L'Héritage des Cathares
Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec nous tous.
4
Au naturel. Complètement nu.
5
Variétés de catapultes.
Troisième partie
La Vérité
Chapitre 16 Cabaret
Le lendemain matin, j’étais debout bien avant l’aube. Je me sentais fébrile et de nombreux doutes m’assaillaient. Montbard m’avait enseigné tout ce que je savais et il avait fait de moi un combattant redoutable, mais étais-je pour autant un meneur d’hommes ? Avais-je l’étoffe d’un commandant ? Ma seule expérience dans ce domaine avait été celle de seigneur et elle s’était avérée désastreuse. En fait, elle m’avait mené tout droit en enfer. Saurais-je préparer une stratégie d’attaque ou de défense ? Saurais-je analyser le cours d’une bataille et réagir au mieux ? Tu as l’âme d’un guerrier, avait affirmé Métatron. Tu aimes le combat et le triomphe. Ton cœur s’est durci au fil de ton existence. Tu es devenu violent et impulsif, mais tu sais aussi planifier. J’espérais qu’il savait ce qu’il disait.
Même si je me découvrais une âme de chef et de stratège, ce dont j’étais tout sauf sûr, les cathares accepteraient-ils d’être menés par un croisé qui avait tué plusieurs des leurs ? Pourquoi l’auraient-ils fait ? Quelle serait la réaction de Landric qui avait peut-être perdu un commandement à cause de moi ? Me verrait-il comme un usurpateur ? Profiterait-il de la moindre occasion pour miner mon autorité ? Et Ugolin ? Je l’avais humilié devant tous et il m’en gardait certainement rancune.
Mon instinct me disait pourtant que j’étais sur la bonne voie. Sans en avoir l’assurance, je croyais avoir pris la bonne décision, mais j’ignorais où elle me mènerait. Je devais protéger la Vérité et, de toute évidence, celle-ci prenait la forme de la religion cathare. Mais comment y parviendrais-je ? Les croisés étaient nombreux et les ressources de la chrétienté inépuisables. Le pape pourrait toujours envoyer dans le Sud deux fois plus de soldats que nous en tuerions. La cause me semblait perdue d’avance. Tu devras protéger la Vérité et l’empêcher d’être détruite par ses ennemis, jusqu’au moment où l’humanité sera prête à la recevoir, avait dit l’archange. Pour le meilleur et pour le pire, c’est ce que je ferais. Je me présenterais sans doute pour mon jugement plus tôt que Je ne l avais prévu.
Je songeais à tout cela, jouant distraitement avec la croix de Pernelle en me dirigeant vers l’écurie. Les armes et les armures, incluant les miennes, avaient été chargées dans les charrettes la veille et tout était prêt pour le départ. Rendu à destination, je fus soulagé de constater que le convoi était prêt à prendre la route. Une brève inspection me confirma que Landric avait respecté à la lettre mes instructions. Dans les chariots, des bâches recouvraient notre chargement clandestin. Par-dessus, on avait chargé des balles de foin qui, je l’espérais, détourneraient l’attention si jamais nous rencontrions des croisés. Landric lui-même était monté sur un cheval noir. Comme moi et les quatre autres hommes qui formeraient le convoi, il était vêtu en paysan, visiblement mal à l’aise : une vieille chemise, des braies, des souliers de cuir grossiers et un chapeau de paille sur le chef. J’avais eu du mal à le convaincre que tous devaient laisser leurs armes et leurs armures dans les chariots, mais il m’avait obéi. Le compromis que nous avions conclu était que les épées de notre petite troupe seraient posées sous les bâches, à portée de main pour pouvoir être saisies à la moindre alerte. Je notai avec satisfaction que, quels que fussent ses sentiments à mon égard, Landric s’avérait fiable et efficace.
En m’apercevant, il inclina sèchement la tête.
— Tout est prêt, sire Gondemar, m’informa-t-il. Tes armes sont là, ajouta-t-il en désignant l’avant du premier chariot.
Je soulevai le coin de la bâche et y aperçus mon épée et mon armure blanche. Je le remerciai d’un signe de la tête puis me dirigeai vers mon cheval, qui avait été sellé pour moi. J’allais l’enfourcher lorsqu’il m’arrêta en levant la main.
— Quelqu’un souhaite te parler dans l’étable, dit-il.
— Qui donc ? Un des Parfaits ?
— Euh. oui.
Je fronçai les sourcils, impatienté par ce délai. Je désirais franchir le plus de distance possible dans la sécurité relative de l’aube. Je me
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