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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Bertomieu. Tu partiras pour Cabaret dès demain. D’ici là, Landric te fournira l’équipement dont tu auras besoin.
    Il se leva avec difficulté et, à la vue de son dos voûté, je réalisai pour la première fois combien il était vieux.
    —    Dieu te bénisse et te mène à bonne fin, sire Gondemar, dit-il.
    À ces mots, je songeai que la fin serait peut-être bonne, mais que dans l’état des choses elle risquait surtout d’être plus rapide que prévu. Sans la moindre certitude, j’avais l’impression d’être enfin sur la voie tracée par Métatron.
    — Je l’espère mille fois plus que vous. marmonnai-je pour moi-même.
    Le soleil se couchait. Je me tenais au sommet de la muraille, appuyé contre le parapet, et j’admirais le spectacle. Les rouges, les jaunes et les orangés baignaient la plaine, me rappelant que la Création était une chose fort belle, que les hommes semblaient s’entêter à souiller.
    J’avais passé quelques heures avec Landric dans une armurerie dont la richesse m’avait étonné. J’y avais sélectionné une cotte de mailles, des gantelets de fer, une épée longue et une dague, remplaçant à regret les armes de qualité que j’avais perdues. Je complétai le tout par un plastron léger, mais résistant, un écu en amande et un heaume conique qui me couvrait le visage, ne laissant que deux fentes pour les yeux. Ces trois pièces d’équipement avaient dû appartenir à un seigneur de la région, car elles étaient peintes en blanc et ornées d’une croix cathare rouge. Si je devais mener les troupes rebelles, aussi bien faire en sorte qu’elles puissent me repérer facilement.
    Le tout était maintenant déposé dans l’écurie où m’attendait la monture qui me mènerait dès le lendemain vers Cabaret. Un jeune étalon brun et blanc dont le tempérament fringant m’avait tout de suite rappelé celui de Sauvage. Landric, Ugolin et quelques autres m’accompagneraient, mais la plupart de leurs frères d’armes resteraient à Minerve, prêts à défendre la cité si les croisés l’attaquaient. Nous formions un convoi trop modeste pour attirer l’attention, mais nos trois charrettes couvertes d’une bâche seraient remplies d’armes destinées aux rebelles.
    Je sursautai lorsque Pernelle posa la main sur mon épaule. Perdu dans mes pensées, je ne l’avais pas entendue venir. Je la regardai et je souris. Elle-même resta de marbre.
    —    Tu me pardonnes ? demanda-t-elle avec tristesse et embarras.
    —    Pardonner quoi ?
    —    De t’avoir manipulé. D’avoir utilisé notre amitié pour te faire prendre fait et cause pour nous. De t’avoir soigné pour mieux te renvoyer affronter la mort.
    —    Tu as fait ce que tu croyais devoir faire en ton âme et conscience, Pernelle. Je n’y vois aucun mal. Chacun de nous fait ce qu’il doit. Moi le premier.
    Je reposai les yeux sur l’horizon.
    —    Et qui peut dire ce qu’est la destinée ? Dieu ne m’a pas placé ici par hasard, dis-je, songeur, en luttant contre mon désir de lui en révéler davantage.
    Pernelle posa tendrement une main sur mon avant-bras et je me retournai. Dans la lumière du soleil couchant, elle me parut plus précieuse que le plus grand des joyaux. Elle était aussi courageuse, sage et pure. Elle me faisait confiance et c’était un grand honneur. J’étais damné, mais Pernelle serait ma part d’humanité.
    Elle retira la croix de fer qu’elle portait au cou et la passa au mien. Pendant un moment, j’eus peur que la douleur à la gorge me reprenne, mais il n’en fut rien. De toute évidence, la croix cathare m’était permise puisque je la portais déjà à l’épaule. Mais pas les paroles sacrées.
    —    C’est tout ce que j’ai à t’offrir, dit-elle. Qu’elle te porte chance.
    Elle tourna brusquement les talons et s’enfuit sur la muraille. Je la vis descendre l’échelle deux barreaux à la fois et elle disparut bientôt entre les maisons, me laissant seul avec mes pensées, plus troublé que jamais. Alors que j’avais à peine entrevu la sérénité, le lendemain, je devrais redevenir l’homme que ses actes avaient mené droit en enfer
    1
    Mais moi, je vous dis de ne jurer aucunement, ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu. Évangile selon Matthieu 5,34.
    2
    Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Bénis et épargne-nous. Qu’il en soit fait selon ta parole.
    3
    Que la grâce de

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