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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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instruisant de s’approcher autant qu’ils le pourraient de Minerve sans se faire prendre, puis de revenir me faire rapport de ce qu’ils avaient vu. Ils furent de retour après une journée d’absence, bouleversés. Comme je m’y attendais, ils me confirmèrent que la cité était maintenant assiégée et en passe d’être perdue. Ils avaient pu observer, devant les murailles, trois grandes catapultes qui projetaient sur la ville une tempête de pierres qui défonçaient les murailles plus vite qu’on ne pouvait colmater les brèches. Un trébuchet déjà surnommé la Malvoisine était aussi en construction. Il serait gigantesque, affirmaient-ils, plus grand que toutes les machines de guerre qu’ils avaient vues. Bientôt, il lancerait sur Minerve des pierres énormes.
    La troisième nuit, nous fûmes aux environs de Carcassonne. Nous en restâmes à bonne distance, mais ni Montbard ni moi n’étions tranquilles à l’idée que le chef-lieu de Montfort soit si proche.
    —    Ce filou aura certainement laissé des patrouilles en arrière, dit mon maître, alors que nous attendions le retour des éclaireurs.
    Nous attendîmes plus que de coutume et l’inquiétude finit par me gagner. Il pleuvait des cordes. Les hommes étaient trempés et de mauvaise humeur. Les Parfaits, insensibles à l’inconfort, étaient en prière à l’écart.
    —    Mais que font-ils donc ? rageai-je. Nous avons déjà perdu deux heures. À ce rythme, il sera trop tard pour franchir l’Aude cette nuit. Nous allons devoir attendre une journée entière.
    Une autre heure s’écoula avant qu’une commotion étouffée n’alerte notre camp improvisé. Deux de mes hommes s’approchèrent en en soutenant un autre qui ne tenait plus sur ses jambes.
    —    Son cheval l’a ramené voilà quelques instants, m’informa l’un d’eux. Il est mal en point.
    Ils étendirent l’homme par terre et je reconnus un de mes éclaireurs. Il était livide et saignait abondamment de la bouche.
    —    Que l’on aille quérir dame Pernelle ! ordonnai-je.
    Un des soldats s’éloigna au pas de course pendant que je roulais une couverture pour en faire un oreiller au blessé. J’approchai une outre de son visage et y fis couler un peu d’eau fraîche. Ses paupières papillonnèrent et il ouvrit les yeux.
    —    Tu es de retour parmi les tiens, dis-je d’un ton rassurant. Que s’est-il passé ? Où sont les autres ?
    Avant qu’il puisse répondre, Pernelle surgit. Le soldat qui l’avait cherchée la suivait en traînant sa trousse. Elle m’écarta brusquement et s’agenouilla près du blessé.
    —    Il y a une chandelle dans ma trousse.
    —    Non. Il ne faut pas attirer l’attention.
    —    Cet homme est blessé et je dois voir ce qu’il a. J’ai besoin de lumière.
    J’indiquai au soldat de trouver la chandelle et de l’allumer. Lorsque ce fut fait, il me la passa et je la tins près de Pernelle en masquant de mon mieux la flamme dans le creux de ma main. Mon amie ouvrit la chemise du blessé pour constater l’étendue des dégâts et fit une moue inquiète. L’homme avait une plaie profonde sur le côté gauche. Lorsque Pernelle y posa les doigts, il se raidit et gémit piteusement. Mon amie se retourna vers moi et, de la tête, me fit signe de la suivre. Je remis la chandelle à Montbard et nous nous levâmes pour nous rendre un peu à l’écart.
    —    Il ne passera pas la nuit, dit-elle.
    —    Tu ne peux rien faire pour lui ?
    —    Je suis médecin, pas magicienne. Il a un poumon crevé. Un poumon est un peu comme une outre. Une fois percé, pas moyen de le remplir. C’est pour cette raison qu’il saigne de la bouche. Il respire son propre sang. Si tu as des questions à lui poser, je te suggère de le faire maintenant. Pendant ce temps, je vais regrouper les autres Parfaits pour que nous lui donnions le consolamentum.
    —    Bien, dis-je, contrarié.
    Je retournai auprès du mourant que Montbard faisait boire comme un enfant pendant qu’Ugolin l’éclairait.
    —    Tu peux l’éteindre, dis-je au géant de Minerve.
    —    Mais.
    Mon expression lui fit comprendre que la situation de l’homme était sans espoir. Il souffla la flamme et attendit la suite. Je saisis la nuque du mourant.
    —    Quel est ton nom ?
    —    J. Joan, râla-t-il.
    —    Que s’est-il passé, Joan ?
    —    Trouvé. petit pont. isolé. sur l’Aude. Possible de. traverser.

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