Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'hérétique

L'hérétique

Titel: L'hérétique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
passait amenait de nouveaux problèmes
imprévus, qui sapaient progressivement la confiance de Joscelyn. Il voulait
juste attaquer et en finir avec cette maudite affaire.
    Ce furent les défenseurs qui attaquèrent les premiers.
    À l’aube, le lendemain même du retour de Thomas à Castillon
d’Arbizon, tandis qu’un petit vent frais de nord-est soufflait dans un ciel de
plomb, des flèches incendiaires s’embrasèrent au sommet des remparts de la
tour. Elles plongèrent sur les chaumes de la ville. Les traits enflammés
laissaient dans le ciel des traînées de fumée en arc de cercle. Les hurlements
de la population réclamant crochets et eau alertèrent les assiégeants, qui
comprirent immédiatement qu’un grave péril les menaçait. Des hommes se
précipitèrent avec de longues gaules à crochets pour arracher le chaume des
toits. Mais de plus en plus de flèches tombaient et, en à peine plus de deux
minutes, trois maisons furent en flammes. Le vent poussait l’incendie vers la
porte, où le canon était déjà chargé. La terre était presque sèche.
    — La poudre ! La poudre ! hurla le signor Gioberti.
    Rapidement, ses hommes se mirent à sortir les précieuses
barriques de la maison jouxtant la bombarde. De la fumée ondoyait autour d’eux.
La population affolée courait en tous sens, les frôlait, si bien qu’un homme
glissa et renversa tout un tonneau de poudre non mélangée sur la chaussée.
    Joscelyn jaillit de sa maison réquisitionnée. Il hurla à ses
serviteurs d’aller chercher de l’eau, tandis que Guy Vexille ordonnait que des
bâtiments soient abattus pour créer une barrière pare-feu.
    La population de Castillon embarrassait les mouvements des
secours et des soldats. L’incendie grondait. Une dizaine d’habitations
supplémentaires s’embrasèrent. Leur chaume se transforma en une fournaise qui
se propageait de toit en toit. Des oiseaux paniqués et égarés voletaient dans
la fumée. Des vagues de rats fuyant les greniers surgissaient par les portes des
caves. Bon nombre des arbalétriers de Bérat s’étaient installé des petites
aires dans les toits, d’où ils pouvaient tirer à travers des trous aménagés
dans le chaume. Maintenant, ils dégringolaient comme les rats des greniers. Des
porcs couinaient en rôtissant vifs.
    Soudain, à l’instant où la ville semblait condamnée et où
les premières flammèches et étincelles commençaient à tomber sur les toits
voisins du canon, les cieux s’entrouvrirent.
    Un bruit de tonnerre déchira le ciel et la pluie s’abattit.
Elle tomba si dru qu’on ne pouvait même plus voir le château depuis la porte de
la ville. La rue se transforma en torrent. Les barils de poudre furent inondés.
La fumée continuait de monter vers le ciel, tandis que les gouttes d’eau
s’écrasaient en sifflant sur les cendres rougeoyantes. Les flammes mouraient.
Rigoles et caniveaux charriaient une eau noire.
    Et l’incendie rendit son dernier souffle.
    Galat Lorret, le premier consul, accourut auprès de
Joscelyn. Il voulait savoir où la population pouvait s’abriter. Plus d’un tiers
des maisons avaient perdu leur toit, les autres étaient bondées de soldats
cantonnés.
    — Votre Seigneurie doit nous trouver de la nourriture,
dit-il à Joscelyn, et nous avons besoin de tentes.
    Lorret tremblait, peut-être de peur ou d’un début de fièvre,
mais le comte n’eut aucune pitié pour lui. En vérité, il fut même si enragé de
voir un homme du peuple tenter de lui donner un conseil qu’il le frappa. Et il
le frappa, encore et encore, le jeta à la rue, sous une nouvelle volée de coups
de poing et de pied.
    — Tu peux crever de faim ! hurla Joscelyn au
consul. Crever de faim et continuer de trembler !
    Le consul gisait dans la rigole inondée, la mâchoire
fracassée, sa robe officielle trempée par l’eau mêlée de cendres noires. La
porte d’une maison intacte derrière lui s’ouvrit. Une jeune femme en sortit.
Elle avait les yeux vitreux et le visage rouge.
    Soudain elle se mit à vomir, vidant tout le contenu de son
ventre dans le caniveau près de Lorret.
    — Va-t’en ! lui cria Joscelyn. Va répandre tes immondices
ailleurs !
    Puis le comte de Bérat vit que Guy Vexille, Robbie Douglas
et une dizaine d’hommes d’armes contemplaient, bouche bée, le château.
    La pluie décroissait et la fumée se dispersait.
    De nouveau, on pouvait distinguer la façade meurtrie de la
forteresse.
    Joscelyn tourna lui aussi son

Weitere Kostenlose Bücher