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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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grande valeur encore. Il pouvait être vendu. En outre,
on avait découvert sur lui une escarcelle d’or, une épée et une cotte de
mailles.
    Pour Destral, cette capture était un triomphe. Et celui-ci
était rendu plus agréable encore par le fait que l’homme était celui-là même
qui avait tué récemment une demi-douzaine de membres de la bande. Les coredors fouillèrent le havresac de Thomas et lui volèrent sa pierre à feu
et son morceau d’acier, la réserve de corde pour son arc et les quelques pièces
de monnaie qu’il y avait conservées.
    Cependant, ils jetèrent les réserves de têtes de flèches et
la boîte vide, qu’ils jugèrent sans valeur. Les brigands prirent ses traits et
tendirent son arc à leur chef.
    Destral essaya de le bander et entra dans une véritable
fureur en se rendant compte que, malgré sa force, il ne pouvait tendre la corde
de plus de quelques pouces.
    — Coupez-lui les doigts, rugit-il, hors de lui, en
jetant l’arc par terre, et foutez la fille à poil !
    Un couple s’était déjà emparé de Geneviève et, indifférents
à ses cris de douleur, l’homme et la femme tiraient la chemise de mailles
par-dessus sa tête. De son côté, Thomas essayait de se soustraire à la poigne
des deux sbires qui lui tenaient les bras. C’est alors que Philin leur cria
d’arrêter.
    — Arrêter !
    Incrédule, Destral s’était brusquement tourné vers l’homme
qui venait de se manifester.
    — Arrêter ? Tu es devenu une femmelette ? lui
demanda-t-il sur un ton qui tenait davantage de l’accusation que de la
question. Tu veux qu’on l’épargne ?
    — Je lui ai demandé de se joindre à nous, indiqua
Philin nerveusement. Parce qu’il a laissé la vie sauve à mon fils.
    Thomas ne comprenait rien de l’échange des deux hommes, qui
s’exprimaient dans le dialecte de la région, mais il était manifeste que Philin
était en train de plaider en sa faveur et il était tout aussi clair que
Destral – dont le surnom, se rappelait-il, venait de la grande hache
suspendue à son épaule – n’était pas d’humeur à accéder à sa requête.
    — Tu veux qu’il nous rejoigne ? rugit le chef de
la bande. Pourquoi ? Parce qu’il a épargné ton fils ? Christ, mais tu
n’es qu’un foutu bâtard au cœur faible ! Une saleté de couard !
    Il attrapa sa hache, enroula la corde de la poignée autour
de son poignet et s’avança droit sur le grand Philin.
    — Je t’ai laissé commander des hommes, continua le chef
de la bande, et tu en as laissé tuer la moitié ! Par qui ? Par cet
homme, avec cette femme ! Et toi, tu lui demandes de nous rejoindre ?
S’il n’y avait pas la récompense, je le tuerais tout de suite ! Tu sais ce
que je lui ferais ? Je lui ouvrirais le ventre et je le pendrais par ses
tripes pourries. Mais faute de ça, je vais au moins lui trancher un doigt pour
chacun de mes hommes qu’il a tué !
    Il cracha sur Thomas puis pointa sa hache vers Geneviève.
    — Et ensuite, il pourra la regarder réchauffer ma
couche.
    — Je lui ai demandé de nous rejoindre, s’entêta Philin.
    Son fils, la jambe dans une attelle et de grossières
béquilles taillées dans des branches de chêne sous les aisselles, se dandina
tant bien que mal pour venir se placer près de son père.
    — Tu as envie de te battre pour lui ? lui lança
Destral.
    L’homme n’était pas aussi grand que Philin, mais il était
large d’épaules et il avait une force d’ours. Son visage était plat, comme
écrasé, avec un nez cassé et des yeux de mastiff, des yeux ardents au fond
desquels brûlaient des flammes de violence. Dans sa barbe emmêlée, on relevait
des traces de salive sèche et de nourriture. Il fit tournoyer sa hache dont le
fer étincela dans la lumière déclinante.
    — Allez, attaque-moi ! cria-t-il férocement à
Philin.
    — Je veux juste qu’il vive, répondit l’interpellé, peu
enclin à tirer son épée contre cet homme aux yeux fous.
    Toutefois, les autres coredors avaient senti le sang,
et même la promesse d’en voir beaucoup verser. Ils commençaient à former un cercle
autour de Destral et à l’encourager. Impatients de voir l’affrontement, ils
ricanaient méchamment, vociféraient. Philin recula, recula encore, mais il se
retrouva finalement bloqué contre la falaise.
    — Battez-vous ! hurlaient les hommes.
    — Battez-vous ! surenchérissaient leurs femmes, en
criant à Philin d’être un homme et d’oser affronter la

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