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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de l’impact. Il
était parvenu péniblement à se redresser, pour se faire atteindre par une
seconde flèche qui, comme la première, n’avait pu transpercer l’épaisse armure.
Mais, de nouveau, il s’était retrouvé sur le dos. Alors, il s’était laissé
emporter dans le mouvement de panique des survivants et, titubant, il avait
battu en retraite avec eux.
    — Ils t’ont laissé repartir ? demanda-t-il,
étonné, à Robbie.
    Le comte avait remarqué l’ecchymose sombre que l’Écossais
arborait au front.
    — Ils m’ont renvoyé avec un message pour vous,
Monseigneur. S’ils reçoivent leur argent, ils partiront sans se battre
davantage…
    — C’est ton argent ! ricana Joscelyn. Donc tu peux
les payer. Disposes-tu de cet argent ?
    — Non, Seigneur.
    — Alors nous allons sacrément être obligés de les tuer
tous, je le crains. Nous allons tous les tuer ! Tu m’entends ?
    Le comte se retourna vers Gioberti.
    — Combien de temps cela vous prendra-t-il pour abattre
toute l’arche d’entrée ?
    L’Italien réfléchit une seconde. C’était un petit homme de
près de cinquante ans, au visage profondément ridé.
    — Une semaine, Seigneur, estima-t-il.
    L’un de ses boulets avait frappé le flanc du bastion et
avait arraché une charretée de pierres, ce qui laissait supposer que le château
était en mauvais état.
    — Peut-être dix jours, rectifia-t-il. Et si on me
laisse dix jours de plus, je pourrai faire tomber la moitié du mur d’enceinte…
    — Nous pulvériserons tout ça. Nous ne laisserons que
des ruines, éructa Joscelyn. Puis nous massacrerons ce ramassis de crapules.
    Revenant à des préoccupations plus immédiates, il se tourna
vers son écuyer.
    — Mon dîner est-il prêt ?
    — Oui, Seigneur.
     
    Joscelyn soupa seul. Il avait pensé dîner dans la grande salle
du château ce soir-là en écoutant les hurlements des archers auxquels on aurait
tranché les doigts. Mais le destin en avait décidé autrement. Donc, maintenant,
il allait prendre son temps. Il réduirait le château en un tas de gravats, et
alors, il aurait sa revanche.
     
    Le lendemain matin, Guy Vexille et Charles Bessières
arrivèrent à Castillon d’Arbizon avec plus de cinquante hommes. Apparemment,
Vexille n’avait pas connu plus de réussite dans son entreprise. Il n’était pas
parvenu à mettre la main sur son hérétique mais, pour quelque raison qui
importait peu à Joscelyn – et qu’il ne comprenait pas davantage –, il
semblait croire que l’homme et sa compagne bégharde allaient tenter de gagner
le château assiégé.
    — Si vous les attrapez, indiqua le comte, l’homme sera
à vous, mais la femme, je me la garde.
    — Elle appartient à l’Église, répondit Vexille.
    — Elle sera d’abord à moi, insista Bérat. L’Église
pourra jouer avec elle ensuite, et le diable l’aura au bout du compte.
    Un grondement terrible retentit. Le canon venait d’ouvrir le
feu et la porte du château trembla encore.
     
    Thomas et ses compagnons passèrent une nuit humide sous les
arbres. Au matin, trois des coredors avaient disparu avec leurs femmes.
Il restait tout de même quatorze hommes, huit femmes, six enfants, et, encore
plus utiles, sept arbalètes. Toutes étaient vieilles. Un os de chèvre faisait
office de levier pour tendre la corde, ce qui signifiait qu’elles étaient moins
puissantes que les arbalètes à tige d’acier qui disposaient de manivelles pour
retendre les cordes. Mais, au cours d’un combat, les arbalètes à l’ancienne se
rechargeaient plus rapidement et elles étaient parfaitement mortelles à courte
distance.
    Les cavaliers avaient quitté la vallée. Il fallut tout de
même toute la matinée à Thomas pour s’en persuader, mais, finalement, il
aperçut un porcher qui conduisait ses bêtes vers les bois. Peu après, la route
longeant le torrent vers le sud se remplit soudain de monde. Ils avaient l’air
de fugitifs, presque tous portaient d’énormes sacs ou poussaient des charrettes
à bras chargées de biens. Le jeune archer supposa que les cavaliers en avaient
eu assez de l’attendre et qu’ils étaient partis attaquer une ville ou un
village voisins. En tous les cas, la présence de tous ces gens sur la route
l’assurait qu’il n’y avait aucun soldat dans les parages. Il décida donc de
poursuivre son chemin vers l’ouest.
    Le lendemain, ils suivirent une route en hauteur qui filait
vers le sud. Elle n’était pas la plus

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