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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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l’un d’eux. Avec une tête pareille, elle est certainement toute neuve !
    —    Amusez-vous, mais faites vite. Nous devons partir.
    J’allais me relever et me précipiter au secours de mon amie
    avec les maigres moyens dont je disposais quand le pied d’Onfroi pesa sur ma poitrine, me clouant au sol.
    —    Allons, allons, jeune seigneur. Reste bien tranquille si tu tiens à la vie. Tu verras, elle y prendra plaisir. Surtout avec Éloi. Il est membré comme un étalon, le bougre !
    Les brigands étendirent brutalement Pernelle sur le dos et posèrent les genoux sur ses bras pour l’immobiliser. L’un d’eux s’agenouilla entre ses jambes, retroussa sa robe et enfouit son membre en elle. Je me débattis de plus belle, mais Onfroi descendit son pied d’un coup sec sur mon visage. Le goût cuivré et chaud de sang me remplit la bouche. Le monde s’assombrit autour de moi.
    Dans la demi-conscience où je flottais, un cri d’agonie retentit, suivi de pleurs et de supplications. Accompagné de grognements et de rires gras, le supplice de la pauvre Pernelle me parut durer une éternité. Peu à peu, ses hurlements se transformèrent en pleurs étouffés et, enfin, en un silence apathique, plus terrifiant encore que tout le reste.
    Lorsque je pus rouvrir les yeux, la forme délicate de mon amie gisait sur le sol, recroquevillée et immobile. Le regard fixe et vitreux, elle semblait absente. Son visage était dénué d’expression et ses mains tremblaient légèrement. Si douce et inoffensive, elle était touchée dans ce que son être avait de plus profond et je le savais. Ma mère et quelques femmes du village se massèrent auprès d’elle et l’entourèrent de leurs soins. Onfroi, encore essoufflé, mais rassasié, se contenta de hausser les épaules en rattachant ses braies.
    —    Ahhhhhh. Rien ne remplace le plaisir d’un entrecuisse ! Même lorsque la tête qui le surmonte est laide comme les sept péchés capitaux ! Allez, il est temps de partir.
    Malgré sa masse énorme, il se remit agilement en selle, imité par ses hommes. Il nous salua de la tête.
    — Nous repasserons assurément au gré de nos pérégrinations. Assurez-vous de garder bien en tête l’exemple fait aujourd’hui. Nos relations en seront facilitées d’autant.
    En ricanant cruellement, il fit faire demi-tour à sa monture. Suivi de ses cavaliers, il s’éloigna sans presse sur le chemin où Gerbaut de Gant avait fui des années auparavant, nous laissant abrutis devant la dépouille de Papin qui oscillait doucement au bout de sa corde, les entrailles répandues sur le sol.
    Du coin de l’œil, j’aperçus Fouques, Alodet et Lucassin. Ils ricanaient en regardant Pernelle s’éloigner, blottie dans les bras de sa mère et de ses sœurs. Lorsqu’ils s’aperçurent que je les dévisageais, ils détournèrent le regard.
    Durant les jours qui suivirent, je ne revis pas Pernelle. À moult reprises, je m’enquis de son état auprès de ma mère, mais ne reçus que des réponses vagues et malaisées. À demi-mot, elle me fit comprendre que les blessures subies par mon amie allaient aussi bien au-delà des meurtrissures et qu’il lui faudrait beaucoup de temps pour s’en remettre. Lorsque je demandai si je pouvais la visiter, elle grimaça et hocha la tête. Pour un temps, Pernelle ne devait voir personne. Pas même moi. Songeur, je la remerciai en tripotant ma broche. Cet objet, dont j’étais si fier, était la cause des souffrances de ma seule amie. Je la retirai et la déposai sur le bahut près de la porte. Je me promis que plus jamais je ne la porterais.
    Lorsque mon père revint quatre jours plus tard, le père Prelou le mit au fait des événements. Le prêtre lui posa une main réconfortante sur l’avant-bras et lui murmura quelque chose au sujet des voies impénétrables de Dieu. Mon père fit une moue désabusée, secoua la tête et s’éloigna, la mine basse et l’air vaincu. Le pauvre Florent était trop humain pour être seigneur. Il se sentait responsable du bien-être de ses serfs. Quant à moi, j’étais rongé par une révolte sourde. Pernelle avait subi des sévices terribles et je n’avais rien pu faire pour l’empêcher.
    Je me souviens de la conversation qu’eurent mes parents, le soir venu, et que j’entendis de mon lit. Je les imaginais assis côte à côte sur le banc de bois grossier qui trônait devant l’âtre. Je voyais presque la lumière des flammes danser sur le visage tendu

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