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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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reculait de quelques pas. Puis la voix de celui qu’on appelait « Magister » fit tressaillir les lieux.
    —    Mes frères et sœurs, nous avons parmi nous Gondemar de Rossal, seigneur venu du Nord, que Dieu a guidé vers nous et dont certains d’entre nous répondent, habile guerrier ne craignant pas la mort, et qui demande humblement à servir et protéger la Vérité, et qui est ici aujourd’hui par le privilège de la mort d’un des nôtres et par sa propre valeur, répéta-t-il. On vous a déjà parlé de lui et vous avez pu l’observer. En votre âme et conscience, souhaitez-vous qu’il soit admis parmi nous ?
    Un coup de maillet retentit. Autour de moi, des voix s’élevèrent une à une, partant de ma droite et faisant le tour de la pièce. Tour à tour, chacun répondit « Je le souhaite, Magister », certains avec détermination, quelques-uns avec une hésitation que je pus percevoir. Parmi les voix, je reconnus celles d’Eudes, de Raynal et, à ma grande surprise, de Bertrand de Montbard, dans laquelle je détectai une émotion mal contenue. Esclarmonde, encore près de moi, fut la dernière à parler.
    —    Je le souhaite, Magister.
    —    Je le souhaite aussi, répondit l’homme qui avait posé la question lorsque tous se furent prononcés. Que l’on fasse avancer cet homme jusqu’à l’autel et qu’il s’y agenouille humblement. Qu’on libère ensuite ses mains.
    Esclarmonde me poussa doucement vers l’avant. Lorsque je sentis quelque chose contre mes orteils, elle appuya sur mon épaule pour m’indiquer de m’agenouiller sur ce que je devinai être un prie-Dieu. Des mains défirent mes liens.
    —    Gondemar de Rossal, dit le Magister, dont la voix m’indiquait qu’il se tenait face à moi, tout près.
    Depuis qu’on m’avait brusquement tiré de mon sommeil, c’était la première fois qu’on s’adressait directement à moi. J’en fus surpris et tendis l’oreille.
    —    Tu te tiens parmi nous dans cette humble posture pour solliciter l’honneur de servir et de protéger la Vérité, poursuivit-
    il. Avant de t’en révéler la nature, nous exigeons de toi le serment que tu te consacreras tout entier à la tâche que tu sollicites, et cela au péril de ta vie. Sache que dès que tu auras prononcé ce serment, ta vie et ton âme ne seront plus tiennes. Tu dois abandonner à la porte le noble sire que tu es pour devenir le serf d’une cause plus grande que toi. À jamais, Montségur sera ta prison. Tu seras entièrement soumis aux ordres du Magister de cette assemblée et il ne te sera pas permis de les contester. À la moindre incartade, tu seras tué de la main même de tes frères et sœurs.
    Une main prit la mienne.
    —    Je te le demande donc solennellement et une seule fois : souhaites-tu prêter ce serment sur ta conscience ? Réfléchis, car il te liera pour toujours. Si tu as des questions, pose-les maintenant ou tais-toi à jamais.
    —    Vous me demandez de prêter serment sans rien connaître de son objet, notai-je en espérant en apprendre un peu plus.
    —    C’est ce qui est exigé de toi, en effet.
    —    Et si je refuse ?
    —    Tu seras libre de retourner où tu veux sans rien savoir d’autre que le fait que nous existons.
    Les événements de la dernière année semblaient prouver que mon salut était encore possible si je parvenais à protéger cette insaisissable Vérité. Or, cette curieuse cérémonie semblait promettre de m’en rapprocher. Qu’avais-je à perdre ? Avais-je même le choix ?
    —    Soit. J’accepte.
    Le Magister posa ma main droite sur quelque chose de dur et la recouvrit de la sienne pour l’y maintenir.
    —    Alors répète les paroles qui te lieront pour le reste de ta vie. Moi, Gondemar de Rossal, je promets et je jure de garder les secrets de l’ordre des Neuf. Je m’engage à ne les point révéler et à empêcher tout frère ou sœur de le faire, y compris son Magister, s’il est en mon pouvoir de l’en empêcher, et en le tuant s’il le faut. Je m’engage en outre à les défendre au prix de ma vie, à leur consacrer mon existence entière et à les emporter dans la tombe. Je jure enfin d’obéir en tout au Magister sans jamais contester les ordres donnés sous l’abacus, et de ne sortir de Montségur qu’avec son autorisation expresse.
    Je répétai une à une ces paroles solennelles.
    —    Pour sceller le serment que tu viens de prononcer, crache

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