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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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hache.
    Les coredors les plus proches de Philin le tirèrent
brutalement en avant. Le grand escogriffe dut faire un saut de côté pour éviter
de rentrer dans Destral. Celui-ci, méprisant, le gifla au visage et lui tira la
barbe pour l’humilier.
    — Bats-toi, gronda le chef, ou alors tranche toi-même
les doigts de l’Anglais !
    Thomas ne comprenait toujours pas ce qui se disait, mais
l’air malheureux de Philin ne lui semblait guère encourageant.
    — Allez ! continua Destral. Coupe-lui les
doigts ! Ou alors, Philin, c’est les tiens que j’vais couper !
    Galdric, le fils de Philin, tira son propre couteau et le
tendit à son père.
    — Fais-le, dit le garçon.
    Comme son père ne prenait pas le couteau, le gamin regarda
Destral.
    — Je vais le faire, proposa l’enfant.
    — Non, c’est à ton père de le faire, rétorqua le chef,
amusé, et il va le faire avec ça !
    Il défit sa lanière de poignet et tendit sa hache à l’infortuné
Philin.
    Trop terrifié pour désobéir, ce dernier prit l’arme et se
dirigea vers Thomas.
    — Je suis désolé, dit-il en français.
    — De quoi ?
    — De ne pas avoir le choix.
    Le grand barbu affichait un air triste et pitoyable, celui
d’un homme humilié. Il savait que les autres coredors, implacables, se
réjouissaient de la honte qui lui était infligée.
    — Mets ta main sur l’arbre ! indiqua-t-il.
    Puis il répéta l’ordre dans sa propre langue. Les hommes qui
tenaient Thomas l’obligèrent à lever les bras et à desserrer ses doigts jusqu’à
ce que ses mains soient à plat sur l’écorce. Les deux coredors saisirent
les avant-bras de l’archer. Philin s’approcha.
    — Désolé, répéta ce dernier. Tu vas perdre tes doigts.
    L’Anglais le regarda. Voyant la nervosité de l’homme, il comprit
que la hache, quand elle tomberait, aurait plus de chance de le trancher au
niveau du poignet que des doigts.
    — Fais vite, le pressa-t-il.
    — Non ! hurla Geneviève.
    Le couple qui la retenait explosa de rire.
    — Vite, répéta Thomas.
    Philin leva la hache. Il fit une pause, humecta ses lèvres,
lança un dernier regard angoissé dans les yeux de sa future victime, puis
abattit l’arme.
    Thomas avait laissé docilement les hommes le pousser contre
l’arbre. Il n’avait pas essayé de leur échapper… jusqu’à ce que la hache
commence à tomber. Alors, il utilisa sa force impressionnante pour se
soustraire à leur poigne. Surpris par la puissance d’un archer habitué à bander
son long arc en if, les deux hommes le lâchèrent tandis que Thomas saisissait
la hache au vol. Avec un beuglement de rage, il la retourna immédiatement
contre le coredor qui immobilisait Geneviève. Son premier coup fracassa
le crâne de l’homme. Instinctivement, la femme desserra l’autre bras de
Geneviève et Thomas pivota pour frapper ceux qui s’étaient occupés de lui. Tout
en chargeant, il hurlait son cri de guerre, la harangue de combat de
l’Angleterre : « Saint Georges ! Saint Georges ! »
    L’homme le plus proche de lui venait de tomber, victime de
la lourde lame, quand des cavaliers jaillirent des bois.
    L’espace d’un battement de cœur, les coredors furent
partagés entre le désir de neutraliser Thomas et la menace représentée par les
nouveaux venus. Mais, très vite, ils virent que les cavaliers étaient de loin
leurs ennemis les plus dangereux, et ils firent ce que n’importe quel homme
fait instinctivement quand il se retrouve face à des soldats chargeant au
galop : ils coururent pour gagner l’abri des arbres.
    Les cavaliers noirs de Guy Vexille éperonnèrent leurs
montures pour leur courir sus, brandissant leurs épées et tuant avec une
aisance féroce.
    Sans se soucier de ces terribles assaillants, Destral se
précipita droit sur Thomas. L’archer lui porta aussitôt un violent coup du plat
de la hache au visage, lui éclatant le nez. Destral fut rejeté en arrière par
la puissance de l’impact. Sans plus attendre, Thomas laissa tomber la lourde
arme peu pratique. Il récupéra son arc et son carquois, attrapa Geneviève par
la taille.
    Ils se mirent eux aussi à courir.
    Dans les arbres, ils seraient en sécurité. Les troncs et les
branches basses empêcheraient les cavaliers de s’enfoncer dans le bois, et la
pénombre leur barrerait rapidement la vue. Mais il fallait y arriver et, au
milieu de la clairière, les cavaliers tournoyaient, taillaient dans les chairs,
tournoyaient encore, et les

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