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L'Héritage des Cathares

L'Héritage des Cathares

Titel: L'Héritage des Cathares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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dévisagea lentement l’ensemble du village. Toute prétention à la bonhomie l’avait quitté.
    —    M’est avis, habitants de Rossal, que vous n’accordez pas à mes paroles la créance qu’elles méritent. Permettez-moi de vous faire démonstration du sort qui vous attend si vous vous avisez de nous tromper à nouveau.
    Il rangea son épée et fit signe à deux de ses hommes.
    —    Installez-le à cette branche, ordonna-t-il en désignant un vieux chêneau au milieu de la place.
    Un des brigands rapporta une corde de sa selle et attacha les chevilles de Papin. Il en fit passer l’autre bout par-dessus une grosse branche et, à plusieurs, ils hissèrent le gros serf, qui se retrouva pendu par les pieds. Onfroi tira de sa ceinture une courte dague à la lame recourbée, s’approcha de Papin et lui caressa le ventre avec la pointe.
    —    Non. gémit le serf, pâle comme un linceul. Je t’en supplie. Pas ça. Je. je te donnerai tout ce que je possède.
    —    Ah ? Tu possèdes donc autre chose ?
    —    Non. Tout. tout est là.
    —    Voilà qui est dommage pour toi. Quand une bête bien grasse n’a aucune utilité, il ne reste qu’à en faire boucherie.
    Brusquement, Onfroi enfonça l’arme dans la chair et la fit descendre vers le bas, ouvrant Papin comme un porc à l’abattoir. Le cri fut terrible, mais ne dura qu’une seconde. Un monceau d’entrailles grisâtres s’échappa de sa panse fendue et se répandit mollement sur l’homme déjà mort, la terre nue buvant le sang qui se déversait de la blessure béante.
    Le sourire aux lèvres, Onfroi ramassa le sac rempli de pièces et promena son regard sur nous.
    —    Alors ? Quelqu’un d’autre cache-t-il quelque chose ?
    Ses yeux s’arrêtèrent sur moi et je sentis un froid intense m’envahir. Il s’approcha et prit ma broche entre ses gros doigts. Il me dévisagea longuement, l’air perplexe.
    —    Qu’avons-nous là ? Le fils du seigneur du lieu ? finit-il par spéculer.
    Il me saisit par la chemise. Saisi d’un regain de dignité, je tentai maladroitement de le repousser. J’en fus quitte pour une gifle qui me fit voir des étoiles. Puis il appuya la lame encore moite de sang contre ma gorge et s’adressa à ma mère.
    —    Dis-moi, seigneuresse ? Qu’es-tu disposée à troquer contre la vie de ce garçon ?
    —    Là. là-bas. dit Nycaise en désignant le manoir, tremblant tant qu’elle avait peine à articuler. Prenez tout ce que vous voulez. Mais ne lui faites pas de mal.
    Les brigands ne se firent pas prier. Pendant qu’Onfroi me retenait toujours, plusieurs d’entre eux se dirigèrent vers notre demeure et, en moins de deux, en ressortirent les bras pleins des quelques richesses que possédait le maître d’une si modeste seigneurie : deux chandeliers en or, quelques pièces d’argenterie ternie et un sac de pièces qui représentait tous les revenus qui nous restaient après paiement des droits au suzerain. Ils déposèrent le tout aux pieds de leur chef.
    —    Voilà qui est mieux ! s’exclama celui-ci. Beaucoup mieux !
    Il allait me relâcher lorsqu’il parut se raviser. Il saisit ma
    broche et tira dessus pour l’arracher. Je fus pris de panique. Mes parents venaient d’être dépouillés sous mes yeux. Cette broche représentait tout ce qu’il me restait et elle revêtait pour moi une importance bien supérieure aux biens de la terre. Elle symbolisait mon héritage. Sans réfléchir, je saisis son bras et le mordis de toutes mes forces. Une nouvelle gifle m’envoya choir sur le sol, sonné. Il allait me donner un coup de pied lorsqu’une petite voix s’éleva.
    —    Laissez-le tranquille, truands ! s’écria Pernelle avec colère et indignation. Vous avez déjà pris tout ce que nous possédons ! Fichez le camp !
    Onfroi se retourna en direction de mon amie. À treize ans, la pauvresse était toujours aussi chétive et avait encore l’air d’une enfant. Une lueur concupiscente traversa le regard du brigand.
    —    Mais regardez-moi cette petite guenuche. Pardieu ! Elle a autant de caractère qu’elle est laide !
    Deux truands s’approchèrent de Pernelle, l’empoignèrent, glissèrent leurs mains sous ses vêtements et la tâtèrent grossièrement. Pernelle eut une grimace de dégoût dont j’étais le seul à connaître la source et se débattit comme une diablesse.
    —    Vous la voulez ? demanda Onfroi.
    —    Pourquoi pas ? rétorqua

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