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L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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du frère du cardinal
Bessières ?
    — De qui ? demanda Guillaume d’Evecque.
    Thomas contemplait la coupe de verre. Il avait entendu dire
que le Graal qui se trouvait dans la cathédrale de Gênes était lui aussi en
verre émeraudâtre. Mais personne ne croyait qu’il était authentique.
S’agissait-il de ce Graal-là ? Ou s’agissait-il… d’un autre faux en
verre ?
    — L’homme sur qui je l’ai récupéré était le frère du
cardinal Bessières, expliqua-t-il. Et s’il avait trouvé le Graal, que
faisait-il avec lui à Castillon d’Arbizon ? Il aurait dû se précipiter à
Paris ou à Avignon…
    — Doux Jésus ! s’exclama le Normand atterré. Tu
veux dire que celui-ci n’est pas vrai ?
    — Il y a une façon de le découvrir, indiqua Thomas.
    Il leva la coupe devant ses yeux. Admirant les petites
tavelures dorées sur le verre, il se dit que c’était véritablement un objet
magnifique, une chose aussi exquise qu’archaïque. Mais s’agissait-il du vrai
Graal ?
    Alors il leva le cratère au-dessus de sa tête. Il resta
ainsi un instant bras tendus, puis il laissa la coupe tomber sur le plancher…
où elle explosa en des milliers de fragments.
    — Sacré Dieu ! lâcha messire Guillaume. Sacré
foutu nom de Dieu !

 
11
    L’incendie avait ravagé une bonne partie de Castillon
d’Arbizon. Les premières victimes trépassèrent au cours de la nuit suivante.
Certaines moururent alors que la nuit était encore noire, d’autres
s’éteignirent à l’aube. Les prêtres se pressaient de maison en maison pour
administrer les derniers sacrements.
    Les hurlements déchirants des familles en deuil finirent par
réveiller Joscelyn. Il grommela, cria à son écuyer d’aller faire cesser ce
maudit bruit. Le garçon dormait sur une paillasse dans un angle de la chambre
de son maître. Il tremblait et suait à grosses gouttes. D’affreuses pustules
noires étaient apparues sur son visage. À leur vue, le comte grimaça de dégoût.
    — Sors d’ici ! cria-t-il à l’écuyer.
    Comme l’enfant ne bougeait pas, il le poussa du pied vers la
porte.
    — Dehors ! Dehors ! Oh, Jésus ! Tu t’es
fait dessus ! Sors d’ici !
    Joscelyn dut s’habiller seul. Il enfila ses
hauts-de-chausses et une veste de cuir sur sa chemise de lin.
    — Tu n’es pas malade, toi, au moins ? demanda-t-il
à la fille qui avait partagé sa couche.
    — Non, Seigneur.
    — Alors va me chercher du lard, du pain et du vin chaud
épicé.
    — Du vin chaud épicé ?
    — Tu es une servante, non ? Alors sers-moi et
ensuite nettoie-moi cette infection !
    Il montra du doigt la couche de l’écuyer. En enfilant ses
bottes, il se demanda soudain pourquoi il n’avait pas été réveillé par le canon
qui, généralement, tonnait au chant du coq. La terre placée dans la gueule du
monstre séchait toute la nuit et le signor Gioberti estimait que le
premier tir, à l’aube, était celui qui produisait le plus de dommages.
Pourtant, ce matin-là, il n’avait pas encore tiré.
    Joscelyn se précipita dans la grande salle de la maison en
hurlant après l’artilleur.
    — Il est malade.
    C’était Guy Vexille qui avait répondu. Assis dans un angle
de la salle, il aiguisait un couteau et attendait Joscelyn.
    — Il y a une épidémie, précisa-t-il.
    Joscelyn boucla la ceinture à laquelle pendait son épée.
    — Gioberti est malade ?
    Guy Vexille remit sa dague au fourreau.
    — Il vomit, Monseigneur, et il sue. Et il a des
grosseurs au creux des bras et à l’aine.
    — Ses hommes peuvent actionner ce maudit canon,
non ?
    — La plupart sont malades, eux aussi.
    Joscelyn regardait Vexille sans vraiment comprendre.
    — Les canonniers sont malades ?
    — La moitié de la ville semble l’être, indiqua
l’Harlequin en se levant.
    Après s’être lavé, il avait enfilé des habits noirs propres
et huilé ses longs cheveux sombres, pour l’heure plaqués et lissés
soigneusement.
    — J’avais entendu parler de la peste, mais je n’y
croyais pas. J’avais tort. Que Dieu me pardonne.
    — La peste ?
    La terreur s’empara soudain du comte de Bérat.
    — Dieu nous punit en laissant le diable se déchaîner,
ajouta calmement Vexille. Nous ne pourrions pas espérer un signe du ciel plus
clair. Nous devons donner aujourd’hui l’assaut sur le château. Monseigneur, et
nous emparer du Graal. Alors la peste s’arrêtera.
    — La peste ? répéta Joscelyn.
    Un coup timide retentit à

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