelyn, hilare, en se
rejetant en arrière contre le dos de son fauteuil. Tu n’as pas le droit de te
confronter au danger, c’est ça ? Est-ce pour ça que les Écossais ont
perdu, face aux Anglais ?
    Piqué au vif, Robbie sentit la colère sourdre en lui, mais
il eut le bon sens de la réfréner et il resta coi.
    — Le danger, continua le comte d’un ton badin, c’est le
destin des soldats. Si un homme ne peut se confronter à lui, il n’est pas
soldat.
    — Je suis soldat ! objecta le Calédonien, amer.
    — Alors prouve-le, mon ami.
    Sur ce, Bérat fit rouler les dés sur la table.
    Et c’est ainsi que Robbie joua… et perdit. Et il reperdit la
nuit suivante. Et encore celle d’après. La quatrième nuit, il joua l’argent
qu’il était censé envoyer en Angleterre pour régler sa propre rançon. Il perdit
cette somme, également.
     
    Le lendemain de cette nuit-là, les canonniers italiens que
l’oncle de Joscelyn avait fait venir de Toulouse arrivèrent au château avec
leur machine. Le jeune comte leur paya leur dû avec l’argent qu’il avait pris
au jeu à Robbie.
    — Quand pouvez-vous vous rendre à Castillon
d’Arbizon ? demanda-t-il aux Italiens.
    Le ton de sa voix ne laissait planer aucun doute sur le
caractère urgent de sa requête.
    — Demain, Sire.
    — Tout est prêt ? s’enquit Joscelyn en faisant le
tour du chariot sur lequel était attaché le canon.
    Il avait la forme d’un flacon, avec un cou étroit et un
corps bulbeux.
    — C’est prêt, confirma l’Italien répondant au nom de
Gioberti.
    — Vous avez de la poudre ?
    Le maître artilleur fit un geste en direction d’un second
chariot surchargé de

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