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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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répugnaient. Elles étaient les
stigmates d’un monde pécheur, un monde qui avait oublié Dieu. Tournant les yeux
vers le château, il vit son cousin apparaître sur le rempart ruiné et récupérer
le Graal pour l’emporter.
    Un moment plus tard, Thomas franchit les gravats envahissant
la porte du château. Comme Guy, il ne portait aucune épée. Mais il n’avait pas
non plus apporté le Graal. Il était revêtu de sa vieille cotte de mailles
crasseuse, effilochée et commençant à rouiller en plusieurs endroits. Comme il
avait perdu son rasoir plusieurs jours auparavant, il arborait une courte
barbe.
    L’image même de la misère et du désespoir, se dit
l’Harlequin.
    — Thomas, salua ce dernier avant de s’incliner
légèrement. Cousin !
    L’archer regarda par-delà l’épaule de son parent. À mi-rue,
trois prêtres les observaient.
    — Les derniers prêtres qui sont venus ici m’ont
excommunié.
    — Ce que fait l’Église, elle peut le défaire. Où
l’as-tu trouvé ?
    Pendant un moment, Guy eut l’impression que Thomas n’allait
pas répondre, puis il haussa les épaules.
    — Sous le tonnerre, expliqua-t-il. Au cœur d’un éclair.
    L’esquive fit sourire Vexille.
    — Je ne sais même pas si tu possèdes vraiment le Graal.
C’est peut-être une duperie ? N’as-tu pas posé une simple coupe dorée sur
le mur pour nous faire croire que c’était le Graal ? Est-ce que je me
trompe ? Prouve-moi le contraire, Thomas.
    — Je ne peux pas.
    — Alors montre-le-moi, l’implora Guy d’une voix
étonnamment humble.
    — Pourquoi le devrais-je ?
    — Parce que le royaume des Cieux en dépend.
    Dans un premier élan, Thomas pensa se moquer de la réponse
de son cousin, puis il se mit à le fixer curieusement.
    — Dis-moi d’abord quelque chose…
    — Si c’est en mon pouvoir.
    — Qui était le grand balafré que j’ai tué au
moulin ?
    Guy Vexille fronça les sourcils, car la question semblait
très étrange en la circonstance. Après une brève réflexion, il ne décela aucun
piège dans cette interrogation. Et comme il ne souhaitait pas contrarier
Thomas, il lui répondit honnêtement :
    — Il s’appelait Charles Bessières. Le frère du cardinal
Louis Bessières. Pourquoi cette question ?
    — Parce qu’il se battait bien, mentit l’Anglais.
    — C’est tout ?
    — Il se battait tellement bien qu’il a failli me
prendre le Graal, inventa Thomas, s’enfonçant un peu plus dans son mensonge. Je
voulais simplement savoir qui c’était.
    Haussant une nouvelle fois les épaules, l’archer se demanda
comment un frère du cardinal Bessières avait pu se trouver en possession du
Graal.
    — Ce n’était pas un homme digne d’avoir le Graal,
observa l’Harlequin.
    — Et moi ? demanda Thomas.
    Guy ignora cette question, posée sur un ton quelque peu
hostile.
    — Montre-le-moi, plaida-t-il à nouveau. Pour l’amour de
Dieu, Thomas, montre-le-moi.
    L’archer hésita, puis il se tourna et leva la main. Revêtu
des pieds à la tête d’une armure prise sur un ennemi, épée en main, messire
Guillaume sortit du château en compagnie de Geneviève. La jeune femme portait
le Graal, et elle avait une outre de vin à la ceinture.
    — Pas trop près de lui, prévint Thomas avant de se
retourner vers son cousin.
    — Tu te souviens de messire Guillaume d’Evecque ?
Encore un homme qui a juré de te tuer…
    — Nous nous rencontrons présentement dans le cadre
d’une trêve, lui rappela l’Harlequin.
    Il salua d’un simple signe de tête le Normand qui, pour
toute réponse, cracha sur les pavés. Concentré sur la coupe entre les mains de
la fille, Guy ne prêta pas attention à cette manifestation de mépris.
    C’était un objet d’une beauté magique, éthérée. Une
merveille de délicatesse, pareille à de la dentelle. Un miracle si éloigné de
cette ville immonde empestant la fumée, avec ses cadavres dévorés par les rats
et ses miséreux pustuleux, que Guy Vexille n’eut plus le moindre doute :
il avait le vrai Graal sous les yeux. C’était l’objet le plus convoité et le
plus recherché de toute la chrétienté, la clé du Ciel lui-même.
    Il tomba révérencieusement à genoux. Geneviève ôta le
couvercle orné de perles et inclina le calice d’or vers les mains de Thomas.
Une coupe verdâtre en verre épais tomba du filigrane d’or. Le jeune archer la
recueillit dans ses paumes et la tint respectueusement devant lui.
    — Voici

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