Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
Vom Netzwerk:
Dors et refais tes forces. Lorsque nous lèverons le camp, tu poursuivras vers Cabaret. Une fois arrivé, dis à Pierre Roger que nous sommes en route vers Montségur et que, vu les circonstances, nous ne reviendrons pas.
    J’avisai Ugolin.
    —    Vois à ce qu’il soit nourri. Et, par la barbe du pape, trouve-lui quelque chose de plus menaçant que ce canivet qui n’effraierait pas un poussin. Il aura peut-être besoin de se défendre. Ensuite, reviens me voir.
    Je m’assis. Près de moi, Montbard, songeur, jouait distraitement dans le sable avec la pointe de son couteau.
    —    Tout cela explique que nous n’ayons rencontré personne, fit-il. Les croisés sont mobilisés vers Minerve.
    Lorsque Ugolin fut de retour, nous nous mîmes à planifier.
    —    La route vers Minerve est coupée, dis-je après qu’il se fut assis. Tu en as une autre à proposer ?
    Le géant haussa les sourcils, perplexe. Il se frotta le menton en réfléchissant.
    —    L’ouest est exclu, dit-il. Fanjeaux et Bram sont occupées. Si nous désirons toujours descendre vers Montségur, il ne reste qu’à couper en ligne droite.
    —    Comment ?
    —    En contournant Minerve le plus largement possible pour tenter de passer entre elle et Carcassonne. Ensuite, il faudra franchir l’Aude sans que les croisés nous voient, ce qui ne sera pas une mince affaire. Si nous y arrivons, nous filerons droit sur Montlaur et Peyrepertuse en espérant qu’elles soient encore sûres.
    —    C’est faisable ?
    —    Je connais les terres autour de Minerve comme la paume de ma main. En suivant les petits sentiers et en comptant sur la nuit, oui. Avec de la chance. Demander aux Parfaits qui nous accompagnent de prier tout leur saoul ne nuirait sans doute pas.
    —    Nous n’avons guère le choix, déclarai-je après un moment. Nous devons tenter d’atteindre Montségur. Si la place est aussi forte qu’on le dit, c’est là que se retrouveront tous les cathares.
    Je fis une pause pour chasser mes dernières hésitations.
    —    Je compte sur toi, Ugolin. Nous partirons au crépuscule. D’ici là, que les hommes se reposent. Leurs armes pourraient bien servir plus tôt qu’ils ne le pensent.
    Ne trouvant rien d’autre à faire, je m’assis le dos contre un arbre, appuyai ma tête contre l’écorce et fermai les yeux. J’étais troublé. Dans quelle absurde galère me trouvais-je donc ? J’étais revenu d’entre les morts avec pour mission de protéger la Vérité. Ne s’agissait-il que de protéger la vie de quelques Parfaits ? On ne pouvait humainement exiger de moi que j’assure la survie de chacun d’entre eux. Je n’étais qu’un homme. Un loup parmi les brebis.
    Le pape, ses évêques, ses seigneurs et ses croisés étaient des sépulcres blanchis, vertueux en apparence, mais pourris au-dedans. Je savais que les cathares, eux, étaient purs. La croisade était une monstruosité drapée dans les bons sentiments et les beaux discours. Et après ? Où se trouvait la Vérité dans tout cela ? La lumière semblait bien loin de moi. Je m’endormis, aux prises avec une profonde angoisse.
    Je me tenais devant une maison carrée et basse qui semblait être sortie tout droit du sable sur lequel elle reposait. Le soleil se couchait et ses derniers faisceaux roses et orangés balayaient l’endroit où je me trouvais. Je n’avais jamais vu cet endroit et, pourtant, j’avais le sentiment de le connaître. L’odeur de terre sèche et de poussière mêlée d’effluves d’herbes m’était étrangement familière. J’avais toujours été un paria. J’avais répondu à la méfiance et au rejet par la violence et le mépris. Je n’avais jamais été en paix, ni avec moi-même, ni avec le monde. Et j’en avais été damné. Or, pour la première fois de mon existence, je ressentais une profonde sérénité. Je me sentais à ma place.
    Au loin, un orage s’annonçait et un roulement de tonnerre me parvint. Un vent chaud et sec balaya mon visage et fit claquer ma chemise sur mes bras. J’entrai. La porte était si basse que je dus pencher un peu la tête. L’intérieur était différent des demeures auxquelles j’étais habitué. Le plafond était bas, les fenêtres petites et rares, le plancher en terre battue. Il y faisait sombre. Presque noir. Aussitôt, l’atmosphère devint lourde et angoissée. L’injustice et la douleur imprégnaient cet endroit.
    Dans le coin le plus éloigné, je décelai

Weitere Kostenlose Bücher