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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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porte et les deux fenêtres faisant face à la
rivière, et il n’aurait plus la moindre chance de traverser le barrage. Après
avoir observé et réfléchi un long moment, il remonta voir Philin et les coredors, qui se cachaient un peu plus haut sur la pente.
    — J’ai besoin d’un silex et d’un morceau d’acier,
dit-il à Philin.
    Les coredors voyageaient fréquemment et avaient
besoin de faire un feu tous les soirs, aussi plusieurs femmes étaient-elles en
possession du nécessaire. L’une d’elles avait même une petite bourse de cuir
remplie de poudre de vesses-de-loup.
    Thomas la remercia et promit de la dédommager pour cette
précieuse poudre de champignons. Puis, avec Geneviève, il redescendit la pente
et s’éloigna discrètement vers l’aval de la rivière jusqu’à ce qu’il fût
certain de ne plus pouvoir être vu par la sentinelle postée sous le porche du
moulin.
    Ils fouillèrent le sous-bois en quête de petites branches,
de brindilles et de feuilles de châtaignier fraîchement tombées. Comme il avait
également besoin de ficelle, il tira un fil de la chemise que Geneviève portait
sous sa cotte de mailles.
    Ensuite il empila un peu de petit bois sur une pierre plate.
Il l’aspergea généreusement de poudre et confia à Geneviève le silex et le bout
d’acier.
    — Ne l’allume pas encore, lui dit-il.
    Il ne voulait pas que la fumée s’échappe des arbres presque
nus en cette saison et qu’en dérivant elle aille alerter les ennemis, de
l’autre côté de la rivière.
    Il prit les plus gros branchages de petit bois et les ficela
à la tête d’une flèche barbillon. L’opération lui prit un peu de temps, mais il
finit par avoir un gros faisceau de branchages autour de la pointe large. Il
fallait maintenant le protéger avec les grandes feuilles de châtaignier. Une
flèche enflammée devait bien brûler, mais la vitesse de son vol pouvait
éteindre les flammes. Les feuilles devaient aider à prévenir cet aléa. Au
préalable, il les mouilla dans une flaque d’eau et les appliqua sur les
branches sèches. Puis il noua la ficelle autour et secoua la flèche pour
s’assurer que les branchettes entrelacées tenaient bien.
    — Allume, maintenant, dit-il à Geneviève.
    Elle frotta le silex avec l’acier et la poudre de
vesses-de-loup s’enflamma instantanément, puis le petit bois prit et une flamme
vive jaillit. Thomas regarda les flammes se développer, ensuite il plaça la
flèche au-dessus et laissa le feu prendre jusqu’à ce que tous les branchages
soient embrasés. La hampe de frêne noircit tandis qu’il se frayait un chemin
vers le bas de la colline. Il parvint enfin en vue du toit de chaume du moulin.
    Il banda l’arc. Le feu lui chauffait sérieusement la main
gauche, si bien qu’il ne pouvait tendre son arc au maximum, mais la distance
était courte. Thomas pria pour que personne ne soit en train de regarder par
les fenêtres du moulin à cet instant. Il invoqua saint Sébastien, patron des
archers. Et il libéra sa corde.
    Le barbillon enflammé s’envola. Il jaillit des arbres,
laissant une traînée de fumée en arc de cercle derrière lui, et se planta dans
le chaume à mi-toit. Le bruit sourd aurait pu alerter les occupants du moulin,
mais, au même instant, le canon retentit au-dessus dans la ville.
    L’archer revint en courant vers Geneviève, il piétina le
petit feu, puis remonta avec elle vers l’amont et fit signe à Philin et à ses
hommes de descendre vers la lisière du bois. Là, ils attendirent.
    Le chaume du moulin était humide. Il avait fortement plu et
la moisissure noircissait la paille moussue. Thomas pouvait voir une volute de
fumée sortant de l’endroit où la flèche s’était enfoncée, dans le toit sale et
abîmé. Il n’y avait toujours aucune flamme.
    À son poste au bout du passage, l’arbalétrier bâillait.
    La pluie avait fait gonfler le cours de la rivière. Elle se
déversait par-dessus le barrage en un épais ruisselet verdâtre qui leur
tirerait sur les chevilles quand ils essaieraient de traverser.
    Thomas porta à nouveau son regard sur le toit du moulin et
se dit que le feu était en train de mourir. Il allait devoir recommencer, et il
recommencerait encore, jusqu’à ce qu’il soit découvert ou que le feu prenne.
    Au moment où il s’apprêtait à repartir en aval avec
Geneviève pour trouver de nouveaux branchages, le toit laissa échapper une
colonne de fumée. Elle épaissit rapidement, comme un

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