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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Patrouille. nous est tombée. dessus.
    —    Ils étaient nombreux ?
    —    Quinzaine d’hommes. Ils ont occis. Renat et. Mesmin. Torturé. Mutilé. Fait avaler. génitoires. Me. croyaient. mort. Réussi. à. m’enfuir. pour t’avertir.
    —    Tu as bien fait, mon ami.
    Les yeux de Joan s’exorbitèrent et tout son corps se crispa. Puis il devint flasque et sa tête se renversa. Je posai mon oreille sur sa poitrine et y perçus un faible râle. Il vivait toujours.
    —    Dis à dame Pernelle de se presser ! lançai-je à Ugolin, qui bondit sur ses pieds et s’éloigna.
    Il ramena Pernelle et une vingtaine de Parfaits qui eurent tôt fait de s’agenouiller en cercle autour du mourant. Celui que Montfort avait éborgné pour qu’il puisse guider les autres Parfaits de Bram ouvrit une bible, la posa sur ses cuisses et mit les mains sur la tête de Joan.
    —    Que le Père saint et juste, qui a le pouvoir dans le ciel et sur la terre de remettre les péchés, te remette et te pardonne tous tes péchés en ce monde et te fasse miséricorde dans le monde futur.
    —    Amen, répondirent les autres.
    Au son des paroles sacrées, la cicatrice sur mon cou s’enflamma et je me retrouvai une fois encore à étouffer, si bien que je dus m’éloigner, les mains sur la gorge, pour que le malaise s’apaise un peu. De loin, cherchant mon souffle, je pus voir l’homme défiguré lire des passages de la Bible d’une voix à laquelle l’absence de nez donnait une sonorité creuse et sinistre. Joan expira pendant la prière. Je ne redevins moi-même que lorsqu’elle fut terminée, cruellement conscient que Dieu me tenait volontairement loin de lui et de sa parole.
    Je pris Montbard et Ugolin à l’écart et ordonnai que le convoi reste en place jusqu’à nouvel ordre. Il ne servait à rien de nous entêter à avancer tant que nous n’avions pas une idée précise du danger qui nous attendait sur la route. Je n’avais pas conduit les Parfaits jusqu’ici pour les jeter dans la gueule du loup.
    — Dormez un peu, dis-je d’une voix rauque et voilée. À la nuit venue, nous irons voir par nous-mêmes de quoi il retourne. Ugolin, choisis trois hommes fiables. Les autres resteront derrière et monteront la garde. Je ne veux pas revenir pour ne trouver que des cadavres éventrés.
    Je m’allongeai près d’un arbre, mais le sommeil refusa de venir. Tout ceci n’annonçait rien de bon, ni pour les Parfaits ni pour moi. S’ils représentaient la Vérité, leur sort était intimement lié à mon salut.
    Nous nous mîmes en route dès la nuit tombée. En plus de Montbard et d’Ugolin, j’avais avec moi trois archers que j’espérais pouvoir utiliser pour éviter une confrontation si besoin était. Le géant, qui connaissait bien ces contrées, nous guida vers l’Aude où, selon Joan, les croisés avaient surpris ma patrouille. Il était tout à fait logique que Montfort fasse garder le cours d’eau, que tout fuyard devrait obligatoirement franchir, et je m’en voulais de ne pas l’avoir anticipé. Mais il était trop tard pour les regrets. Nous avions décidé d’aller à pied, le pas des chevaux n’étant jamais aussi discret que celui de l’homme aux aguets. Nous marchâmes donc pendant quelques heures avant qu’Ugolin ne s’accroupisse derrière un buisson et ne lève la main pour signifier l’arrêt. Je le rejoignis.
    —    C’est l’Aude, murmura-t-il en désignant un cours d’eau calme à la surface duquel se reflétaient la lune et les étoiles de la nuit.
    —    Joan a parlé d’un pont.
    —    Il cherchait la route la plus directe vers Montlaur. Il aura sans doute suivi la rive vers l’est.
    —    Allons-y.
    Nous longeâmes l’Aude pendant une bonne heure sans apercevoir ni patrouille, ni pont. Je commençais à me décourager lorsque j’eus l’impression que la brise avait porté des rires dans notre direction. Les autres les avaient entendus, eux aussi, car ils s’étaient aussitôt accroupis, tendus. Par quelques gestes, je leur fis comprendre que nous allions continuer à suivre la rive en silence.
    Après quelques minutes, les rires désormais audibles nous confirmèrent la proximité du danger. Montbard, Ugolin et moi tirâmes nos armes et les archers bandèrent les leurs. Nous avançâmes en redoublant de prudence. Bientôt, des gémissements et des pleurs se mêlèrent aux ricanements. Puis un hurlement déchirant nous fit tous sursauter.
    —

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