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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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forces de Bérat prit le parchemin, mais
laissa son geste en suspens au moment de le glisser dans sa bourse.
    — Et la rançon ? s’enquit-il.
    Joscelyn le toisa avec colère. L’honneur commandait de
donner à messire Guillaume un tiers de l’argent de sa rançon. La question de
messire Henri se justifiait donc pleinement, et Joscelyn y répondit. En peu de
mots :
    — La rançon est là, indiqua-t-il en désignant le
parchemin. Tout est là.
    — Là ? s’étonna Courtois.
    Il n’y avait assurément pas d’argent à l’intérieur du léger
document scellé.
    — Pars ! C’est tout ! gronda le comte.
     
    Deux troupes quittèrent Bérat le même jour. Tandis que
Courtois partit pour Castillon d’Arbizon, Guy Vexille emmena ses propres hommes
à Astarac.
    Joscelyn vit avec soulagement s’éloigner le dos de
l’Harlequin. Même si les hommes d’armes de Vexille étaient venus opportunément
renforcer les forces comtales, la présence de l’homme en noir lui avait été fort
désagréable. Mais il avait avec lui quarante-huit soldats, tous bien montés,
bien armés et bien équipés.
    À la grande surprise du nouveau comte, l’Harlequin ne lui
avait pas réclamé le moindre paiement.
    « J’ai mes propres ressources, avait-il affirmé de sa
voix glaciale.
    — Quarante-huit hommes d’armes, s’était étonné Joscelyn
à haute voix. Cela fait de l’argent… »
    Le vieux chapelain de son oncle l’avait alors entraîné à
l’écart, pour lui dire, comme si cela expliquait la richesse de Vexille :
    « Il vient d’une famille hérétique, Monseigneur. »
    Mais l’homme avait aussi apporté une lettre de Louis
Bessières, le cardinal-archevêque de Livourne. Et ce document à lui seul
prouvait qu’il n’était pas hérétique.
    À dire vrai, l’idée que Vexille puisse vénérer des idoles de
bois chaque nuit ou sacrifier des vierges au matin laissait le maître de Bérat
de marbre. Le fait qu’il soit le descendant des anciens seigneurs d’Astarac le
préoccupait bien autrement.
    Incapable de dissimuler sa crainte de voir le chevalier noir
réclamer ses terres ancestrales, il lui avait crûment posé la question.
    Tout en paraissant agacé, l’Harlequin l’avait volontiers
rassuré :
    « Cela fait cent ans qu’Astarac se trouve dans votre
fief, alors comment pourrais-je revendiquer ce domaine ?
    — Si ce n’est pas pour ça, pourquoi êtes-vous
ici ?
    — Je combats au service de l’Église, maintenant. J’ai
pour tâche de traquer un fugitif qui doit être traduit en justice. Dès qu’il
sera trouvé, Monseigneur, nous quitterons votre domaine… »
    Le bruit d’une épée tirée de son fourreau les avait fait se
tourner vers le seuil de la pièce.
    Robbie Douglas avait fait irruption dans la grande salle et
avait pointé son arme sur Guy Vexille.
    « Vous étiez en Écosse ! » avait-il lancé
d’une voix menaçante.
    L’Harlequin avait scruté le jeune homme de bas en haut, sans
paraître le moins du monde inquiet.
    « J’ai visité de nombreux pays, avait-il froidement
répondu. Y compris l’Écosse.
    — Vous avez tué mon frère…
    — Non ! avait tonné Joscelyn, s’interposant entre
les deux hommes. Tu m’as prêté serment d’allégeance, Robbie…
    — J’ai aussi prêté serment de tuer ce bâtard !
    — Non ! » avait répété le comte en posant la
main sur la lame de Robbie, le forçant à l’abaisser.
    En vérité, la mort de Douglas n’aurait pas bouleversé
Joscelyn outre mesure, mais si d’aventure c’était Guy Vexille qui venait à
mourir au cours du duel, ses hommes d’armes risquaient fort de se venger sur
Bérat.
    « Tu pourras le tuer quand il en aura fini ici. C’est
une promesse. »
    Cela avait arraché un sourire à l’Harlequin.
    Joscelyn était donc vraiment content d’en être débarrassé.
Si Vexille le glaçait, ses compagnons n’avaient rien à lui envier. Surtout l’un
d’entre eux, un personnage horrifiant qui ne portait ni lance, ni écu. Son nom
était Charles. D’une laideur repoussante, il donnait l’impression d’avoir été
arraché de quelque obscur caniveau, habillé, armé d’un couteau et jeté dans le
monde pour y répandre la terreur.
    Ce Charles commandait sa propre équipe d’une dizaine
d’hommes d’armes, tous presque aussi effrayants que leur maître. Ils
accompagnèrent également Vexille quand il prit la route d’Astarac.
    D’un côté, donc, messire Henri était

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