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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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je prendrais ce que je désirais. Si l’on n’aimait pas le futur seigneur de Rossal, on le craindrait et on le respecterait. Je répondrais à la haine par la haine et à la violence par la violence. Comme tous semblaient avoir décidé que je portais en moi le Mal, je leur donnerais raison.
    Le temps était proche où celui qui me révélerait les moyens de ma révolte entrerait dans ma vie.

    1
    Ecclésiaste 12,14.
    2
    Saltimbanque.
    1. Lévitique 18,11.
    3
    I Corinthiens 6,18.
    4
    Taxe.
    5
    Tourmentée, maltraitée.
    6
    De fait.

Chapitre 4 Bertrand de Montbard
    J’entrai avec fracas dans ce que je considérais comme ma nouvelle vie en exerçant une vengeance longtemps mûrie. Césaire avait été chassé de Rossal, certes, mais ses comparses n’avaient jamais été punis pour le traitement qu’ils m’avaient fait subir. Je n’avais pas oublié, non plus, l’amusement pervers que leur avait procuré le calvaire de Pernelle.
    Sans Césaire pour lui monter la tête, Fouques, le fils du boucher, s’était tenu tranquille et avait toujours évité de me croiser, se consacrant au métier familial. Il eut donc grand mal à cacher son inquiétude lorsque je me présentai à la boutique de son père, à la nuit tombante, après m’être assuré qu’il était seul. J’avais pris soin de glisser dans ma poche un petit sac de cuir rempli de pierres et une bonne longueur de corde.
    — Les chasseurs ont tué un sanglier et deux marcassins, mentis-je d’un ton qui n’autorisait pas la réplique. Ils doivent être dépecés avant de se corrompre. Suis-moi.
    Bien que surpris par ma requête inhabituelle, le garçon n’osa pas me questionner. Il ramassa un long couteau de boucher et nous quittâmes le village dans un silence lourd pour nous enfoncer dans la forêt. Nous marchâmes une bonne heure et parvînmes là où, quelques années auparavant, lui et ses complices avaient essayé de m’enterrer vivant. La nuit était claire et on y voyait bien. À la pâleur soudaine de son visage, je compris qu’il avait reconnu l’endroit.
    —    Où. où sont les sangliers ? balbutia-t-il.
    Sans prévenir, je sortis de ma poche ma garcette improvisée et lui en assénai un coup qui l’envoya au sol, inconscient. J’écartai les branchages secs qui recouvraient encore la fosse qu’il avait contribué à creuser et retirai le couvercle de planches un peu pourri. Je fourrai un chiffon dans la bouche du garçon, lui liai les poignets et les chevilles, puis je l’empoignai par le manteau et le lançai au fond. J’attendis qu’il revienne un peu à lui pour lui sourire. Lorsqu’il réalisa la position dans laquelle il se trouvait, son visage se tordit d’horreur.
    —    Voyons si tu apprécies ce logis que tu as creusé pour moi, dis-je. Pour te distraire, tu pourras toujours songer aux brigands qui malementaient Pernelle.
    Faisant fi de ses cris étouffés par son bâillon, je replaçai le couvercle et le camouflai, puis retournai tranquillement à Rossal. Sa disparition fut remarquée, évidemment, et on le chercha, mais il n’était pas rare qu’une bête sauvage emporte un habitant du hameau et, la survie quotidienne ayant ses exigences, on l’oublia vite. Pour ses parents, il représentait une bouche de moins à nourrir. À une semaine d’intervalle, Alodet et Lucassin subirent le même sort. Tous trois pourrirent dans la tombe qu’ils m’avaient préparée jadis. Ils l’avaient si bien cachée que cela se retourna contre eux. Jamais ils ne furent retrouvés. Ils y sont sans doute encore aujourd’hui.
    C’était là que la lumière était apparue dans ma vie et ce fut là qu’elle la quitta pour de bon. Mon seul regret fut de ne pas encore être en âge d’exécuter ces mécréants en public pour en faire un exemple. Mais de remords, point. Je n’éprouvai qu’une satisfaction primale. Mon honneur était vengé. Je n’étais plus une victime et je contrôlais mon propre sort. Comment aurais-je pu savoir qu’en accueillant ainsi le Mal dans ma vie, je faisais la volonté de Dieu ?
    L’automne céda la place à l’hiver. Le sol gela et se couvrit de givre. Mon cœur et mon âme en firent autant. L’isolement était devenu mon trône et la peur des habitants, mon trophée. Je n’hésitais plus à laisser libre cours à ma rage, frappant sans remords les enfants pour un regard, les chiens pour un aboiement. Je découvrais chaque jour la liberté grisante que me procurait le fait d’avoir

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