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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Il
avait donc envoyé ses cavaliers fouiller les bois voisins. La découverte sous
les arbres d’une paire de robes de lépreux et de deux cliquettes permit à
Vexille de comprendre ce qui s’était passé. Il interrogea les cavaliers qui
avaient gardé ce côté du monastère. Les deux hommes jurèrent qu’ils n’avaient rien
vu. S’il ne les crut pas, il n’y avait pas grand-chose à gagner à les confondre
et trop de temps à perdre. Comme son cousin et l’hérétique avaient abandonné
leurs déguisements de lépreux en direction de l’ouest, l’Harlequin envoya ses
cavaliers ratisser le moindre sentier qui partait vers les possessions
anglaises de Gascogne. Cependant, quand il ordonna à Charles Bessières de
joindre ses hommes à la traque, celui-ci refusa. Le frère du cardinal prétendit
que ses chevaux boitaient et que ses hommes étaient épuisés.
    — Je ne reçois pas d’ordre de vous, gronda le balafré.
Je ne suis ici que pour mon frère.
    — Et votre frère veut que l’Anglais soit retrouvé,
insista Vexille.
    — Eh bien trouvez-le, Monseigneur, répondit l’autre en
faisant sonner ce dernier mot comme une insulte.
    Vexille fila vers l’ouest avec tous ses hommes, conscient
que Bessières voulait probablement demeurer en arrière pour piller le village
et le monastère. Ce fut précisément le cas, bien qu’il n’y eût plus grand-chose
à prendre.
    Le balafré envoya six de ses hommes arracher les quelques
biens pathétiques que les villageois avaient sauvés des flammes. Ils ne
découvrirent qu’une poignée de pots ou de marmites qu’ils essaieraient de
revendre contre quelques sous. En réalité, ce qu’ils voulaient vraiment,
c’étaient les pièces que les villageois avaient assurément dissimulées dès
qu’ils avaient vu les cavaliers approcher. Tout le monde savait que les paysans
gardaient précieusement de petites quantités de monnaie sonnante et trébuchante
et qu’ils les enterraient quand des hommes en armes apparaissaient.
    Les sbires de Bessières torturèrent donc les serfs pour leur
faire avouer les cachettes. Et c’est ainsi qu’ils eurent vent d’un détail
beaucoup plus singulier. L’un des hommes du balafré parlait la langue du sud de
la France. Il était en train de scier les doigts d’un prisonnier quand celui-ci
avait laissé échapper que le vieux comte faisait des fouilles dans les ruines
du château peu avant sa mort, et que sous la chapelle il avait découvert un ancien
mur. Hélas, il était décédé sans pouvoir creuser plus loin, et l’abbé avait
demandé qu’on rebouche le trou.
    Cette histoire intéressa Bessières au plus haut point. Le
villageois laissait là entendre qu’il y avait quelque chose derrière le mur,
quelque chose qui avait pu exciter le défunt comte et que l’abbé – Dieu
protège son âme – avait préféré dissimuler. Aussi, dès que Vexille eut
disparu à l’ouest, le frère du cardinal emmena ses hommes vers la forteresse en
ruine.
    Il lui fallut moins d’une heure pour soulever les dalles de
la chapelle et révéler le caveau. Une heure plus tard, Bessières avait sorti
les vieux cercueils et découvert qu’ils avaient déjà été pillés. On alla
chercher le villageois aux doigts coupés qui indiqua où le comte avait creusé.
    Monsieur Charles ordonna à ses hommes de dégager le mur, et
de le faire le plus rapidement possible. Il les pressait parce qu’il voulait
que tout soit fini avant le retour de Guy Vexille. Ce dernier risquait en effet
de l’accuser de profaner les tombes de sa famille. Seulement, le mur était
solidement bâti et encore mieux cimenté. Il fallut envoyer un homme chercher
une des lourdes masses du forgeron – une prise provenant du sac du village
brûlé. Alors seulement – après beaucoup de temps perdu –, des progrès
significatifs purent être accomplis. Le marteau pulvérisait et délogeait les
pierres. Enfin, ils furent en mesure d’introduire une barre de fer entre les
blocs inférieurs et effondrèrent le mur.
    À l’intérieur, posée sur un bloc de pierre, ils découvrirent
une boîte.
    C’était un simple coffret de bois, sans doute assez gros
pour contenir la tête d’un homme. Même l’insensible Charles Bessières sentit
une onde d’excitation l’envahir.
    Le Graal, pensa-t-il, le Graal.
    Il s’imagina chevauchant vers le nord avec le butin grâce
auquel son frère se verrait offrir la papauté.
    — Écarte-toi ! hurla-t-il à un homme qui

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