L'Héritage des Cathares
mon cœur qui résonnaient dans mes oreilles me tenaient compagnie. Soudain, une porte claqua bruyamment et je sursautai.
Une main enserra mon bras droit et je sentis qu’on tirait sur la corde à mon cou, juste assez pour la tendre. On m’entraîna d’un pas lent et solennel. Je parcourus une vingtaine de pas en ligne droite, puis on me fit brusquement tourner à quatre-vingt-dix degrés et je continuai à marcher. Un bruit sec, semblable à celui du maillet de justice que mon père utilisait jadis, déchira le silence.
— Qui est cet homme ? demanda une voix puissante et profonde qui se réverbéra autour de moi comme dans une caverne.
— Gondemar de Rossal, répondit la personne qui se tenait à mes côtés, que je reconnus aussitôt : dame Esclarmonde.
C’était elle qui me conduisait. Elle me fit tourner à nouveau et je déterminai assez vite que je faisais le tour d’une pièce carrée. Un nouveau coup de maillet retentit.
— D’où vient-il ? demanda un autre homme.
— Du Nord, répondit Esclarmonde.
Je tournai un nouveau coin et un troisième coup de maillet fut frappé.
— De quel droit se présente-t-il parmi nous ? interrogea une voix de femme avec sévérité.
— Du fait qu’il en a été jugé digne par certains de nous.
D’après mes observations, nous étions revenus à notre point
de départ. Nous fîmes une pause et Esclarmonde m’entraîna dans un second tour. De nouvelles questions à mon sujet furent posées, chacune ponctuée d’un coup de maillet, auxquelles Esclarmonde répondit pour moi. J’en arrivai à comprendre que je me trouvais au centre d’une sorte de rituel et que ces questions étaient codifiées et récitées par les participants.
— A-t-il fait ses preuves ? demanda la voix forte du premier homme.
— Il les a faites et plus encore, rétorqua Esclarmonde. Il a courageusement défendu la foi, a sauvé la vie de plusieurs Parfaits et a déjà protégé la Vérité de ses ennemis.
Je tressaillis à cette réponse. Tu devras protéger la Vérité et l’empêcher d’être détruite par ses ennemis. Étais-je enfin arrivé là où l’archange désirait que je me rende ? Avais-je eu raison ? La Vérité à défendre était donc la foi des bons chrétiens ? Si oui, pourquoi me trouvais-je dans cette étrange cérémonie au bras d’Esclarmonde de Foix, emporté là comme un brigand vers l’échafaud ? Je continuai à avancer comme un aveugle, guidé par la Parfaite.
— Connaît-il nos secrets ?
— Il ne les connaît point.
— Répondez-vous de lui ?
— J’en réponds.
Le second tour s’acheva et, après une courte halte, nous en entreprîmes un troisième.
— Est-il habile combattant ?
— Il l’est. Il a été formé par un des nôtres et a retenu ses enseignements.
— Hésite-t-il à tuer ?
— Il n’hésite nullement, lorsque la situation le commande. Il nous reviendra de lui enseigner la retenue et la mesure, sans toutefois trop apprivoiser sa nature guerrière, qui nous sera précieuse.
Toutes les paroles de Métatron semblaient résonner dans cette cérémonie. Tu as l’âme d’un guerrier. Tu aimes le combat et le triomphe. Ton cœur s’est durci au fil de ton existence. Tu es devenu violent, mais tu sais aussi planifier. Tu es froid et efficace. Tu ne crains pas la solitude et tu as du courage. De plus, il reste en toi une étincelle de bonté qui mérite d’être sauvée. Ces caractéristiques, tu les as laissées mener ta vie et c’est le pire en toi qui t’a conduit ici. Maintenant, tu devras mettre ton bras au service du Bien.
— Pourquoi est-il ici ?
— Pour voir la Lumière qui, seule, permet de servir et protéger la Vérité, répondit la Parfaite près de moi.
Ton âme est noire comme la nuit, Gondemar de Rossal. À toi d’apprendre à voir la Lumière. On m’arrêta finalement et on me fit pivoter sur moi-même. Puis on me fit avancer tout droit et on m’immobilisa.
— Magister, dit Esclarmonde, je vous présente sire Gondemar de Rossal, seigneur venu du Nord, que Dieu a guidé vers nous et dont certains d’entre nous répondent, habile guerrier ne craignant pas la mort, qui demande humblement à servir et protéger la Vérité, et qui est ici aujourd’hui par le fait de la mort d’un des nôtres et par sa propre valeur.
La main de la Parfaite quitta mon bras et je sentis qu’elle
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