Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
petit nuage de pluie, puis
une première flamme apparut dans le chaume.
    Thomas dut intimer le silence aux coredors, qui
commençaient à manifester bruyamment leur joie.
    Le feu s’étendit avec une rapidité extraordinaire. La flèche
avait dû plonger le petit bois enflammé dans les couches les plus sèches, sous
la paille sombre et humide. Maintenant, les flammes se propageaient à travers
l’enveloppe externe noire et moussue. En quelques secondes à peine, la moitié
du toit fut en feu et Thomas comprit que c’était un incendie que l’on
n’éteindrait jamais. Il allait mettre le feu aux poutres. Le toit finirait par
s’effondrer et toute la structure de bois du moulin brûlerait pour ne rien
laisser d’autre qu’une coquille de pierre noircie par les flammes.
    Au même instant, la porte du moulin s’ouvrit et des hommes
se précipitèrent dehors.
    — Maintenant ! lança Thomas.
    Son premier barbillon vola par-dessus le cours d’eau,
transperça un homme, le projetant en arrière à l’intérieur de la maison. Les coredors déchaînaient leurs arbalètes qui cliquetaient en libérant les
cordes. Les carreaux s’écrasaient bruyamment sur la pierre. L’un d’eux toucha
la jambe d’un ennemi. La deuxième, puis la troisième flèche de Thomas furent
tirées avant même que la seconde volée de carreaux d’arbalète ne s’envole.
    L’un des fugitifs du moulin en feu parvint à atteindre
l’arrière de la bâtisse et commença à remonter la pente. Il allait
indubitablement alerter les assiégeants en ville et Thomas sut que le temps lui
était compté.
    D’autres silhouettes sortaient encore de la bâtisse et il
tira de nouveau. Il se rendit compte qu’il venait de planter une flèche dans le
cou d’une femme, mais l’heure n’était pas aux regrets. Il encocha une autre
flèche, débanda encore. Puis la porte demeura enfin vide. Il ordonna à l’un des
arbalétriers de le suivre et dit aux autres de les couvrir et de tirer sur
quiconque apparaîtrait.
    — On traverse maintenant ! lança-t-il à Philin,
qui attendait avec les autres sur la rive.
    Thomas et l’arbalétrier s’engagèrent les premiers sur le
barrage. La largeur de l’appui faisait à peine celle du pied d’un homme, et ce
muret était glissant. Mais ils progressaient. L’eau s’enroulait sauvagement
autour de leurs pieds. Dès que Thomas et son compagnon touchèrent l’autre rive,
Philin, son fils sur les épaules, entreprit à son tour de traverser avec les
autres coredors.
    Il y avait des corps autour de la porte. Certains bougeaient
encore. La femme que Thomas avait abattue tournait vers lui ses yeux morts,
écarquillés. Un carreau d’arbalète jaillit du petit bois entre le moulin et le
mur de la ville. Il manqua Thomas de peu et alla s’enfoncer dans le bassin du
moulin. Immédiatement, une flèche à empennes blanches fondit en sifflant du
rempart du donjon et s’enfonça dans les arbres, à l’endroit où était tapi
l’arbalétrier invisible. Plus aucun carreau ne sortit des taillis.
    Une femme glissa sur le barrage et hurla en tombant la tête
la première dans les remous écumants.
    — Laissez-la ! cria Philin.
    — Sur le sentier ! hurla Thomas. Vite, vite !
    Il envoya sans attendre l’un des coredors à l’assaut
de la pente. L’homme était armé d’une grande hache et l’archer lui avait
demandé d’abattre la poterne percée dans le mur au sommet de la colline. Dès
que tous les coredors eurent franchi le passage, Thomas se tourna vers
les arbalétriers encore de l’autre côté de la rivière. Leur rôle de couverture
était terminé.
    — Venez ! leur cria-t-il.
    Si aucun ne parlait anglais, ils le comprirent parfaitement.
Un grand fracas envahit le moulin quand un pan du toit s’effondra. Une pluie
d’étincelles et de flammes jaillit des solives et des poutres affaissées.
    À cet instant précis, le dernier défenseur du moulin sortit
en courant par la porte. Un géant, revêtu de cuir et non de mailles. Ses
cheveux fumaient. Des braises avaient dû y mettre le feu. Jamais Thomas n’avait
vu un visage aussi monstrueux. Il était figé sur un rictus de haine. L’homme
bondit par-dessus la barrière de morts et de blessés. Pendant une seconde,
l’archer crut qu’il allait le charger, mais il fit un brusque écart pour tenter
de s’échapper. L’Anglais tendit sa corde, lâcha. La flèche se planta entre les
omoplates du fuyard, qui bascula en avant. La ceinture

Weitere Kostenlose Bücher