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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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chanceuse l’aura frappé, alors ?
    Vexille se montrait curieux de tout. Chaque connaissance
était utile, pensait-il, et peu de connaissances l’étaient autant que celles
qui pouvaient aider un homme à survivre dans le chaos d’un combat.
    — Ce n’était pas une épée ; il a reçu une flèche.
    — Un carreau d’arbalète ?
    — Non, une longue flèche. Elle a traversé le gorgerin.
Elle a dû percer le plomb.
    Priant pour ne pas connaître un tel destin, l’homme fit un
signe de croix.
    — L’archer nous a échappé, continua-t-il. Il s’est
réfugié dans les bois.
    Vexille comprit alors que Thomas s’était trouvé là, parmi
les coredors. Bien sûr, il était possible que l’un des gredins ait
utilisé un arc de chasse, mais il n’y croyait pas. Il demanda où se trouvait la
flèche. Hélas, elle avait été jetée et personne ne savait où. Ainsi, dans le
brouillard matinal, Vexille ramena tous ses hommes sur la crête et, de là,
gagna la clairière où les cadavres gisaient encore. La pluie tombait à verse.
Elle dégouttait des housses des chevaux, s’écoulait sous les armures des
chevaliers, si bien que le métal et le cuir irritaient les chairs transies. Les
hommes de l’Harlequin pestaient, mais lui-même semblait indifférent aux
intempéries.
    Dès qu’ils débouchèrent dans la clairière, il balaya du
regard les corps éparpillés et trouva vite ce qu’il cherchait. Un barbu trapu
avait une flèche plantée dans le front. Il mit pied à terre pour examiner le
fût de plus près. C’était une flèche de frêne empennée de plumes d’oie. Vexille
la retira du cerveau du mort. Elle avait une longue tête en forme d’épingle, ce
qui laissait supposer qu’elle était anglaise.
    Il étudia l’empennage.
    — Savez-vous, dit-il à ses hommes, que les Anglais
n’utilisent que des plumes provenant d’une seule aile d’oie…
    Les plumes de l’empennage étaient fixées avec de la ficelle
et une colle verdâtre. Vexille donna une pichenette sur les plumes mouillées.
    — Il ne fait aucune différence, qu’il s’agisse de
l’aile droite ou gauche, mais vous ne mélangez pas de plumes provenant de deux
ailes distinctes sur une même flèche…
    Dans un soudain accès de colère et de frustration, il brisa
le trait.
    Fichtre Dieu ! C’était une flèche anglaise, ce qui
voulait dire que Thomas s’était bien trouvé là, tout près. Si près ! Et
maintenant, il était parti. Mais où ?
    L’un de ses hommes proposa de regagner immédiatement l’ouest
pour ratisser la vallée du Gers. L’Harlequin rejeta la suggestion en grondant.
    — Il n’est pas idiot. Il doit être loin, maintenant.
    Ou peut-être qu’il n’était qu’à quelques mètres, en train de
les observer depuis les arbres ou les rochers du promontoire les surplombant.
    Vexille scruta les fourrés et tenta de se mettre à la place
de son cousin. Que ferait-il ? Courrait-il se réfugier en
Angleterre ? Mais pourquoi était-il revenu ici ? Thomas avait été
excommunié, séparé de ses compagnons, jeté sur les routes de nulle part, sans
refuge, sans personne pour l’aider. Pourtant, au lieu de fuir aussitôt vers
l’Angleterre, il avait d’abord pris la direction de l’est et d’Astarac. Que
restait-il à Astarac ? Plus rien, à ce jour. Le village avait été nettoyé,
pillé, incendié, alors où Thomas pouvait-il aller maintenant ?
    Par acquit de conscience, Guy Vexille envoya des hommes
regarder à l’intérieur des grottes, mais elles étaient vides. Thomas était
parti.
     
    L’Harlequin retourna au monastère. Il était temps de partir
et il alla regrouper le reste de ses hommes. Charles Bessières avait lui aussi
rassemblé ses quelques soldats. Leurs chevaux étaient chargés de butin.
    — Où allez-vous comme ça ? lui demanda Vexille
avec un rictus de dédain.
    — Où vous allez, Monseigneur, pour vous aider à trouver
votre Anglais, lui répondit l’autre avec une courtoisie sarcastique. Alors, où
cherchons-nous ?
    Il avait adopté un ton caustique pour poser cette question,
sachant pertinemment que Vexille n’avait aucune réponse prête.
    De fait, le cavalier noir ne répondit rien. La pluie
continuait de tomber dru. Elle transformait les chemins en bourbiers. Un groupe
de voyageurs arrivait par la route du nord qui descendait de Toulouse. Ils étaient
trente ou quarante, tous à pied. Quelles que soient leurs raisons, il semblait
clair qu’ils venaient

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